Le pape François a reçu les participants au Chapitre général de la congrégation fondée en France en 1854 par l’abbé Jean-Jules Chevalier (1824-1907), ce 16 septembre 2017, au Vatican.
« Ne cédez pas au mal du cléricalisme, qui éloigne le peuple et spécialement les jeunes de l’Église », a-t-il averti devant les représentants de cette congrégation qui compte quelque 2400 missionnaires dans 42 pays.
Audience aux participants du Chapitre Général des Missionnaires du Sacré Cœur de Jésus :
Chers frères,
Je vous accueille avec joie à l’occasion de votre Chapitre Général et je remercie le Supérieur Général pour ses paroles. Vous vous êtes réunis pour réfléchir sur la vie de votre Congrégation, prier et discerner ensemble sur les routes que le Seigneur vous indique pour actualiser et donner une fécondité renouvelée au charisme que l’Esprit Saint a donné à l’Église et au monde par l’intermédiaire de votre Fondateur, le prêtre Jean Jules Chevalier.
Je trouve particulièrement significative la phrase que vous avez choisie pour la préparation de tout l’Institut en vue de ce Chapitre : « tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (Jn 2,10). Si d’une part, vous êtes en effet conscients et reconnaissant du précieux patrimoine des projets et des œuvres apostoliques que ce charisme a réalisé jusqu’à maintenant pendant le siècle et demi de la vie de votre Institut, grâce à la fidélité des confrères qui vous ont précédés, d’une autre part vous comprenez bien que ses riches potentialités, au bénéfice de l’Église et du monde, ne sont pas épuisées. A l’écoute de ce que l’Esprit Saint dit aujourd’hui à son Église et ouverts aux demandes de l’humanité, vous saurez puiser à la source première et inépuisable de votre charisme un élan nouveau, des choix courageux, des expressions créatives pour la mission qui vous a été confiée. Vraiment, les mutations du monde actuel par rapport au passé, et les nouvelles instances de l’engagement d’évangélisation de l’Église, sont les conditions qui demandent et rendent possibles de nouvelles façons d’offrir le « bon vin » de l’Évangile afin de donner de la joie et de l’espérance à beaucoup.
Si l’inspiration originelle du Fondateur a été celle de propager la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, aujourd’hui vous la comprenez et l’actualisez en l’exprimant dans une variété d’œuvres et d’actions qui témoignent de l’amour tendre et miséricordieux de Jésus pour tous, spécialement vers ces parties de l’humanité les plus nécessiteuses. Afin de pouvoir le faire, je vous invite – ainsi que je l’ai souvent rappelé aux personnes consacrées – à « retourner vers le premier et unique amour », à maintenir le regard fixé sur le Seigneur Jésus pour apprendre de Lui à aimer avec un cœur humain, à chercher et prendre soin des brebis perdues et blessées, à vous engager pour la justice et la solidarité avec les plus faibles et les pauvres, à donner de l’espérance et la dignité à ceux qui le demandent, à aller partout où un être humain attend d’être accueilli et aidé. En vous envoyant comme Missionnaires, c’est cela le premier évangile que l’Église vous confie : dans vos personnes et avec vos œuvres, montrer l’amour passionné et tendre de Dieu pour les petits, les derniers, les sans défenses, les écartés de la terre.
Même si votre Institut, comme d’autres, a souffert ces dernières décennies d’une certaine diminution de ses membres, l’augmentation des vocations en Amérique du Sud, en Océanie et en Asie vous conforte et vous donne l’espérance pour le présent et le futur. Ainsi, même la formation chrétienne de la jeunesse, dernière expression de votre charisme, pourra être garantie et accrue dans les œuvres de l’Institut. Aujourd’hui, l’engagement à éduquer et à accompagner les nouvelles générations à apprendre les valeurs humaines et à cultiver une vision évangélique de la vie et de l’histoire est urgent ! Ce que beaucoup définissent comme une vraie « urgence éducative » est sans aucun doute l’une des frontières de la mission évangélisatrice de l’Église, pour laquelle toute la communauté chrétienne est invitée à sortir. Dans le sillage de tout ce qu’ont accompli les confrères qui vous ont précédés et des œuvres engagées par eux, je vous encourage à prendre des initiatives nouvelles dans cette expression spécifique de votre apostolat.
La Congrégation des Missionnaires du Sacré Cœur de Jésus compte encore aujourd’hui un bon nombre de membres, parmi lesquels un groupe conséquent de religieux frères, et les frères, dans une congrégation, sont une grâce du Seigneur. Je vous en prie, ne cédez pas au mal du cléricalisme, qui éloigne le peuple et spécialement les jeunes de l’Église, comme je l’ai souvent rappelé. Vivez entre vous une véritable fraternité, qui accueille les diversités et valorise la richesse de chacun. N’ayez pas peur de continuer et d’augmenter la communion avec les laïcs qui collaborent dans votre apostolat, en les amenant à les rendre participants de vos idéaux et de vos projets et en partageant avec eux les richesses de la spiritualité qui sort avec abondance du charisme de l’Institut. Avec eux et avec les sœurs de la congrégation féminine, se formera une plus grande « famille charismatique », qui montrera mieux la vitalité et l’actualité du charisme du Fondateur.
Que la Vierge Marie, que vous invoquez sous le titre de Notre Dame du Sacré Cœur de Jésus, vous tienne toujours proches de son Fils, prêts à faire tout ce qu’elle vous dira, et qu’elle vous garde avec sa maternelle intercession. Que vous accompagne aussi ma bénédiction, que j’étends à toute votre communauté. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.
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