Le pape a visité le mémorial de Ground Zero, le site de l’attentat du 11 septembre 2001 contre les Tours Jumelles de New York, ce vendredi 25 septembre, après s’être rendu à l’ONU.
Le pape, comme les représentants d'autres religions, a prié pour la consolation et la guérison des survivants et de ceux qui ont perdu un être cher.
Les représentants de différentes religions - judaïsme (rabbin Elliot Cosgrove, Park Avenue Synagogue), islam (imam de la mosquée de New York City Khalid Latif, aumônier musulman de l’université de New York), hindouisme, bouddhisme, sikhisme) et de chrétiens d'autres confessions (orthodoxe et protestante), ont prié pour la paix. Le représentant du judaïsme a notamment chanté : « Yaasseh shalom ».
Puis le pape a pris la parole pour affirmer notamment le triomphe de la vie sur la mort et la destruction : « Beaucoup sont tombés en service et à travers leur sacrifice ils ont sauvé la vie de tant d’autres. Ce lieu de mort se transforme aussi en un lieu de vie, de vies sauvées, en un chant qui nous conduit à affirmer que la vie est toujours destinée à triompher sur les prophètes de la destruction, sur la mort, que le bien l’emportera toujours sur le mal, que la réconciliation et l’unité vaincront la haine et la division. »
Il parle de sa rencontre avec des familles de secouristes. Il affirme la force de l'amour et du souvenir.
Après un chant interprété par un chœur de jeunes, le cardinal Timothy Dolan, qui avait introduit la rencontre, a invité l'assemblée à échanger un signe de paix.
En les embrassant ou en les saluant en joignant les mains, en s'adaptant à leur tradition, le pape François a offert des chapelets aux participants.
Auraravant, le pape avait déposé une rose blanche et il s'était recueilli près des noms des 2 977 victimes de l'attentat. Après la rencontre, il est allé visiter le musée de Ground Zero.
Allocution et prière du pape François :
Chers amis,
Être au Ground Zero, où des milliers de vie ont été arrachées dans un acte insensé de destruction, suscite en moi divers sentiments, diverses émotions. Ici, la douleur est palpable.
L’eau que nous voyons s’écouler vers ce centre vide nous rappelle toutes ces vies qui s’en sont allées sous le pouvoir de ceux qui croient que la destruction est l’unique façon d’apporter une solution aux conflits. C’est le cri silencieux de ceux qui ont souffert dans leur chair de la logique de la violence, de la haine, de la revanche. Une logique qui ne peut que provoquer douleur, souffrance, destruction, larmes.
L’eau qui tombe est aussi un symbole de nos larmes. Des larmes pour les destructions d’hier, qui s’unissent aux nombreuses destructions d’aujourd’hui. C’est un lieu où nous pleurons, nous pleurons la douleur que provoque le sentiment d’impuissance face à l’injustice, face au fratricide, face à l’incapacité d’apporter une solution à nos différences en dialoguant.
En ce lieu, nous pleurons la perte injuste et gratuite d’innocents pour n’être pas en mesure de trouver des solutions en faveur du bien commun. C’est une eau qui nous rappelle les pleurs d’hier et les pleurs d’aujourd’hui. Il y a un instant, j’ai rencontré quelques familles des premiers secouristes tombés en service. Au cours de cette rencontre, j’ai pu constater une fois encore combien la destruction n’est jamais impersonnelle, abstraite ou ne concernant que les choses, mais surtout combien elle a un visage et une histoire, elle est concrète, elle a des noms.
Chez les proches de ces victimes, on peut voir le visage de la douleur, une douleur qui nous laisse sans voix et crie vers le ciel. Mais à leur tour, ils ont su me montrer l’autre face de cet attentat, l’autre face de la douleur : la puissance de l’amour et du souvenir. Un souvenir qui ne nous laisse pas vides. Les noms de tant d’êtres chers sont inscrits ici en ce qui était les bases des tours ; ainsi, nous pouvons les voir, les toucher et ne jamais les oublier. Ici, au milieu de la douleur déchirante, nous pouvons toucher la capacité de bonté héroïque dont l’être humain est aussi capable, la force cachée à laquelle nous devons toujours recourir. Au moment d’une douleur immense, de souffrance, vous avez été témoins d’actes exceptionnels de don et d’aide. Des mains tendues, des vies livrées.
Dans une métropole qui peut paraître impersonnelle, anonyme, où il y a de grandes solitudes, elles ont été capables de montrer la puissante solidarité de l’aide mutuelle, de l’amour et du sacrifice personnel. À ce moment-là, il n’était pas question de sang, d’origine, de quartier, de religion ou d’option politique ; il était question de solidarité, d’urgence, de fraternité. Il était question d’humanité. Les pompiers de New York sont entrés dans les tours qui étaient en train de tomber sans prêter attention à leur propre vie.
Beaucoup sont tombés en service et à travers leur sacrifice ils ont sauvé la vie de tant d’autres. Ce lieu de mort se transforme aussi en un lieu de vie, de vies sauvées, en un chant qui nous conduit à affirmer que la vie est toujours destinée à triompher sur les prophètes de la destruction, sur la mort, que le bien l’emportera toujours sur le mal, que la réconciliation et l’unité vaincront la haine et la division. L’opportunité de m’associer, en ce lieu de douleur et de souvenir, aux leaders représentant de nombreuses traditions religieuses qui enrichissent la vie de cette grande ville, me remplit d’espérance.
J’espère que notre présence ici est un signe puissant de nos volontés de partager et de réaffirmer le désir d’être des forces de réconciliation, des forces de paix et de justice dans cette communauté et partout dans notre monde. Dans les différences, dans les désaccords, il est possible de vivre dans un monde de paix. Face à toute tentative uniformisatrice, il est possible et nécessaire de nous réunir à partir des différentes langues, cultures, religions, et d’élever la voix contre tout ce qui veut l’empêcher.
Ensemble, aujourd’hui, nous sommes invités à dire : non à toute tentative d’uniformiser et oui à une différence acceptée et réconciliée. Pour cela, nous avons besoin de nous libérer de nos sentiments de haine, de vengeance, de rancœur. Et nous savons que c’est possible seulement comme un don du ciel. Ici, en ce lieu de la mémoire, chacun à sa manière, mais ensemble, je vous propose que nous observions un moment de silence et de prière.
Demandons au ciel le don d’œuvrer pour la cause de la paix. Paix dans nos maisons, dans nos familles, dans nos écoles, dans nos communautés. Paix en ces endroits où la guerre semble sans fin. Paix sur ces visages qui ont connu uniquement la douleur. Paix dans ce vaste monde que Dieu nous a donné comme maison de tous et pour tous. Seulement, PAIX.
Prions en silence :
Ainsi, la vie de nos êtres chers ne sera pas une vie qui demeurera dans l’oubli, mais elle se fera présente chaque fois que nous luttons pour être prophètes de construction, prophètes de réconciliation, prophètes de paix.