Le pape François condamne toute forme d’antisémitisme et appelle les chrétiens à faire de même.
Le pape a en effet reçu ce lundi matin, 20 avril, au Vatican, une délégation de la Conférence des rabbins d’Europe.
Il a exprimé ses condoléances à la communauté juive pour la mort du Grand rabbin Elio Toaff survenue ce dimanche 19 avril à Rome. Et il lui a rendu hommage come à celui qui, notamment, a accueilli Jean-Paul II à la Grande synagogue de Rome, le 13 avril 1986.
Puis le pape a dénoncé la montée de l’antisémitisme en Europe : « Les tendances antisémites en Europe sont actuellement préoccupantes, ainsi que des actes de haine et de violence. Tous les chrétiens doivent déplorer avec fermeté toute forme d’antisémitisme et manifester leur solidarité avec le peuple juif (cf. Nostra Aetate, 4). »
Le pape a évoqué le 70e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz en disant : « Nous avons récemment marqué le soixante-dixième anniversaire de la libération d’Auschwitz, le camp de concentration témoin de la grande tragédie de la Shoah. La mémoire de ce qui s’est produit là-bas, au cœur de l’Europe, doit être un avertissement pour les générations présentes et futures. »
De même il a invité à condamner toute violence contre des chrétiens ou des membres d’autres religions : « Les actes de haine et de violence contre les chrétiens et les fidèles des autres religions doivent être partout également condamnées. »
Discours du pape François :
Chers amis,
Je vous souhaite la bienvenue au Vatican, vous tous membres de la délégation de la Conférence des rabbins d’Europe. Je suis particulièrement heureux de le faire, parce que c’est la première visite de votre organisation à Rome, pour rencontrer le successeur de Pierre. Je salue votre président, le rabbin Pinchas Goldschmidt, et je le remercie pour ses aimables paroles.
Je désire vous exprimer mes sincères condoléances pour la mort, hier soir, du rabbin Elio Toaff, l’ancien Grand rabbin de Rome. Je suis uni par la prière au Grand rabbin Riccardo Di Segni – qui devait être ici avec nous – et à toute la communauté juive de Rome. C’est avec gratitude que nous nous souvenons de cet homme de paix et de dialogue qui avait reçu le pape Jean-Paul II lors de sa visite historique à la Grande synagogue de Rome.
Depuis presque cinquante ans, le dialogue entre l’Église catholique et la communauté juive a progressé de manière systématique. Le 28 octobre prochain, nous célèbrerons le cinquantième anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra Aetate, qui est encore le point de référence de tous les efforts que nous avons accomplis dans cette direction. Puissions-nous, avec reconnaissance envers le Seigneur, nous souvenir de ces années en nous réjouissant de nos progrès et de l’amitié qui a grandi entre nous.
Aujourd’hui, en Europe, il est plus important que jamais de souligner la dimension spirituelle et religieuse de la vie humaine. Dans une société de plus en plus marquée par la sécularisation et menacée par l’athéisme, nous courons le risque de vivre comme si Dieu n’existait pas. L’homme est souvent tenté de prendre la place de Dieu, de se considérer comme le critère de toute chose, de tout contrôler et de se croire autorisé à utiliser tout ce qui l’entoure selon sa propre volonté. Il est pourtant très important de se souvenir que notre vie est un don de Dieu, et que nous devons dépendre de lui, avoir confiance en lui et nous tourner toujours vers lui. Les juifs et les chrétiens ont la grâce, mais aussi la responsabilité de contribuer à garder vivant le sens religieux des hommes et des femmes d’aujourd’hui, et de notre société, en rendant témoignage à la sainteté de Dieu et de la vie humaine. Dieu est saint, et la vie qu’il a donnée est sainte et inviolable.
Les tendances antisémites en Europe sont actuellement préoccupantes, ainsi que des actes de haine et de violence. Tous les chrétiens doivent déplorer avec fermeté toute forme d’antisémitisme et manifester leur solidarité avec le peuple juif (cf. Nostra Aetate, 4). Nous avons récemment marqué le soixante-dixième anniversaire de la libération d’Auschwitz, le camp de concentration témoin de la grande tragédie de la Shoah. La mémoire de ce qui s’est produit là-bas, au cœur de l’Europe, doit être un avertissement pour les générations présentes et futures. Les actes de haine et de violence contre les chrétiens et les fidèles des autres religions doivent être partout également condamnées.
Chers amis, je vous remercie de tout cœur pour cette visite si importante. J’adresse mes vœux sincères à vos communautés, avec l’assurance de ma proximité et de ma prière. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.