"Toi, suis-moi!": le pape François a rappelé ce message du Christ à 24 archevêques métropolitains nommés dans l'année qui ont reçu de ses mains le pallium, ce dimanche 29 juin, fête des saints patrons de l'Eglise de Rome, Pierre et Paul, en la basilique Saint-Pierre.
Cet appel "Suis-moi" est au service de l'annonce à tous "la Parole de vie, qui libère de toute peur et donne confiance dans la fidélité de Dieu".
Allocution du pape François avant l’angélus :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Depuis les temps les plus anciens, l’Eglise de Rome célèbre les apôtres Pierre et Paul en une seule fête le même jour, le 29 juin. La foi en Jésus-Christ a fait d’eux des frères et le martyre les a fait devenir une seule chose. Saint Pierre et saint Paul, si différents entre eux sur le plan humain, ont été choisi personnellement par le Seigneur Jésus et ils ont répondu à l’appel en offrant toute leur vie.
En eux, la grâce du Christ a accompli de grandes choses, elle les a transformés. Oui, et comment elle les a transformés ! Simon avait renié Jésus au moment dramatique de la passion ; Saül avait persécuté durement les chrétiens. Mais tous deux ont accueilli l’amour de Dieu et ils se sont laissés transformer par sa miséricorde ; ainsi, ils sont devenus amis et des apôtres du Christ.
Et c’est pourquoi ils continuent de parler à l’Eglise et encore aujourd’hui ils nous indiquent le chemin du salut. Au cas où nous tomberions dans les péchés les plus graves et dans la nuit la plus sombre, Dieu est toujours capable de nous transformer nous aussi, comme il a transformé Pierre et Paul; de transformer notre cœur et de nous pardonner entièrement, transformant ainsi l’obscurité de notre péché en une aube de lumière. Dieu est comme ça : il nous transforme, nous pardonne toujours, comme il a fait avec Pierre et comme il a fait avec Paul.
Le livre des Actes des apôtres révèle tant de traits de leur témoignage. Pierre, par exemple, nous apprend à regarder les pauvres avec un regard de foi et à leur donner ce que nous avons de plus précieux: la puissance du nom de Jésus. C’est ce qu’il a fait avec ce paralytique: il lui a donné tout ce qu’il avait, c’est-à-dire Jésus (cf. Ac 3, 4-6).
De Paul, on y raconte trois fois l’épisode de la route de Damas, qui marque le tournant de sa vie, traçant une ligne très nette entre un avant et un après. Avant, Paul était un farouche ennemi de l’Eglise. Après, il met toute son existence au service de l’Evangile.
La rencontre avec la Parole du Christ est capable de transformer complètement notre vie à nous aussi. Il n’est pas possible d’écouter cette Parole et de rester immobile là où l’on est, de rester bloqué sur ses propres habitudes. Elle nous pousse à vaincre l’égoïsme que nous avons dans le cœur pour suivre d’un pas ferme ce Maître qui a donné sa vie pour ses amis. Mais c’est Lui qui nous change par sa parole ; c’est Lui qui nous transforme ; c’est Lui qui nous pardonne tout, si nous ouvrons notre cœur et demandons pardon.
Chers frères et sœurs, cette fête suscite en nous une grande joie, car elle nous place devant la miséricorde de Dieu dans le cœur de deux hommes. C’est l’œuvre de la miséricorde de Dieu dans ces deux hommes, qui étaient de grands pécheurs. Et Dieu veut nous combler nous aussi de sa grâce, comme il l’a fait avec Pierre et avec Paul.
Que la Vierge Marie nous aide à l’accueillir comme eux d’un cœur ouvert, à ne pas la recevoir en vain! Et qu’elle nous soutienne au moment de l’épreuve, pour témoigner de Jésus Christ et de son Evangile.
Nous le demandons aujourd’hui en particulier pour les Archevêques métropolitains nommés au cours de cette dernière année, qui ont célébré ce matin avec moi l’Eucharistie à Saint-Pierre. Nous les saluons tous avec affection ainsi que leurs fidèles et leurs familles, et prions pour eux!
Angelus Domini…
Source : http://www.zenit.orgHomélie du pape François :
En cette solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, patrons principaux de Rome, nous accueillons avec joie et reconnaissance la Délégation envoyée par le Patriarche œcuménique, le vénéré et aimé frère Bartolomeo, conduite par le Métropolite Ioannis. Nous prions le Seigneur pour que cette visite puisse aussi renforcer nos liens fraternels sur le chemin vers la pleine communion entre les deux Églises sœurs, que nous désirons tant. « Le Seigneur a envoyé son ange et il m’a arraché aux mains d’Hérode » (Ac 12, 11).
Aux débuts du service de Pierre dans la communauté chrétienne de Jérusalem, il y avait encore une grande peur à cause des persécutions d’Hérode contre certains membres de l’Église. Il y avait eu le meurtre de Jacques, et maintenant la captivité de Pierre lui-même pour faire plaisir au peuple. Tandis qu’il était en prison et enchaîné, il entend la voix de l’Ange qui lui dit : « Lève-toi vite !… Mets ta ceinture et tes sandales … Mets ton manteau et suis-moi » (Ac 12, 7-8 ). Les chaînes tombent et la porte de la prison s’ouvre toute seule. Pierre s’aperçoit que le Seigneur l’« a arraché aux mains d’Hérode » ; il se rend compte que Dieu l’a libéré de la peur et des chaines.
Oui, le Seigneur nous libère de toute peur et de toute chaîne, afin que nous puissions être vraiment libres. La célébration liturgique d’aujourd’hui exprime bien cette réalité, avec les paroles du refrain du psaume responsorial : « Le Seigneur m’a libéré de toute peur ». Tel est le problème, pour nous, de la peur et des refuges pastoraux.
Je me demande, chers frères Évêques : avons-nous peur ? De quoi avons-nous peur ? Et si nous avons peur, quels refuges cherchons-nous, dans notre vie pastorale, pour être en sécurité ? Nous cherchons peut- être l’appui de ceux qui ont le pouvoir en ce monde ? Ou bien nous laissons-nous tromper par l’orgueil qui cherche des gratifications et des reconnaissances, qui semblent nous mettre en sécurité ? Cher frères évêques, où plaçons-nous notre sécurité ? Le témoignage de l’Apôtre Pierre nous rappelle que notre véritable refuge est la confiance en Dieu : elle éloigne toute peur et nous rend libres de tout esclavage et de toute tentation mondaine.
Aujourd’hui, l’Évêque de Rome et les autres Évêques, spécialement les Métropolites qui ont reçu le Pallium, nous nous sentons interpellés par l’exemple de saint Pierre à vérifier notre confiance dans le Seigneur. Pierre retrouve la confiance quand Jésus par trois fois lui dit : « Pais mes brebis » (Jn 21.15.16.17). Et en même temps, Simon confesse par trois fois son amour pour Jésus, réparant ainsi le triple reniement de la passion. Pierre sent encore brûler en lui la blessure de cette désillusion causée au Seigneur, la nuit de la trahison. Maintenant qu’il lui demande : « M’aimes- tu ? », Pierre ne compte pas sur lui-même ni sur ses propres forces, mais sur Jésus et sur sa miséricorde : « Seigneur tu sais tout ; tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17).
Et ainsi disparaît la peur, l’insécurité, la pusillanimité. Pierre a expérimenté que la fidélité de Dieu est plus grande que nos infidélités et plus forte que nos reniements. Il se rend compte que la fidélité du Seigneur éloigne nos peurs et dépasse toute imagination humaine. À nous aussi, aujourd’hui, Jésus pose la question : « M’aimes-tu ? ». Il le fait justement parce qu’il connaît nos peurs et nos efforts. Pierre nous montre la route : se confier à Lui, qui « connaît tout » de nous, nous fiant non pas tant à notre capacité d’être fidèles, qu’à sa fidélité inébranlable. Jésus ne nous abandonne jamais, parce qu’il ne peut se renier lui- même (cf. Tm 2, 13).
La fidélité que Dieu nous assure inlassablement, à nous aussi, Pasteurs, au- delà de nos mérites, est la source de notre confiance et de notre paix. La fidélité du Seigneur à notre égard tient toujours éveillé en nous le désir de le servir et de servir les frères dans la charité. L’amour de Jésus doit suffire à Pierre. Il ne doit pas céder à la tentation de la curiosité, de l’envie, comme lorsque, voyant Jean proche de lui, il demande à Jésus : « Seigneur, et lui ? » (Jn 21, 21). Mais Jésus lui répond : « Que t’importe ? Toi, suis-moi » (Jn 21, 22).
Cette expérience de Pierre constitue un message important aussi pour nous, chers frères Archevêques. Le Seigneur aujourd’hui me répète à moi, ainsi qu’à vous, et à tous les Pasteurs : Suis-moi ! Ne perds pas de temps en questions ou en bavardages inutiles ; ne t’arrête pas sur les causes secondaires, mais regarde l’essentiel et suis-moi. Suis-moi malgré les difficultés. Suis-moi dans la prédication de l’Évangile. Suis-moi dans le témoignage d’une vie qui correspond au don de la grâce du Baptême et de l’Ordination. Suis-moi en parlant de moi à ceux avec lesquels tu vis, jour après jour, dans l’effort du travail, du dialogue et de l’amitié. Suis-moi dans l’annonce de l’Évangile à tous, spécialement aux derniers, afin qu’à personne ne manque la Parole de vie, qui libère de toute peur et donne confiance dans la fidélité de Dieu.