Le pape François a reçu en audience au Vatican, ce samedi 7 mai, le Collège universitaire des Candidats médecins missionnaires (CUAMM, « Médecins avec l’Afrique« ).
« La santé, surtout la santé élémentaire, est en fait niée – niée ! – dans diverses parties du monde et dans de nombreuses régions d’Afrique. Ce n’est pas un droit pour tous, mais c’est plutôt encore un privilège pour peu de gens, ceux qui peuvent se le permettre. L’accès aux services sanitaires, aux soins et aux médicaments reste encore un mirage. Les plus pauvres ne parviennent pas à payer et ils sont exclus des services hospitaliers, y compris les plus essentiels et principaux. D’où l’importance de votre généreuse activité en soutien d’un réseau de services ramifié, en mesure d’apporter des réponses aux besoins des populations », a déclaré le pape François.
Discours du pape François :
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à chacun d’entre vous, « Médecins avec l’Afrique CUAMM », qui travaillez pour la protection de la santé des populations africaines ; et je suis encore plus heureux après avoir écouté les paroles qui m’ont tellement rapproché de ces lieux lointains, le témoignage de ces médecins a emmené mon cœur là-bas, là où vous allez en toute simplicité pour trouver Jésus. Cela m’a fait beaucoup de bien. Merci.
Votre organisme, émanation missionnaire du diocèse de Padoue, a touché pendant ces années beaucoup de personnes qui, comme volontaires, se sont employées à réaliser des projets à long terme dans une optique de développement. Je vous remercie pour tout ce que vous êtes en train de faire en faveur du droit humain fondamental à la santé pour tous. En fait, la santé n’est pas un bien de consommation, mais un droit universel pour lequel l’accès aux services sanitaires ne peut être un privilège.
La santé, surtout la santé élémentaire, est en fait niée – niée ! – dans diverses parties du monde et dans de nombreuses régions d’Afrique. Ce n’est pas un droit pour tous, mais c’est plutôt encore un privilège pour peu de gens, ceux qui peuvent se le permettre. L’accès aux services sanitaires, aux soins et aux médicaments reste encore un mirage. Les plus pauvres ne parviennent pas à payer et ils sont exclus des services hospitaliers, y compris les plus essentiels et principaux. D’où l’importance de votre généreuse activité en soutien d’un réseau de services ramifié, en mesure d’apporter des réponses aux besoins des populations.
Vous avez choisi les pays les plus pauvres de l’Afrique, les pays subsahariens, et les zones les plus oubliées, « le dernier maillon » des systèmes sanitaires. Ce sont les périphéries géographiques dans lesquelles le Seigneur vous envoie pour être de bons Samaritains, pour sortir à la rencontre du pauvre Lazare, franchissant la « porte » qui conduit du premier au tiers monde. C’est votre « porte sainte » ! Vous travaillez parmi les couches les plus vulnérables de la population : les mères, pour leur assurer un accouchement sûr et digne, et les enfants, en particulier les nouveaux-nés. En Afrique, trop de femmes meurent pendant l’accouchement et trop d’enfants ne dépassent pas le premier mois de vie à cause de la malnutrition et des grandes endémies. Je vous encourage à rester au milieu de cette humanité blessée et souffrante : c’est Jésus. Votre œuvre de miséricorde est le soin des malades, selon le passage de l’Évangile « Guérissez les infirmes » (Mt 10,
. Que vous puissiez être l’expression de l’Église mère, qui se penche sur les plus faibles et prend soin d’eux.
Afin de favoriser des processus de développement authentiques et durables, une longue période est nécessaire, dans une logique de semer avec confiance et d’attendre les fruits patiemment. De tout cela, l’histoire de votre Organisme le démontre, lui qui depuis plus de soixante-cinq ans est engagé aux côtés des plus pauvres en Ouganda, en Tasmanie, au Mozambique, en Éthiopie, en Angola, au Soudan du Sud et en Sierra Leone. L’Afrique a besoin d’un accompagnement patient et continu, tenace et compétent. Les interventions nécessitent des structures de travail sérieuses, réclamant de la recherche et de l’innovation et imposant un devoir de transparence envers les donateurs et l’opinion publique.
Vous êtes médecins « avec » l’Afrique et non « pour » l’Afrique, c’est très important. Vous êtes appelés à impliquer les Africains dans le processus de croissance, en marchant ensemble, partageant drames et joies, douleurs et enthousiasmes. Les peuples sont les premiers acteurs de leur développement, les premiers responsables ! Je sais que vous affrontez les défis quotidiens avec une gratuité et une aide désintéressée, sans prosélytisme et sans occuper les espaces. Mieux, en collaborant avec les Églises et les gouvernements locaux, dans une logique de participation et de partage des engagements et responsabilités réciproques. Je vous exhorte à maintenir votre propre approche aux réalités locales, en les aidant à croître et en les laissant faire quand ils sont capables de continuer seuls, dans une perspective de développement et de durabilité. C’est la logique du grain semé, qui disparaît et meurt pour porter un fruit durable.
Dans votre précieux service aux pauvres de l’Afrique, vous avec comme modèle votre fondateur, le docteur Francesco Canova, et le directeur historique, le père Luigi Mazzucato. Le docteur Canova mûrit dans la FUCI l’idée d’aller par le monde au secours des derniers, faisant le projet d’un « collège pour de futurs médecins missionnaires » et définissant le profil du médecin missionnaire laïc. De son côté, le père Mazzucato à été le directeur du CUAMM pendant 53 ans, il nous a quittés le 25 novembre dernier à l’âge de 88 ans. Il a été le véritable inspirateur des choix de fond, avec la pauvreté en premier. C’est ce qu’il a écrit dans son testament spirituel : « né pauvre, j’ai toujours cherché à vivre avec le minimum indispensable. Je n’ai rien à moi et je n’ai rien à laisser. Le peu de vêtements que je possède, qu’on les donne aux pauvres ».
Dans le sillage de ces grands témoignages d’un esprit missionnaire de proximité et évangéliquement fécond, vous poursuivez votre œuvre courageusement, exprimant une Église qui n’est pas une « super clinique pour VIP » mais plutôt un « hôpital de campagne ». Une Église au grand cœur, proche des nombreux blessés et humiliés de l’histoire, au service des plus pauvres. Je vous assure de ma proximité et de ma prière. Je vous bénis tous, vos familles et votre engagement pour l’aujourd’hui et le demain du Continent africain. Je vous demande, s’il vous plaît, de prier aussi pour moi, afin que le Seigneur me rende plus pauvre chaque jour. Merci !