« Quand tu communies, es-tu sûr que le Christ est vivant, là, ressuscité ? » a interrogé le pape François en visite à la paroisse San Paolo della Croce du quartier Corviale de Rome, le 15 avril 2018. L’Eucharistie n’est pas « du pain béni » et « si nous n’y croyons pas, nous ne serons jamais de bons chrétiens ».
« Le péché vieillit le cœur, toujours, a affirmé le pape dans son homélie dominicale. Ton cœur devient dur, vieux, fatigué. Le péché fatigue le cœur et nous perdons un peu de notre foi en Jésus Christ ressuscité. »
Homélie du pape François :
Les disciples savaient que Jésus était ressuscité, parce que Marie Madeleine l’avait dit le matin ; puis Pierre l’avait vu ; puis les disciples qui revenaient d’Emmaüs avaient raconté leur rencontre avec Jésus Christ. Ils le savaient : il est ressuscité et vivant. Mais cette vérité n’était pas entrée dans leur cœur. Cette vérité, oui, ils la connaissaient, mais ils doutaient. Ils préféraient avoir cette vérité dans l’esprit, peut-être. C’est moins dangereux de l’avoir dans l’esprit que dans le cœur. C’est moins dangereux. Ils étaient tous réunis et le Seigneur leur apparut. Au début, ils prirent peur et croyaient à un fantôme. Mais Jésus leur dit : « ne regardez pas, touchez-moi. Voyez les plaies. Un fantôme n’a pas de corps, vous voyez, c’est moi ! » Mais pourquoi ne croyaient-ils pas ? Pourquoi doutaient-ils ? Il y a une phrase dans l’Evangile qui donne l’explication : « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement … ». Dans leur joie, ils ne pouvaient pas croire. Cette joie était si grande ! Si telle est la vérité, c’est une joie immense ! « Ah, je n’y crois pas. Je ne peux pas ». Ils ne pouvaient pas croire à tant de joie : la joie qui mène au Christ.
Cela nous arrive à nous aussi quand on nous annonce une bonne nouvelle. Avant de l’accueillir dans nos cœurs, nous disons : « Mais c’est vrai ? Comment le sais-tu ? Où l’as-tu entendu ? » Nous le faisons pour être sûrs, parce que, si c’est vrai, c’est une grande joie. Cela nous arrive à notre petite échelle, alors imaginez les disciples ! La joie était telle qu’il valait mieux dire : « Non, je n’y crois pas ». Mais il était là ! Oui, mais ils ne pouvaient pas. Ils ne pouvaient accepter ; ils ne pouvaient laisser passer dans leur cœur cette vérité qu’ils voyaient. Et à la fin, bien entendu, ils ont cru. C’est cette nouvelle jeunesse que nous donne le Seigneur. Nous en avons parlé à l’oraison collecte : la « nouvelle jeunesse ». Nous, nous sommes habitués à vieillir avec le péché … le péché vieillit le cœur, toujours. Ton cœur devient dur, vieux, fatigué. Le péché fatigue le cœur et nous perdons un peu de notre foi en Jésus Christ ressuscité : « Non, je n’y pense pas… Cela serait trop de joie… Oui, oui, il est vivant, mais il est au Ciel pour ses affaires… ». Mais dans ses affaires j’y suis ! Chacun de nous ! Mais nous sommes incapables de faire ce lien.
L’apôtre Jean dit dans la seconde lecture : « si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père ». N’ayez pas peur, Il pardonne. Il nous renouvelle. Le péché nous vieillit, mais Jésus, ressuscité, vivant, nous renouvelle. C’est la force de Jésus ressuscité. Quand nous allons au sacrement de la Pénitence, c’est pour être renouvelés, pour rajeunir. Et c’est Jésus ressuscité qui fait cela. C’est Jésus ressuscité qui, aujourd’hui, est au milieu de nous : il sera là sur l’autel ; il est dans la Parole … Et sur l’autel il sera comme cela : ressuscité ! C’est le Christ qui veut nous défendre, l’Avocat, quand nous avons péché, pour nous rajeunir. Frères et sœurs, demandons la grâce de croire que le Christ est vivant, qu’il est ressuscité ! C’est cela croire, et si nous croyons à cela, les autres choses sont secondaires. C’est notre vie, c’est notre vraie jeunesse. La victoire du Christ sur la mort, la victoire du Christ sur le péché. Le Christ est vivant. « Oui, oui, maintenant je communierai … ». Mais quand tu communies, es-tu sûr que le Christ est vivant, là, ressuscité ? « Oui, c’est un peu de pain béni … » Non, c’est Jésus ! Le Christ est vivant, il est ressuscité au milieu de nous et si nous n’y croyons pas, nous ne serons jamais de bons chrétiens, nous ne pouvons l’être.
« Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement ». Demandons au Seigneur la grâce que la joie ne nous empêche pas de croire, la grâce de toucher Jésus ressuscité : le toucher dans la rencontre à travers la prière ; dans la rencontre à travers les sacrements ; dans la rencontre avec son pardon qui est la nouvelle jeunesse de l’Eglise ; dans la rencontre avec les malades, quand nous allons les trouver, avec les prisonniers, avec ceux qui sont dans le besoin, avec les enfants, avec les personnes âgées. Si nous sentons l’envie de faire quelque chose de bon, c’est Jésus ressuscité qui nous pousse à cela. C’est toujours la joie qui nous rend jeunes. Demandons la grâce d’être une communauté joyeuse, parce que chacun de nous est sûr, a la foi, a rencontré le Christ ressuscité.