La sauvegarde de l’eau exige d’investir « dans le futur, en éduquant les nouvelles générations », écrit le pape François au directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Silva. A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, ce 22 mars 2019, il encourage à éveiller la prise de conscience, « dans un monde où tout est jetable et méprisé ».
Message du pape François :
Au professeur José Graziano da Silva, directeur général de la FAO,
Très illustre Monsieur,
En harmonie avec l’axe central de l’Agenda 2030 pour le développement durable, la Journée mondiale de l’eau est célébrée cette année sur le thème : “Ne laisser personne de côté”. L’eau est un bien indispensable pour l’équilibre des écosystèmes et pour la survie humaine, et il faut la gérer et en prendre soin afin qu’elle ne se pollue ni ne soit gaspillée.
De nos jours, l’on perçoit que l’aridité de la planète s’étend à de nouvelles régions, et que ceux qui souffrent à cause du manque de sources d’eau potable sont toujours plus nombreux. Pour cette raison, “ne laisser personne de côté” signifie s’engager pour mettre fin à une telle injustice. L’accès à ce bien est un droit humain fondamental, qui doit être respecté parce qu’il détermine la survie des personnes, et leur dignité même (cf. Lettre encyclique Laudato si’, n. 30).
Il est essentiel de travailler ensemble pour pouvoir déraciner ce mal qui flagelle nombre de nos frères. Cela sera possible en unissant les efforts dans la recherche du bien commun, où l’autre, avec un visage concret, devient protagoniste et est placé au centre du débat et des initiatives. C’est alors que les mesures adoptées auront une saveur de rencontre et une valeur de réponse à une injustice à laquelle il faut remédier.
“Ne laisser personne de côté” veut dire aussi prendre conscience du besoin de répondre par des faits concrets ; non seulement par l’entretien ou le perfectionnement de structures hydrauliques, mais aussi en investissant dans le futur, en éduquant les nouvelles générations à l’utilisation et à la sauvegarde de l’eau. Ce devoir de conscientisation est une priorité dans un monde où tout est jetable et méprisé, et qui souvent n’apprécie pas l’importance des ressources que nous avons à notre disposition.
Les nouvelles générations sont appelées — avec tous les habitants de la planète — à valoriser et à défendre ce bien. C’est un devoir qui commence par la sensibilisation envers ces personnes qui subissent les conséquences inévitables du changement climatique et de tous ceux qui sont victimes de quelque forme d’exploitation ou de pollution de l’eau, pour divers facteurs. Ce défi éducatif engendre une nouvelle vision de ce bien, en suscitant des générations capables de valoriser et d’aimer les ressources que nous donne notre mère Terre.
Nous sommes tous artisans de l’avenir et la Communauté internationale est déjà en train d’investir sur le demain de notre planète par ses décisions et ses travaux. Il faut élaborer des plans de financement, ainsi que des projets hydriques de large portée. Cette fermeté conduira à dépasser l’idée de transformer l’eau en une simple marchandise, régulée exclusivement par les lois du marché.
Monsieur le directeur général, les moins favorisés de la terre nous interpellent pour remédier au manque d’eau dans leurs pays ; ils nous mettent aussi au défi, par leur misère et leurs limites, de donner à ce bien indispensable pour le développement de tous les peuples la valeur qu’il mérite.
Je demande au Seigneur que les travaux et les initiatives qui seront menés à l’occasion de cette Journée mondiale de l’eau soient au bénéfice de ceux qui souffrent de la pénurie de ce bien ; et que, comme le disait saint François d’Assise, l’eau « qui est très utile, humble, précieuse et chaste », serve à notre subsistance et notre bénéfice, et à ceux des générations futures.
Vatican, 22 mars 2019
FRANÇOIS