Le pape a adressé un message aux participants de la 32e rencontre de la prière pour la paix « Ponts de paix » – rencontre internationale, dans l’esprit de l’Assise – qui se tient du 14 au 16 octobre 2018 à Bologne, en Italie.
Message du pape François :
Cher frère Mgr Matteo Maria Zuppi, archevêque de Bologne ; illustres représentants des Églises et Communautés chrétiennes et des grandes religions du monde, veuillez recevoir mes sincères salutations à l’occasion de la rencontre de prière pour la paix, organisée par l’archidiocèse de Bologne et la Communauté de Sant’Egidio. Cette rencontre s’inscrit dans le sillage de la rencontre historique qui s’est tenue il y a trente-deux ans à Assise, au mois d’octobre. Depuis, les scénarios de l’histoire ont beaucoup changé, souvent de manière dramatique ; mais ces rencontres sont restées comme un fil rouge qui, au fil des années, témoigne de la même nécessité d’implorer ensemble, sans se lasser, le don de la paix.
Le titre choisi pour cette année, « Ponts de Paix », en évoquant l’architecture unique des arcades qui caractérise Bologne – une ville dont je garde un vif et reconnaissant souvenir de la visite de l’année dernière – est une invitation à créer des liens qui portent à de véritables rencontres, des liens qui unissent, des parcours qui aident à surmonter les conflits et les durs moments. Dans ce monde globalisé, où creuser des distances et se retrancher dans ses propres intérêts semble plus facile, nous sommes appelés à nous engager ensemble pour unir entre eux les gens et les peuples.
Il est urgent d’élaborer ensemble des mémoires de communion qui guérissent les plaies de l’histoire, il est urgent de tisser des terrains de coexistence pacifique pour l’avenir.
Nous ne saurions nous résigner au démon de la guerre, à la folie du terrorisme, à la force trompeuse des armes qui dévorent la vie. Nous ne saurions laisser l’indifférence s’emparer des hommes, les rendre complices du mal, de ce mal terrible qu’est la guerre, dont les plus pauvres et les plus faibles payent le plus haut prix de la cruauté. Nous ne saurions nous dérober à notre responsabilité de croyants, appelés, à plus forte raison dans le village global d’aujourd’hui, à avoir à cœur le bien de tous et à ne pas nous contenter d’être, nous, en paix. Les religions, si elles ne poursuivent pas les voies de la paix, se renient elles-mêmes. Celles-ci ne peuvent construire que des ponts, au nom de Celui qui ne se lasse jamais d’unir le Ciel et la terre. Nos différences ne doivent donc pas nous monter les uns contre les autres : le cœur de ceux qui croient vraiment exhorte à ouvrir, toujours et partout, des chemins de communion.
À Assise, il y a deux ans, à l’occasion du 30e anniversaire de la première rencontre dans la ville de Saint François, j’ai souligné notre responsabilité de croyants de construire un monde en paix. Comme au milieu de vous tous à nouveau, je voudrais faire résonner quelques mots prononcés à l’époque : « Nous ici, ensemble et dans la paix, nous croyons et nous espérons en un monde fraternel. Nous désirons que les hommes et les femmes de religions différentes, partout se réunissent et créent de la concorde, spécialement là où il y a des conflits. Notre avenir est de vivre ensemble. C’est pourquoi nous sommes appelés à nous libérer des lourds fardeaux de la méfiance, des fondamentalismes et de la haine. Que les croyants soient des artisans de paix dans l’invocation à Dieu et dans l’action pour l’homme ! Et nous, comme Chefs religieux, nous sommes tenus à être de solides ponts de dialogue, des médiateurs créatifs de paix. Nous nous tournons aussi vers ceux qui ont une responsabilité plus haute dans le service des peuples, les Leaders des Nations, pour qu’ils ne se lassent pas de chercher et de promouvoir des chemins de paix en regardant au-delà des intérêts de parti et du moment : que ne demeurent pas inécoutés l’appel de Dieu aux consciences, le cri de paix des pauvres et les bonnes attentes des jeunes générations ».
Je voudrais vous inviter à impliquer les jeunes, de manière audacieuse, afin qu’ils grandissent à l’école de la paix et deviennent des bâtisseurs et des éducateurs de paix. Ces jours-ci, l’Église catholique s’interroge sur les jeunes générations. Le monde dans lequel ils vivent apparaît souvent hostile à leur avenir et violent avec ceux qui sont faibles : beaucoup n’ont pas encore vu la paix et beaucoup ne savent pas ce qu’est une vie digne. En tant que croyants, nous ne pouvons que ressentir l’urgence de saisir le grand cri de paix qui s’élève de leur cœur et de construire ensemble cet avenir qui leur appartient. C’est pourquoi il est nécessaire de construire des ponts entre les générations, des ponts sur lesquels marcher main dans la main et nous écouter.
Au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse 2016, j’ai dit aux jeunes réunis à Cracovie : « La vie d’aujourd’hui nous dit qu’il est très facile de fixer l’attention sur ce qui nous divise, sur ce qui nous sépare. On voudrait nous faire croire que nous enfermer est la meilleure manière de nous protéger de ce qui fait mal […] Ayez le courage de nous enseigner, ayez le courage de nous enseigner qu’il est plus facile construire des ponts que d’élever des murs ! Nous avons besoin de l’apprendre. […] Soyez, vous, nos accusateurs, si nous choisissons le chemin des murs, le chemin de l’inimitié, le chemin de la guerre ». La passion pour la paix rajeunit tout le monde là où cela compte vraiment : dans le cœur. Aujourd’hui, en vous serrant les uns les autres, hommes et femmes de croyances et de générations différentes, vous montrez qu’avec l’aide de Dieu, construire la paix ensemble est possible. C’est la voie à suivre. Je vous remercie et vous souhaite bonne marche, pour le bien de tous.