Prier avec courage, face-à-face avec le Seigneur, sans tiédeur mais y mettant tout son cœur: c’est l’exhortation du Pape François lors de sa messe quotidienne ce jeudi 4 avril dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, en présence notamment du président italien, Sergio Mattarella.
Dans son homélie, le Pape s’est concentré sur la prière, l’un des trois moyens, avec le jeûne et le l’aumône, avec lesquels on se prépare à la fête de Pâques. Pour faire comprendre en quoi consiste la prière d’intercession, il se réfère à quelques-unes des grandes figures des Écritures: Moïse, Abraham, Anne la mère de Samuel, et la Cananéenne.
L’exemple de Moïse
La première lecture proposée par la liturgie de ce jour nous parle de la prière d’intercession de Moïse pour son peuple qui s’est détourné de la face de Dieu en adorant un veau d’or. «Maintenant, laisse-moi faire; ma colère va s’enflammer contre eux», tonne ainsi l’Éternel. Mais Moïse le supplie de n’en rien faire, et Lui parle «comme un maître à son disciple». Il cherche à persuader Dieu, avec douceur, mais aussi avec fermeté, de ne pas faire de mal à son peuple. Il rappelle au Seigneur les promesses faites à Abraham, Isaac et Israël de rendre leur descendance comme les étoiles dans le ciel. C’est comme s’il disait à Dieu: «Seigneur, ne perds pas la face, Tu as fait toutes ces choses !»
Le courage d’Abraham, Anne et de la Cananéenne
Toujours dans la première lecture, le Seigneur dit à Moïse: «mais de toi, je ferai une grande nation». Mais le prophète intercède pour le peuple, avec le peuple, ou rien. Dans la Bible, note le Pape, l’on trouve d’autres passages d’intercession, comme celui où Dieu fait part à Abraham de sa volonté de détruire Sodome. Mais le patriarche, dont le neveu vit dans la cité, demande au Seigneur d’épargner la ville, au nom des 30, 20, voire les 10 justes, qui pourraient s’y trouver. À la fin, Dieu épargne Lot, le neveu d’Abraham et sa famille, les seuls justes de la cité impie.
François fait ensuit référence aux autres modalités d’intercession présentes dans les Écritures. Par exemple, Anne, la mère de Samuel, qui, «en silence, balbutiant à voix basse, prie, prie et prie encore, en bougeant les lèvres, au point que le prêtre qui était là pense qu’elle est ivre». Anne prie pour avoir un fils. C’est «l’angoisse d’une femme» qui intercède devant Dieu. Dans les Évangiles, il y a également l’exemple d’une femme courageuse, «qui n’use pas de la persuasion, ni du marchandage, ni de l’insistance silencieuse». C’est la Cananéenne qui demande la guérison de sa fille , tourmentée par un démon. Au début, Jésus lui dit qu’Il n’est envoyé que pour le peuple d’Israël, et qu’il n’est pas convenable de jeter le pain des enfants aux petits chiens. Elle ne s’en offusque pas pour autant, et insiste en affirmant que les petits chiens peuvent se contenter des miettes qui tombent de la table. Jésus accède ainsi à sa prière.
Jésus, le grand intercesseur auprès du Père
Il y a donc de nombreuses façons d’intercéder dans la Bible, et il faut «du courage pour prier ainsi» , souligne le Pape. Il faut de la «parrêsie» (franchise, parler vrai, ndlr) dans cette prière, le courage de parler à Dieu face-à-face. Ces personnes supplient le Seigneur, luttent avec Lui parce qu’elles ont foi qu’Il peut «donner la grâce»: «Nous sommes tièdes parfois. Certains se disent, ‘j’ai prié un Ave Maria, un Notre Père et ensuite j’oublie…’ La prière de perroquet, ça ne va pas. La vraie prière est celle-ci: avec le Seigneur. Et quand je dois intercéder je dois le faire ainsi, avec courage». Le Pape évoque encore une expression utilisée par plusieurs personnes et qu’il trouve particulièrement éloquente : «Je le fais à fond! ». «Cela vaut aussi dans la prière d’intercession» affirme François pour qui une certitude doit primer sur les doutes que nous pouvons avoir : «Jésus est le grand intercesseur ».
Assis à la droite du Père, Il intercède pour nous devant Lui, comme Il l’a fait au moment de sa Passion, lorsqu’Il a prié pour Pierre, afin que sa foi ne défaille pas. «Quand je prie (…) c’est Jésus qui prend ma prière et la présente au Père. Il n’a pas besoin de parler: Il Lui montre ses plaies. Le Père les voit et fait grâce. Quand nous prions, pensons que nous le faisons avec Jésus. (…) Jésus est notre courage, notre assurance ».
A noter, la présence, dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe, du président de la République italienne, Sergio Mattarella, qui a participé à la messe «de manière privée»: l’information a été donnée par le directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti.