Une délégation évangélique-luthérienne d’Allemagne, guidée par l’évêque luthérien Gerhard Ulrich (VELKD), a été reçue par le pape François au Vatican ce lundi 4 juin 2017, annonce le Saint-Siège. Le pape insiste sur le fait que l’œcuménisme progresse sous l’action de l’Esprit Saint.
Discours du pape François :
Je vous souhaite à tous la bienvenue et je tiens à vous dire ma joie de vous recevoir ici. Je vous remercie sincèrement, Mgr Ulrich, des paroles que vous m’avez adressées et qui témoignent de votre engagement œcuménique. Je salue également cordialement les autres représentants du Comité national allemand de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église évangélique luthérienne d’Allemagne, ainsi que leurs invités.
Je me souviens avec joie des moments passés ensemble l’année dernière à l’occasion de la commémoration commune de la Réforme. Auparavant, le 31 octobre 2016, nous nous étions rencontrés à Lund pour identifier, dans un esprit de communion fraternelle, ce qui, pour les blessures du passé, aurait pu provoquer la controverse et la haine. Reconnaissants envers Dieu, nous avons vu que les cinq cents ans d’histoire – parfois très douloureuse – pendant lesquels nous avons été opposés et souvent en conflit, ont fait place, au cours des cinquante dernières années, à une communion grandissante. Grâce aux oeuvres de l’Esprit, aux rencontres fraternelles, aux gestes basés sur la logique de l’Évangile plutôt que sur les stratégies humaines, et grâce au dialogue officiel entre luthériens et catholiques, il a été possible de surmonter les vieux préjugés des deux côtés. Avec l’aide de Dieu, nous espérons en un avenir dans lequel nous nous efforcerons de surmonter complètement nos divergences. Nous devons aller de l’avant.
La commémoration commune de la Réforme nous a confirmé que l’œcuménisme continuera à marquer notre chemin. Un œcuménisme qui devient de plus en plus une nécessité et un désir, comme en témoignent toutes les prières communes et les nombreuses rencontres œcuméniques qui ont eu lieu l’année dernière dans le monde entier. N’oublions pas de commencer par la prière, afin que ce ne soit pas les plans humains qui indiquent le chemin, mais le Saint-Esprit : Lui seul ouvre la voie et éclaire les pas à accomplir. L’Esprit d’amour ne peut que nous pousser sur les chemins de la charité. En tant que chrétiens, nous, catholiques et luthériens, sommes surtout appelés à « nous aimer sincèrement comme des frères […] d’un cœur pur » car « Dieu nous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure » (1 P 1, 22-23). Mais nous sommes aussi appelés à alléger ensemble les souffrances des plus démunis et de ceux qui sont persécutés. Les souffrances de tant de frères opprimés à cause de leur foi en Jésus sont aussi une invitation pressante à atteindre une unité toujours plus concrète et visible entre nous. L’œcuménisme du sang.
Soutenons-nous les uns les autres dans ce voyage, à travers aussi le dialogue théologique. Aucun dialogue œcuménique ne peut progresser si nous restons immobiles. Nous devons continuer à avancer : non en nous précipitant pour atteindre des objectifs ambigus, mais en marchant patiemment ensemble, sous le regard de Dieu. Certains thèmes – je pense à l’Église, à l’Eucharistie et au ministère ecclésial – méritent des réflexions précises et bien partagées. Et puis l’œcuménisme ne saurait être élitiste, mais il doit impliquer autant de frères et de sœurs dans la foi que possible, devenant une communauté de disciples qui prient, aiment et proclament.
C’est sur cette base que le dialogue œcuménique nous aidera à progresser, sous la conduite de l’Esprit Saint, dans la compréhension commune de la Révélation divine, qui s’approfondit en connaissant et en aimant ensemble le Seigneur Jésus-Christ, « car en lui, dans son propre corps, habite toute la plénitude de la divinité » (Col 2,9) et « car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel » (Col 1, 19-20).
Que le Seigneur nous accompagne, qu’il fasse de nous des chrétiens plus centrés sur Lui et courageux dans cette mission ; afin que la pastorale s’enrichisse d’un esprit de service et s’imprègne davantage, dans ses différentes formes, d’un esprit œcuménique. J’invoque sur vous la bénédiction du Seigneur: que l’Esprit Saint descende et unisse ce qui est encore divisé.
Il serait bon, après ces mots, de prier ensemble le Notre Père : « Vater Unser… »