« Le don de la miséricorde est l’annonce que l’Eglise est appelée à transmettre dans son œuvre d’évangélisation en cette époque de grands changements », a déclaré le pape François aux membres de l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, chargé de l’agenda du Jubilé de la Miséricorde.
Une audience accordée ce vendredi matin, 29 mai, au Vatican, dans la Salle du consistoire du Palais apostolique, à l’assemblée et au président de ce dicastère, Mgr Rino Fisichella.
Le pape souligne notamment l’importance de la catéchèse comme « l’espace à l’intérieur duquel la vie des chrétiens mûrit parce qu’elle fait l’expérience de la miséricorde de Dieu » : « Non pas une idée abstraite de la miséricorde, mais une expérience concrète par laquelle nous comprenons notre faiblesse et la force qui vient d’en-haut. »
Discours du pape François :
Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
Je suis content de pouvoir vous recevoir à l’issue de la session plénière qui vous a occupés sur un thème de grande importance pour la vie de l’Église, à savoir le rapport entre évangélisation et catéchèse. J’accueille aussi avec plaisir les membres du Conseil international pour la catéchèse, qui fait désormais partie intégrante de votre dicastère. Je remercie Mgr Rino Fisichella pour son mot d’accueil et, avec lui, tout le Conseil pour la promotion de la nouvelle évangélisation qui est désormais engagé dans la préparation du Jubilé extraordinaire de la miséricorde : une Année sainte que je vous ai confiée pour qu’il apparaisse de manière plus évidente que le don de la miséricorde est l’annonce que l’Église est appelée à transmettre dans son œuvre d’évangélisation, en cette époque de grands changements.
Ces changements sont précisément une heureuse provocation à saisir les signes des temps que le Seigneur offre à l’Église pour qu’elle soit capable – comme elle a su le faire pendant deux mille ans – d’apporter Jésus-Christ aux hommes de notre époque. La mission est toujours la même, mais le langage avec lequel annoncer l’Évangile demande à être renouvelé avec une sagesse pastorale. C’est essentiel, d’une part pour être compris de nos contemporains et d’autre part pour que la Tradition catholique puisse parler aux cultures du monde d’aujourd’hui et les aider à s’ouvrir à la fécondité pérenne du message du Christ. Nous sommes à une époque de grands défis, que nous ne devons pas avoir peur de faire nôtres.
En effet, ce n’est que dans la mesure où nous les assumerons que nous serons capables d’offrir des réponses cohérentes parce qu’élaborées à la lumière de l’Évangile. C’est cela qu’attendent les hommes, aujourd’hui, de l’Église : qu’elle sache cheminer avec eux en leur offrant la compagnie du témoignage de la foi, qui rend solidaires avec tous, en particulier avec ceux qui sont les plus seuls et marginalisés. Tant de pauvres attendent l’Évangile qui libère ! Tant d’hommes et de femmes, dans les périphéries existentielles générées par la société de consommation, attendent notre proximité et notre solidarité ! L’Évangile est l’annonce de l’amour de Dieu qui, en Jésus-Christ, nous appelle à participer à sa vie. La nouvelle évangélisation est donc cela : prendre conscience de l’amour miséricordieux du Père pour devenir nous-mêmes instruments de salut pour nos frères.
Cette conscience, qui est semée dans le cœur de tous les chrétiens depuis le jour de leur baptême, demande de croître, avec la vie de la grâce, pour porter beaucoup de fruits. C’est là que s’insère le grand thème de la catéchèse comme l’espace à l’intérieur duquel la vie des chrétiens mûrit parce qu’elle fait l’expérience de la miséricorde de Dieu. Non pas une idée abstraite de la miséricorde, mais une expérience concrète par laquelle nous comprenons notre faiblesse et la force qui vient d’en-haut. « Il est beau que la prière quotidienne de l’Église commence avec ces paroles : « Mon Dieu, viens me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours » (Ps 69, 2). L’aide que nous implorons est déjà le premier pas de la miséricorde de Dieu à notre égard. Il vient nous sauver de la condition de faiblesse dans laquelle nous vivons. Son aide consiste à rendre accessibles sa présence et sa proximité. Touchés jour après jour par sa compassion, nous pouvons nous aussi devenir compatissants envers tous » (Misericordiae Vultus, 14).
L’Esprit-Saint, qui est le protagoniste de l’évangélisation, est aussi l’auteur de la croissance de l’Église dans la compréhension de la vérité du Christ. C’est lui qui ouvre le cœur des croyants et le transforme pour que le pardon reçu puisse devenir expérience d’amour pour les frères. C’est toujours l’Esprit qui ouvre l’esprit des disciples du Christ pour leur faire comprendre plus profondément l’engagement qui est demandé et les formes par lesquelles donner de l’épaisseur et une crédibilité à leur témoignage.
Par conséquent, la question de savoir comment nous éduquons à la foi n’est pas rhétorique mais essentielle. La réponse demande du courage, de la créativité et la décision d’emprunter des voies parfois encore inexplorées. La catéchèse, en tant que composante du processus d’évangélisation, a besoin d’aller au-delà de la simple sphère scolastique, pour éduquer les croyants, dès leur plus jeune âge, à rencontrer le Christ vivant et agissant dans son Église. C’est la rencontre avec lui qui suscite le désir de mieux le connaître et donc de le suivre pour devenir ses disciples. Le défi de la nouvelle évangélisation et de la catéchèse, par conséquent, se joue justement sur ce point fondamental : comment rencontrer le Christ, quel est le lieu le plus cohérent pour le trouver et pour le suivre.
Je vous assure de ma proximité et de mon soutien dans cette tâche si urgente pour nos communautés. Je vous confie à la Vierge Mère de la Miséricorde, pour que son soutien et son intercession vous aident dans cette tâche si exigeante. Je vous bénis de tout cœur et vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.