Il existe une différence entre les nouveautés du monde et la nouveauté portée par Jésus: c’est ce qu’a souligné le Pape François lors de la messe de ce lundi en la chapelle de la maison Ste Marthe, affirmant que l’Evangile transforme l’homme entièrement, et n’admet pas l’hypocrisie.
«Frères, on entend dire partout qu’il y a chez vous un cas d’inconduite, une inconduite telle qu’on n’en voit même pas chez les païens (…). Vraiment, vous n’avez pas de quoi être fiers». C’est avec réprobation que, dans sa première lettre aux Corinthiens (5, 1-8 ), St Paul s’adresse à ces chrétiens, constatant que beaucoup parmi eux mènent une double vie. L’apôtre, observe le Pape dans son homélie, est très en colère contre ces chrétiens «gonflés d’orgueil», qui se targuent d’être ouverts, et chez qui «la confession en Jésus Christ allait de pair avec une immoralité tolérée». Aussi, Paul rappelle-t-il que le levain fait fermenter toute la pâte, et qu’il faut du levain nouveau pour une pâte nouvelle.
L’Evangile transforme entièrement la personne
Jésus l’avait d’ailleurs affirmé à ses disciples: «à vins nouveaux, outres neuves» (Mc 2, 22). «La nouveauté de l’Evangile, la nouveauté du Christ, soutient le Pape, n’est pas seulement de transformer notre âme, c’est de tout transformer: âme, esprit et corps, tout, c’est-à-dire transformer le vin en outres neuves. La nouveauté de l’Evangile est absolue, totale. Elle nous transforme de l’intérieur vers l’extérieur: l’esprit, le corps et la vie quotidienne».
La nouveauté de l’Evangile et les nouveautés du monde
Le Souverain Pontife remarque que les chrétiens de Corinthe n’avaient pas compris la nouveauté totale de l’Evangile, qui n’est pas une idéologie ou un mode de vie sociale cohabitant avec des habitudes païennes. La nouveauté de l’Evangile, c’est la résurrection du Christ, c’est l’esprit qui nous est envoyé pour nous accompagner durant notre vie. Nous chrétiens, sommes des hommes et des femmes de nouveauté, non pas des nouveautés, assure François, pour qui il existe une «confrontation entre la nouveauté de Jésus et les nouveautés que le monde nous propose».
Etre faibles, oui, mais pas hypocrites
Les personnes que Paul condamne, poursuit le Pape, sont «tièdes, immorales (…), elles font semblant, elles sont formelles et hypocrites». L’appel de Jésus, répète-il, est un appel à la nouveauté. «On peut me dire, ‘mais père, nous sommes faibles, nous sommes pécheurs’… Mais cela, c’est autre chose. Si tu acceptes d’être pécheur et faible, Lui te pardonne, parce que la nouveauté de l’Evangile, c’est justement de confesser que Jésus Christ est venu pour le pardon des péchés. Mais si tu dis que tu es chrétien et que tu vis avec ces nouveautés du monde, alors non, c’est de l’hypocrisie. Voilà la différence».
Le chemin de Jésus est celui du martyre
Jésus ne leurre pas qui veut le suivre. Et à la question de savoir quel est le chemin de ceux qui vivent la nouveauté, et de ceux qui ne veulent pas la vivre, le Pape rappelle comment se termine le passage de l’Evangile proposé par la liturgie de ce jour : la décision des scribes et des docteurs de la Loi de tuer Jésus.
«Le chemin de ceux qui choisissent la nouveauté du Christ, est celui de Jésus : le chemin vers le martyre», avertit le Pape. Pas forcément un martyre sanglant, mais celui de tous les jours. «Nous sommes en chemin et nous sommes regardés par le grand accusateur qui suscite les accusateurs d’aujourd’hui pour nous prendre en défaut». Mais, conclut François, il ne faut pas «négocier avec les nouveautés», ni «diluer l’annonce de l’Evangile».