La veillée a commencé dans une basilique Saint-Pierre baignée par l’obscurité. Le Pape a allumé son cierge au cierge pascal, devant l’autel de la chaire, où avaient pris place seulement quelques personnes. A la troisième invocation du chant « Lumen Christi », la basilique s’est allumée, faisant traverser la nuit de la résurrection, symbolisant le passage de la mort à la vie.
Puis le diacre a chanté en latin « l’Exultet », l’annonce pascale, qui rappelle la traversée de la Mer Rouge lors de l'Exode et témoigne de la victoire de la lumière sur les ténèbres.
Le Pape a entamé son homélie en revenant sur le sabbat rappelé par l’Evangile selon Saint Matthieu, où les femmes se rendent au tombeau. Un jour que nous laissons trop souvent de côté a t-il relevé: «le jour du Triduum pascal que nous négligeons le plus, pris par la frémissante attente de passer de la croix du vendredi à l’alleluia du dimanche. Cette année, cependant, nous percevons plus que jamais le samedi saint, le jour du grand silence.»
Nous pouvons pourtant nous retrouver dans le sentiment de ces femmes a poursuivi François, Comme nous, elles avaient dans les yeux le drame de la souffrance, d’une tragédie inattendue arrivée trop vite. Mais malgré les souffrances et l’obscurité, ces femmes ne se laissent pas paralyser par la peur ni ne fuient la réalité, a expliqué le Pape, et le samedi, elles font quelque chose de simple et d’extraordinaire : préparer des parfums pour le corps de Jésus. «Ces femmes, sans le savoir, préparaient dans l’obscurité de ce samedi « l’aube du premier jour de la semaine », le jour qui aurait changé l’histoire. Jésus, comme une semence dans la terre, allait faire germer dans le monde une vie nouvelle»
Le droit à l’espérance
A l’aube, les femmes, devant le sépucre entendent des paroles de vie et rencontrent Jésus qui leur dit d’être sans crainte. Cette espérance est pour nous aujourd’hui, a souligné le Saint-Père, «ce sont les paroles que Dieu nous répète dans la nuit que nous traversons.
«Cette nuit nous conquerrons un droit fondamental, qui ne nous sera pas enlevé : le droit à l’espérance. C’est une espérance nouvelle, vivante, qui vient de Dieu. Il ne s’agit pas d’un simple optimisme a t-il précisé, mais bien «un don du Ciel que nous ne pouvons pas nous procurer tout seuls.»
La confiance reçue comme un don
Si la tombe est un lieu dont l’on ne sort pas, Jésus lui est sorti pour nous, «il est ressuscité pour nous, pour apporter la vie là où il y avait la mort, pour commencer une histoire nouvelle là où on avait mis une pierre dessus». Le Pape a ainsi exhorté à ne pas céder à la résignation, «ne mettons pas une pierre sur l’espérance.»
Par sa résurrection, le Christ rappelle que l’obscurité et la mort n’ont pas le dernier mot. François s’est arrêté ensuite sur le mot « confiance ». «C’est une parole qui dans l’Évangile sort toujours de la bouche de Jésus, c’est lui, le Ressuscité, qui nous relève nous qui sommes dans le besoin. Si tu es faible et fragile sur le chemin, si tu tombes, ne crains pas, Dieu te tend la main et te dit : “Confiance. Cette confiance on ne peut se la donner mais la recevoir comme un don, a poursuivi le Pape. «Il suffit d’ouvrir ton cœur dans la prière, il suffit de soulever un peu cette pierre mise à l’entrée de ton cœur pour laisser entrer la lumière de Jésus. Il suffit de l’inviter : “Viens, Jésus, dans mes peurs et dis-moi aussi : Confiance”.
Annoncer l’espérance
L’annonce pascale est une annonce d’espérance, a rappelé François et contient une invitation, un envoi deuxième partie, l’envoi. « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée » (Mt 28, 10), dit Jésus. « Il vous précède en Galilée » (v. 7), dit l’ange.
Dans cette annonce joyeuse, le Seigneur nous précède. «Il est beau de savoir qu’il marche devant nous, a dit le Pape qu’il a visité notre vie et notre mort pour nous précéder en Galilée, c’est-à-dire dans le lieu qui pour lui et pour ses disciples rappelait la vie quotidienne, la famille, le travail.»
La Galilée était une région à la forte symbolique, a précisé le Saint-Père, « le lieu le plus distant de la sacralité de la Ville sainte» où de nombreux cultes variés étaient pratiqués. Jésus pourtant nous demande de repartir de là. «Qu’est-ce que cela nous dit ? a-t-il demandé : Que l’annonce de l’espérance ne doit pas être confinée dans nos enceintes sacrées, mais doit être portée à tous».
Faire taire « le cri de mort »
«Chacun de nous a sa propre Galilée» a poursuivi le Pape, aussi nous sommes invités à porter le chant de la vie ! Le Pape a ainsi exhorté à mettre un terme au «cri de mort » qui marque notre monde contemporain : «Faisons taire le cri de mort, ça suffit les guerres ! Que s’arrête la production et le commerce des armes, parce que c’est de pain et non de fusils dont nous avons besoin. Que cessent les avortements, qui tuent la vie innocente. Que s’ouvrent les cœurs de ceux qui ont, pour remplir les mains vides de ceux qui sont privés du nécessaire.»
Comme il avait débuté son homélie, François a terminé en mentionnant les femmes, qui embrassèrent les pieds de Jésus, «les pieds qui avaient piétiné la mort et ouvert le chemin de l’espérance. Nous, pèlerins en recherche d’espérance, a-t-il conclu, aujourd’hui nous nous serrons contre toi, Jésus Ressuscité. Nous tournons le dos à la mort et nous t’ouvrons nos cœurs, toi qui es la Vie.»