Si le mot “solidarité” est « un peu usé », le pape François le remet au goût du jour : devant les membres du Syndicat polonais Solidarnosc qui célèbre ses 40 ans (1980-2020), il le définit comme « une sensibilité à la voix des frères et des sœurs ».
Lors d’une audience avec le Conseil de direction ce 4 décembre 2019, le pape a souligné que « la condition de changements positifs dans les structures sociales est surtout le changement de la mentalité, des convictions et des attitudes ».
Salutations du pape François :
Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite une cordiale bienvenue et je vous remercie pour cette visite, à l’occasion du 40e anniversaire de la fondation du Syndicat Autonome et Indépendant “Solidarnosc” en Pologne. Comme le montre l’histoire récente, il a été protagoniste de changements politiques et sociaux dans votre Patrie et a eu un rôle inspirateur au-delà de ses frontières.
Je me félicite pour votre service en faveur du bien commun et des divers groupes professionnels en Pologne ; et je veux rappeler que la recherche sincère des personnes et des groupes pour trouver le bien, la vérité et la justice est toujours accompagnée par la présence de Dieu (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 71). Il y a quarante ans, saint Jean-Paul II invoquait cette présence de Dieu et le souffle de l’Esprit Saint pour ses concitoyens, en s’exclamant : « Que descende ton Esprit ! Et qu’il renouvelle la face de la terre, de cette terre ! » (Homélie, Varsovie, 2 juin 1979).
Un des signes de l’ouverture à l’Esprit de Dieu est l’attitude de solidarité avec les personnes privées de leurs droits inaliénables, solidarité en oeuvre dans les domaines du travail et de l’étude, dans les relations sociales, économiques, politiques et internationales (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 205). « Le mot “solidarité” est un peu usé et, parfois, on l’interprète mal, mais il désigne beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité. » (ibid., 188). C’est une sensibilité à la voix des frères et des sœurs qui ont été privés du droit à des conditions de travail dignes, au juste salaire nécessaire à la subsistance de la famille, à l’assistance de santé ou au repos.
« Dans le dialogue avec l’État et avec la société, l’Église n’a pas de solutions pour toutes les questions particulières. Mais, avec les diverses forces sociales, elle accompagne les propositions qui peuvent répondre le mieux à la dignité de la personne humaine et au bien commun. » (ibid., 241). Il faut rappeler que la condition de changements positifs dans les structures sociales est surtout le changement de la mentalité, des convictions et des attitudes, auxquelles les jeunes générations sont éduquées. Sinon les mêmes nouvelles structures, tôt ou tard, ne serviront plus au bien commun mais à des groupes particuliers, et deviendront corrompues, lourdes, inefficaces, et même nuisibles (cf. ibid., 189).
Je demande à Dieu les dons de l’Esprit Saint pour vous et pour tous les membres de votre Syndicat, afin que les initiatives que vous réalisez soient toujours inspirées par la règle chrétienne : « Portez les fardeaux les uns des autres » (Gal 6,2). En invoquant l’intercession de la Mère de Dieu Reine de la Pologne, je souhaite la persévérance fructueuse de votre oeuvre d’assistance et de soutien. Que Dieu vous bénisse !