« Soyez fiers de votre travail et continuez de servir l’État, tous les citoyens et toutes les personnes en danger », dit le pape François à la police italienne.
Le pape François a reçu en audience ce jeudi 21 mai, dans la salle Paul VI du Vatican, les familles des victimes et de policiers morts pendant leur service dans la Police d’État italienne.
« En défendant les faibles et la légalité, a ajouté le pape, vous trouverez le sens le plus vrai de votre service et vous serez des exemples pour votre pays, qui a besoin de personnes qui le servent de manière désintéressée, avec générosité et continuité. »
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, de l’intervention du pape François dont l’actualité est universelle, notamment dans le cadre de lutte contre tous les terrorismes.
Discours du pape François :
Monsieur le Préfet,
Chers familles des victimes en service dans la Police d’État,
Chers frères et sœurs,
Soyez les bienvenus ! Je remercie le chef de la Police pour les nobles paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous. D’une manière particulière je vous remercie, vous, parents de ceux qui ont perdu la vie ou qui ont été gravement blessés dans l’exercice de leur devoir, pour le témoignage d’espérance chrétienne qui vous anime et pour votre attachement aux institutions et à votre mission. En effet, beaucoup d’entre vous ont voulu continuer l’œuvre initiée par leur conjoint, en endossant l’uniforme de la Police et en servant l’État.
Toute occupation honnête contribue au bien de tous et, si elle est exercée avec dévouement et passion, favorise la croissance de la personne et de la société, fournissant aussi les moyens nécessaires pour une existence libre et digne. Parmi les différentes professions, la vôtre revêt la forme d’une authentique mission et comporte l’accueil et la mise en pratique concrète de comportements et de valeurs d’une importance spécifique pour la vie civile. Je veux parler du sens aigu du devoir et de la discipline, de la disponibilité au sacrifice jusqu’à, si nécessaire, donner sa vie pour protéger l’ordre public, pour le respect de la légalité, pour la défense de la démocratie et la lutte contre la criminalité organisée ou le terrorisme.
Votre mission demande le courage de secourir celui qui se trouve en danger et d’arrêter l’agresseur. La collectivité vous doit la possibilité qu’elle a de mener une vie ordonnée et libre des intimidations des violents et des personnes corrompues.
Une existence engagée sur ce front et centrée sur ces idéaux présente une grande valeur aux yeux du Seigneur, par qui tout sacrifice accueilli par amour du bien sera récompensé. Je vous le dis aujourd’hui en particulier, à vous, parents des victimes des violents qui, trouvant dans les forces de l’ordre l’obstacle le plus ardu à leurs odieux desseins, se déchaînent souvent contre elles.
Quiconque sert avec courage et abnégation la collectivité rencontre, avec les difficultés et les risques liés à leur rôle, une forme de réalisation de soi très élevée, parce qu’il marche sur la voie de Notre Seigneur, qui voulut servir et non être servi.
Celui qui, jour après jour, assume le sérieux et l’engagement de son travail en le mettant à la disposition de la communauté, et spécialement de ceux qui sont en danger ou qui se trouvent dans des situations de graves difficultés, « sort » vers son prochain et le sert. Agissant ainsi, il réalise sa propre vie, y compris dans l’éventualité de la perdre, comme l’a fait Jésus en mourant sur la croix.
Ce n’est qu’en contemplant Jésus sur la croix que nous pouvons trouver la force du pardon et le réconfort [sachant] que nos croix aussi seront rachetées par la sienne et que, par conséquent, tout sacrifice et tout drame trouveront en lui le rachat et la rédemption
Le témoignage des valeurs chrétiennes est encore plus éloquent en cette époque où l’élan généreux de beaucoup n’est souvent pas suivi d’une capacité à le canaliser dans un engagement cohérent et constant.
À notre époque, il est en effet plus facile de s’engager dans quelque chose de provisoire et de partiel. En revanche, l’action menée par les forces de Police exige quelque chose de solide dans le temps et qui, à l’intérieur de situations contingentes et mouvantes, présente une constante qui traverse les différentes époques : celle de garantir pour tous les citoyens la légalité et l’ordre et, avec ces biens, la possibilité de jouir de tous les autres.
En outre, ces dernières années, l’action de la Police apporte une contribution décisive dans la gestion de l’impact du flux de réfugiés qui arrivent en Italie à la recherche d’un refuge contre les guerres et les persécutions. Vous êtes « en première ligne » dans l’accueil initial fait aux migrants comme dans l’action de lutte contre les trafiquants sans scrupules.
Dans ce travail, comme l’a bien rappelé le chef de la Police, vous vous distinguez par votre esprit de service et d’humanité, vous sentant poussés, avant même les réglementations et les dispositions de la loi, par l’impératif moral de faire le bien, de sauver le plus de personnes possibles et de ne pas vous ménager dans les énergies et le temps que vous donnez pour cet engagement.
Chers frères et sœurs, soyez fiers de votre travail et continuez de servir l’État, tous les citoyens et toutes les personnes en danger. En défendant les faibles et la légalité, vous trouverez le sens le plus vrai de votre service et vous serez des exemples pour votre pays, qui a besoin de personnes qui le servent de manière désintéressée, avec générosité et continuité.
Que la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère, et Saint Michel Archange, votre patron, vous protègent et vous assistent. Je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi et je vous bénis de tout cœur.