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  "Que l'antisémitisme soit banni du coeur et de la vie de tous"

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 "Que l'antisémitisme soit banni du coeur et de la vie de tous" Empty
MessageSujet: "Que l'antisémitisme soit banni du coeur et de la vie de tous"    "Que l'antisémitisme soit banni du coeur et de la vie de tous" Icon_minitimeVen 11 Oct 2013 - 19:29

 "Que l'antisémitisme soit banni du coeur et de la vie de tous" 1_0_736385

Discours du Vendredi 11 Octobre 2013 à Midi


Ce vendredi midi, le Pape François a rencontré au Vatican une délégation d’une trentaine de personnes représentant la Communauté juive de Rome, avec laquelle le Pape avait déjà eu l’occasion d’établir des contacts, notamment le 20 mars dernier.

A la veille du Nouvel An juif, le Pape s’était adressé au Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, en souhaitant que « le Dieu des Pères renforce notre amitié ». Jeudi, à la veille de la rencontre, le Grand Rabbin a déclaré : « Nous, nous sommes ici depuis 22 siècles et nous cohabitons avec la Papauté depuis 20 siècles. La rencontre est dans le socle d’’une antique tradition et sera l’occasion d’un contact direct, pour une plus intense collaboration et pour renforcer l’amitié ».

Ce vendredi, le Pape a rencontré tout d’abord en privé Riccardo Di Segni, et puis s’est adressé à toute la délégation où se trouvaient également le Président de la Communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici, et le Président de l’Union des Communautés juives d’Italie, Renzo Gattegna. Après avoir salué la délégation par un « Shalom », le Pape a rappelé l’antique présence des juifs à Rome, une longue histoire « souvent traversée par des incompréhensions et d’authentiques injustices. Une histoire qui connaît cependant désormais depuis quelques décennies le développement de rapports amicaux et fraternels » .

Le Pape en a fait remonter la cause, du côté catholique, « à la réflexion du Conciles Vatican II, mais aussi à l’action, des deux côtés, menée par des hommes sages et généreux, capables de reconnaître l’appel du Seigneur et de marcher avec courage sur les nouveaux chemins de la rencontre et du dialogue. »

"Que l'antisémitisme soit banni du coeur de tous"

Citation :
Le Pape a rappelé alors que dans quelques jours « nous ferons mémoire du 70ème anniversaire de la déportation des Juifs de Rome. Et que nous prierons pour les si nombreuses victimes de la barbarie humaine, pour leurs familles. » Le Pape d’ajouter : « Ce sera l’occasion pour rester vigilants pour que jamais ne reprennent vie, sous aucun prétexte, des formes d’intolérance et d’antisémitisme, à Rome et dans le reste du monde ». « Que l’antisémitisme soit banni du cœur et de la vie de tout homme et de toute femme » ! « Un chrétien antisémite serait une contradiction, a affirmé le pontife, car « ses racines sont juives ».
Et de marteler: « Un chrétien ne peut pas être antisémite .»

« Cet anniversaire, a poursuivi le Pape, nous permettra de rappeler comment à l’heure des ténèbres la communauté chrétienne de cette ville de Rome a su tendre la main au frère en difficultés. Nous savons que de nombreux instituts religieux, des monastères et les Basiliques papales elles-mêmes, en interprétant la volonté du Pape, ont ouvert leurs portes pour un accueil fraternel, et que tant de chrétiens ordinaires ont offert leur aide, petite ou grande. »

« En grande majorité, ils n’étaient certes pas au courant de la nécessité de faire évoluer la compréhension chrétienne du judaïsme et peut-être même qu’ils connaissaient bien peu de choses de la vie même de la communauté juive. Mais ils eurent cependant le courage de faire ce qui à ce moment-là était la chose juste : protéger le frère, qui était en danger. » Et le Pape faisait remarquer que pour lui « il était important de souligner cet aspect parce que s’il est vrai qu’il est important d’approfondir, des deux côtés, la réflexion théologique par le dialogue, il est tout aussi vrai qu’il existe un dialogue vital, celui de l’expérience quotidienne, qui n’est pas moins fondamental. » « Que du contraire, sans une vraie culture, concrète, de la rencontre, qui porte à des relations authentiques, sans préjugés ni suspicion, l’engagement dans le domaine intellectuel servirait à bien peu de choses. » « Comme j’aime le souligner, ici aussi, le Peuple de Dieu a un flaire propre qui comprend de manière intuitive le chemin que Dieu lui demande de parcourir ».

"Travaillons ensemble contre le relativisme "

Le Pape François espérait alors pouvoir contribuer à Rome à cette proximité et cette amitié, comme il l’a déjà fait avec la communauté juive de Buenos Aires. Et il rappelait que « parmi les nombreuses choses qui peuvent nous lier, il y a le témoignage à la vérité des dix commandements, au Décalogue, comme fondement solide et source de vie pour notre société, si désorientée par un pluralisme extrême des choix et des orientations, et marquée par un relativisme qui amène à une perte de repères solides et sûrs. (cfr Benoît XVI, discours à la Synagogue de Rome, 17 janvier 2010, 5-6).
Le Pape François remerciait alors la délégation pour leur visite, et invoquait sur « ces chers amis, la bénédiction du Très-Haut ».

Le Grand Rabbin rend hommage à Jean-Paul II et Benoît XVI

Le Grand Rabbin de Rome avait précédemment remercié à son tour le Pape de les avoir reçus, une rencontre « sous le signe de la continuité et de la nouveauté ». Et il rappelait le « caractère dramatique du rapport entre les deux communautés à de nombreuses époques de l’histoire. Une longue histoire que personne ne peut ignorer, pour réfléchir sur ses enseignements, corriger les erreurs, adoucir les blessures, et construire. Riccardo Di Segni soulignait alors que « ce qui est arrivé au peuple juif au siècle dernier – Shoah et fondation de l’Etat d’Israël – a marqué profondément non seulement le judaïsme mais le monde entier et l’Eglise elle-même, en la portant vers un nouveau parcours. » « Tous les papes de ces derniers temps ont apporté leur contribution à ce parcours. »

Le Grand Rabbin de Rome rendait hommage au travail de Jean-Paul II et de Benoît XVI, chacun avec sa personnalité, son style. « La parole ‘nouveauté’ est vraiment actuelle », poursuivait Riccardo Di Segni, qui évoquant les rapports entre juifs et catholiques, se félicitait de « tout ce qui a été fait de bon », mais en rappelant que « tout n’a pas été résolu » et que souvent « la solution à un problème ouvre toute une série d’autres problèmes ». D’où son appel à « travailler pour clarifier les choses encore, pour comprendre les sensibilités et les points critiques, pour que les messages positifs soient diffusés, que l’amitié et la confiance croissent et que le respect réciproque soit réel. »

Un engagement commun pour transmettre des valeurs communes

Le Grand Rabbin soulignait ensuite la « responsabilité publique qui dérive de cette proximité entre juifs et catholiques ». Ainsi, prenant l’exemple du déluge universel et de Noé, Riccardo di Segni soulignait « que ces derniers jours, nous avons assisté paradoxalement au contraire : des gens sont morts dans une barque alors qu’autour l’humanité survivait, impuissante et en partie indifférente. » « Notre histoire et notre foi se rebellent face à cela. » Et s’adressant au Pape, il ajoutait : « Vous avez démontré avec la force de Votre présence que vous partagez cette rébellion et que nous avons des valeurs communes à transmettre à l’humanité ». « Sauver de la destruction, réparer et construire un monde meilleur dans lequel chacun ait sa place : un devoir qui dure dans le temps. La construction est basée aussi sur des gestes d’amitié. »

Riccardo Di Segni souhaitait au Pape un Pontificat long et serein, et l’invitait à visiter leur Communauté à Rome, comme ses prédecesseurs.--------------------

Message du Pape pour la commémoration du 70°anniversaire de la déportation des juifs de Rome


Je désire m’unir, par l’approche spirituelle et la prière, à la commémoration du 70°anniversaire de la déportation des juifs de Rome. Alors que nous nous remémorons ces heures tragiques d’octobre 1943, il est de notre devoir de se rappeler le destin de ces déportés, percevoir leur peur, leur douleur, leur désespoir pour ne pas les oublier, pour les maintenir en vie dans notre souvenir et dans notre prière avec leurs familles, leurs parents et amis qui ont pleuré leur perte et qui sont restés consternés devant les barbaries que peut commettre l’être humain.

Pourtant, avoir la mémoire d'un évènement ne signifie pas simplement en avoir le souvenir ; cela signifie aussi et surtout de s’efforcer à comprendre quel est le message qu’il représente aujourd’hui pour que la mémoire du passé puisse enseigner au présent et devenir lumière qui illumine le chemin du futur. Jean-Paul II écrivait que la mémoire est appelée à jouer un rôle nécessaire « dans le processus de construction d’un futur dans lequel l’iniquité indicible de la Shoah ne soit plus jamais possible » ( Lettre introductive au Document : Commission pour les Rapports Religieux avec le judaïsme, Nous nous souvenons . Une réflexion sur la Shoah, 16 mars 1998). Et
Citation :
Benoît XVI, dans le Camp de concentration de Auschwitz, affirmait que « le passé n’est pas seulement du passé. Il nous concerne aussi et nous indique les voies à prendre et à ne pas prendre » ( Discours, 28 mai 2006).
La commémoration d’aujourd’hui pourrait donc être définie comme une mémoire future, un appel aux nouvelles générations à ne pas aplatir notre propre existence, à ne pas nous laisser entraîner par des idéologies, à ne jamais justifier le mal que nous rencontrons, à ne pas baisser la garde contre l’antisémitisme et contre le racisme, quel que soit leurs provenances. J’espère que ,grâce à cette initiative, pourront s’entrelacer et s’alimenter des réseaux d’amitié et de fraternité entre Juifs et Catholiques dans notre ville bien-aimée de Rome.

Le Seigneur dit par la bouche du prophète Jérémie : « je connais les projets que j’ai fait en ce qui vous concerne, les projets de paix et pas de condamnation pour vous concéder un futur plein d’espérance » (Jer 29,11).
Citation :
Que le souvenir des tragédies du passé devienne pour tous un engagement de toutes nos forces pour un futur que Dieu veut préparer et construire pour nous et avec nous.
Shalom !

Audience à la Communauté juive de Rome (texte intégral)

Chers amis de la communauté juive de Rome,

Shalom!

Je suis content de vous accueillir et d’avoir ainsi la possibilité d’approfondir et d’élargir la première rencontre que j’ai eue avec certains de vos représentants le 20 mars dernier. Je vous salue tous avec affection, en particulier le Grand Rabbin, le Dr Riccardo Di Segni, que je remercie des paroles qu’il m’a adressées. Egalement pour ce souvenir du courage de notre père Abraham lorsqu’il luttait avec le Seigneur pour sauver Sodome et Gomorrhe : « Et s’ils étaient trente, s’ils étaient vingt-cinq, et s’ils étaient vingt… » C’est bien une prière courageuse devant le Seigneur. Merci. Je salue aussi le président de la Communauté juive de Rome, le Dr Riccardo Pacifici, et le président de l’Union des communautés juives italiennes, le Dr Renzo Gattegna.

En tant qu’évêque de Rome, je sens particulièrement proche la vie de la Communauté juive de la Ville : je sais qu’avec plus de deux mille ans de présence ininterrompue, elle peut se vanter d’être la plus ancienne d’Europe occidentale. Depuis de nombreux siècles, donc, la Communauté juive et l’Eglise de Rome vivent ensemble dans cette ville, avec une histoire – nous le savons bien – qui a souvent été traversée par des incompréhensions et aussi d’authentiques injustices. Mais c’est une histoire qui, avec l’aide de Dieu, a désormais connu depuis de nombreuses décennies le développement de rapports amicaux et fraternels.

La réflexion du concile Vatican II a certainement contribué, côté catholique, à ce changement de mentalité, mais un apport non moindre est venu de la vie et de l’action, des deux côtés, d’hommes sages et généreux, capables de reconnaître l’appel du Seigneur, et de se mettre en marche avec courage sur des sentiers nouveaux de rencontre et de dialogue.

Paradoxalement, la tragédie commune de la guerre nous a enseigné à marcher ensemble. Dans quelques jours nous rappellerons le 70e  anniversaire de la déportation des juifs de Rome. Nous ferons mémoire et nous prierons pour tant de victimes innocentes de la barbarie humaine, pour leurs familles. Ce sera aussi l’occasion de garder notre attention toujours vigilante afin que, sous aucun prétexte, ne reprennent vie des formes d’intolérance et d’antisémitisme, à Rome et dans le reste du monde. Je l’ai dit d’autres fois, et j’aime à le répéter maintenant : c’est une contradiction qu’un chrétien soit antisémite. Ses racines sont un peu juives. Un chrétien ne peut pas être antisémite ! Que l’antisémitisme soit banni du cœur et de la vie de tout homme et de toute femme !

Cet anniversaire nous permettra aussi de rappeler comment, à l’heure des ténèbres, la communauté chrétienne de cette ville a su tendre la main au frère en difficulté. Nous savons comment de nombreux instituts religieux, des monastères et des basiliques papales elles-mêmes, interprétant la volonté du pape, ont ouvert leurs portes pour un accueil fraternel, et comment de nombreux chrétiens ordinaires ont offert l’aide qu’ils pouvaient donner, qu’elle fût petite ou grande.

Dans leur grande majorité, ils n’étaient certainement pas au courant de la nécessité de mettre à jour la compréhension chrétienne du judaïsme et peut-être connaissaient-ils bien peu de la vie même de la communauté juive. Mais ils eurent le courage de faire ce qui était à ce moment-là la chose juste : protéger le frère qui était en danger. J’aime à souligner cet aspect, parce que s’il est vrai qu’il est important d’approfondir, des deux côtés, la réflexion théologique par le dialogue, il est aussi vrai qu’il existe un dialogue vital, celui de l’expérience quotidienne, qui n’est pas moins fondamental. Et même, sans cela, sans une culture vraie et concrète de la rencontre, qui conduit à des relations authentiques, sans préjugés ni soupçons, l’engagement dans le domaine intellectuel ne servirait pas beaucoup. Ici aussi, comme j’aime à le souligner souvent, le Peuple de Dieu a son propre flair et il a l’intuition du sentier que Dieu lui demande de prendre. Dans ce cas, le sentier de l’amitié, de la proximité, de la fraternité.

J’espère contribuer, ici, à Rome, en tant qu’évêque, à cette proximité et à cette amitié, comme j’ai eu la grâce – parce que cela a été une grâce – de le faire avec la communauté juive de Buenos Aires. Parmi les nombreuses choses qui peuvent nous lier, il y a le témoignage à la vérité des Dix Paroles, le Décalogue, comme fondement solide et source de vie aussi pour notre société, si désorientée par un pluralisme extrême des choix et des orientations, et marquée par un relativisme qui conduit à ne plus avoir de points de référence solides et sûrs (cf. Benoît XVI, Discours à la synagogue de Rome, 17 janvier 2010, nn. 5-6).

Chers amis, je vous remercie de votre visite et j’invoque sur vous la protection et la bénédiction du Très-haut pour notre chemin commun d’amitié et de confiance. Puisse-t-Il, dans sa bienveillance, accorder à nos jours la paix. Merci.
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