- Citation :
- Les « pensées triomphalistes » sont « une grande tentation dans la vie chrétienne ».
Mais Dieu « ne fait pas comme une fée avec sa baguette magique », qui peut sauver l’homme en un instant ; il se sert plutôt de la voie de la persévérance, parce qu’il « nous sauve dans le temps et dans l’histoire », sur le « chemin de tous les jours ». Telle est la réflexion que le Pape a offert au cours de la Messe célébrée vendredi matin, 12 avril, dans la chapelle de la Domus Sanctae Marthae.
Parmi les concélébrants le cardinal Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi, Mgr Fabián Pedacchio Leaniz, official de la Congrégation pour les évêques, Mgr Giuseppe Antonio Scotti et don Giuseppe Costa, président du conseil de surintendance et directeur de la Librairie éditrice vaticane (LEV) – qui au terme de la messe a présenté au Pape les trois publications récentes qui réunissent des textes de Bergoglio – avec le carmélite Edmondo Caruana, responsable éditorial, et don Giuseppe Merola, rédacteur éditorial. Parmi les présents, Ernst von Freyberg et Paolo Cipriani, président du conseil de surintendance et directeur général de l’Institut pour les œuvres de religion, les membres du conseil de surintendance de la LEV et des employés de la Pharmacie du Vatican avec le directeur administratif, le frère Rafael Cenizo Ramírez.
Faisant référence au passage des Actes des apôtres (5, 34-42) proclamé dans la première lecture, le Pape a indiqué en Gamaliel « un homme sage », parce qu’il « nous donne un exemple de comment Dieu agit dans notre vie. Lorsque tous ces prêtres, pharisiens, docteurs de la loi étaient si nerveux, affolés par ce que faisaient les apôtres, et voulaient même les tuer, il dit : mais arrêtez-vous un peu ! Et il rappelle des histoires de Judas le Galiléen, de Theudas, qui n’avaient rien réussi à faire : ils disaient qu’ils étaient le Christ, le Messie, les sauveurs et puis tout était demeuré sans succès. "Donnez du temps au temps" dit Gamaliel ».
«C’est un sage conseil — a expliqué le Pape François — pour notre vie aussi. Parce que
- Citation :
- le temps est le messager de Dieu : Dieu nous sauve dans le temps, pas dans l’instant. Quelquefois il fait des miracles, mais dans la vie commune il nous sauve dans le temps.
Parfois nous pensons que le Seigneur vient dans notre vie, nous change. Oui, il nous change : les conversions sont cela. “Je veux te suivre Seigneur ”. Mais ce chemin doit faire histoire ». Le Seigneur, donc, « nous sauve dans l’histoire : dans notre histoire personnelle. Le Seigneur ne fait pas comme une fée avec une baguette magique. Non. Il te donne la grâce et il dit, comme il disait à tous ceux qu’il guérissait : “Lève-toi et marche”. Il nous le dit à nous aussi: “Marche dans ta vie, rends témoignage de tout ce que le Seigneur fait avec nous”».
Il faut alors se garder d’une « grande tentation dans la vie chrétienne, celle du triomphalisme. C’est une tentation – a affirmé le Pape – que les apôtres aussi ont connu. Par exemple, quand Pierre dit au Seigneur : mais, Seigneur, moi je ne te renierai jamais, j’en suis sûr ! Le Seigneur lui dit : sois tranquille, avant que le coq ne chante, avant que l’on n’entende le chant du coq, par trois fois tu me renieras ». C’est précisément cela la tentation du « triomphalisme : croire qu’en un instant tout ait été fait ! Non, en un moment tout commence : c’est une grâce très grande, mais nous devons aller sur le chemin de la vie ».
Après la multiplication des pains également – raconté par l’Evangile de Jean (6, 1-15) — il y a la tentation du triomphalisme. « Alors les gens, vu le signe qu’Il avait accompli, disait : “Celui-ci est vraiment le prophète, celui qui vient dans le monde !". Mais Jésus sachant qu’ils venaient pour le faire roi, s’en va ». Voilà, donc, « le triomphalisme : ah, celui-ci est le roi ! Et puis Jésus les tance : vous venez derrière moi non pas pour écouter mes paroles, mais parce que je vous ai donné à manger ».
« Le triomphalisme – a expliqué le Pape – n’est pas du Seigneur. Le Seigneur est entré sur la terre humblement. Il a fait sa vie pendant trente ans, il a grandi comme un enfant normal, il a connu l’épreuve du travail, ainsi que l’épreuve de la croix. Et puis, à la fin, il est ressuscité. Le Seigneur nous enseigne que dans la vie tout n’est pas magique, que le triomphalisme n’est pas chrétien ».
C’est vrai « ce qu’a dit le sage Gamaliel : laissez-lez, le temps parlera ! ». Et « nous aussi – a poursuivi le Pape – disons à nous-mêmes :
- Citation :
- “Je veux aller à la suite du Seigneur, sur sa route, mais ce n’est pas l’affaire d’un moment, c’est l’affaire de toute une vie, de tous les jours”.
Lorsque je me lève le matin : “Seigneur, aller avec Toi, aller avec Toi”. Cela est la grâce que nous devons demander : celle de la persévérance ».
Il s’agit donc – a-t-il conclu – de « persévérer sur le chemin du Seigneur, jusqu’au bout, tous les jours. Je ne dis pas commencer à nouveau tous les jours : non, poursuivre le chemin. Poursuivre toujours. Un chemin avec les difficultés, avec le travail, avec beaucoup de joie aussi. Mais le chemin du Seigneur ».
« Nous demandons – a-t-il exhorté – la grâce de la persévérance. Et
- Citation :
- que le Seigneur nous sauve des pensées triomphalistes. Le triomphalisme n’est pas chrétien, il n’est pas du Seigneur.
Le chemin de tous les jours, dans la présence de Dieu, telle est la route du Seigneur. Empruntons celle-ci ».