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 Messe à Ste-Marthe : parler à Dieu et non à son miroir

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MessageSujet: Messe à Ste-Marthe : parler à Dieu et non à son miroir   Messe à Ste-Marthe : parler à Dieu et non à son miroir Icon_minitimeSam 21 Mar 2020 - 17:31

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« Humilité » : c’est le maître-mot pour prier Dieu, sinon l’on risque de parler « à son miroir », a prévenu le pape François lors de la messe qu’il célébrait ce 21 mars 2020 à Sainte-Marthe.

Homélie du pape François :

Nous avons entendu hier cette Parole du Seigneur : “Reviens, reviens à la maison” (cf. Os 14,2); dans le même livre du prophète Osée nous trouvons aussi la réponse : « Venez, retournons au Seigneur » (Os 6,1). C’est la réponse quand ce “revient à la maison” touche le cœur : «Venez, retournons vers le Seigneur ! il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera.. […] Efforçons-nous de connaître le Seigneur : son lever est aussi sûr que l’aurore » (Os 6,1.3). La confiance dans le Seigneur est sûre : « Il nous viendra comme la pluie, l’ondée qui arrose la terre » (v. 3). Et avec cette espérance, le peuple entame un chemin pour revenir au Seigneur. Une des manières, une des façons de trouver le Seigneur est la prière. Prions le Seigneur, revenons à Lui.

Dans l’Évangile (cf. Lc 18,9-14) Jésus nous enseigne comment prier. Il y a deux hommes, l’un présomptueux qui va prier mais pour dire qu’il est bien, comme s’il disait à Dieu : “Regarde comme je suis bien : si tu as besoin de quelque chose, dis-moi, je résous ton problème”. Il s’adresse à Dieu comme cela. Présomption. Peut-être faisait-il tout ce que demandait la loi, comme il le dit : « Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne » (v. 12) … “je suis bien”. Cela nous fait penser aussi à deux autres hommes. Cela nous rappelle le fils aîné de la parabole du fils prodigue, quand il dit au père: “Moi qui suis bien je n’ai pas de fête, et celui-ci, qui est un misérable, tu lui fais la fête…”. Présomptueux (cf. Lc 15,29-30). L’autre, dont nous avons entendu l’histoire ces jours-ci, est cet homme riche, mais sans-nom, riche, mais incapable de se faire un nom, il n’avait cure de la misère des autres (cf. Lc 16,19-21). Ce sont ceux qui trouvent leur sécurité en eux-mêmes ou dans l’argent ou dans le pouvoir…

Puis il y a l’autre, le publicain. Il ne va pas devant l’autel, non, il reste à distance. « Lui se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”» (Lc 18,13). Cela aussi nous conduit au souvenir du fils prodigue : il se rend compte de ses péchés, de ce qu’il a fait de mauvais ; lui aussi se frappait la poitrine : “Je retournerai à mon père [et je lui dirai]: père, j’ai péché”. L’humiliation (cf. Lc 15,17-19). Cela nous rappelle le mendiant Lazare, à la porte du riche, qui vivait sa misère devant la présomption de cet homme (cf. Lc 16,20-21). Il y a toujours cette association de deux personnes dans l’Évangile.

Dans ce cas, le Seigneur nous enseigne comment prier, comment nous approcher, comment nous devons nous approcher du Seigneur : avec humilité. Il y a une belle image dans l’hymne liturgique de la fête de saint Jean-Baptiste. Il dit que le peuple se rend au Jourdain pour recevoir le baptême, “nus d’âme et de pied”: prier avec une âme nue, sans maquillage, sans se déguiser de vertus. Nous l’avons lu au début de la messe, il pardonne tous les péchés mais il a besoin que je lui montre mes péchés, avec ma nudité. Prier ainsi, nus, le cœur nu, sans se couvrir, sans s’appuyer même sur la façon dont j’ai appris à prier… Prier, toi et moi, face à face, l’âme nue. C’est ce que le Seigneur nous enseigne. En revanche, quand nous allons au Seigneur un peu trop sûrs de nous-mêmes, nous tombons dans la présomption de ce [pharisien] ou du fils aîné, ou de ce riche auquel il ne manquait rien. Nous avons notre sécurité ailleurs. “Je vais voir le Seigneur…, il faut y aller, pour être éduqué… et je lui parle en tête à tête, de façon pratique…”. Ce n’est pas le chemin. Le chemin, c’est s’abaisser. L’abaissement. Le chemin c’est la réalité. Et le seul homme dans cette parabole qui avait compris la réalité, était le publicain : “Tu es Dieu et je suis pécheur”. La réalité c’est cela. Mais je ne dis pas que je suis pécheur seulement avec la bouche : avec le cœur. Se sentir pécheur.

N’oublions pas ce que le Seigneur nous enseigne : se justifier soi-même c’est de la vanité, c’est de l’orgueil, c’est s’exalter soi-même. C’est déguiser ce que je suis. Et les misères restent à l’intérieur. Le pharisien se justifie lui-même. [Il faut] confesser ses péchés directement, sans les justifier, sans dire: “Mais, non, j’ai fait cela mais ce n’était pas ma faute…”. L’âme nue. L’âme nue.

Que le Seigneur nous enseigne à comprendre cela, cette attitude pour commencer la prière. Quand nous commençons la prière avec nos justifications, avec nos sécurités, ce n’est pas une prière : c’est comme parler avec son miroir. En revanche, quand nous commençons la prière avec la vraie réalité – “je suis pécheur, je suis pécheresse” – c’est un bon pas en avant pour se laisser conduire par le Seigneur. Que Jésus nous enseigne cela.
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Source : https://fr.zenit.org/
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