« La culture de la rencontre nous protège de n’importe quelle forme de culture du rejet », fait observer le pape François, dimanche 29 mai, en la salle du synode, devant les participants du sixième congrès mondial de la fondation pontificale Scholas occurrentes, organisé au Vatican, du 27 au 29 mai, sur le thème: « Université et école: mur ou pont ».
Le congrès a rassemblé quelque 400 représentants universitaires des mondes de la communication, de l’art, du sport et de la technologie, de 190 pays. Le réseau mondial des écoles « Scholas », fondé en 2013 sous l’impulsion du pape François, relie des établissements éducatifs et culturels du monde entier.
Dialogue du pape François avec le congrès des Scholas :
Merci d’être ici. Je suis content de vous saluer et j’espère que tout cela n’a pas été très ennuyeux ; qu’il y a eu un climat de communication, un climat de rencontre, un climat de « pont » qui nous unit et qui est un défi pour ce monde, un monde qui court toujours le risque de « s’atomiser » et de se séparer. Et quand les peuples se séparent, les familles se séparent, les amis se séparent, dans la séparation on ne peut semer que l’inimitié, et jusqu’à la haine. En revanche, quand on s’unit, il y a l’amitié sociale, l’amitié fraternelle ; et il y a une culture de la rencontre, qui nous protège de n’importe quelle forme de culture du rejet. Merci pour cela et pour ce que vous faites dans ce sens.
Réponses du pape :
La première. Je n’ai pas pensé quitté en raison de la responsabilité… Je vous fais une confidence je ne pensais pas qu’on m’aurait élu. Cela a été une surprise pour moi… Mais à partir de ce moment, Dieu m’a donné une paix qui dure encore aujourd’hui. Et cela me fait avancer. C’est la grâce que j’ai reçue. D’autre part, je suis inconscient par nature, et c’est comme cela que j’avance.
Tu vois, construire un monde meilleur, je crois que cela peut se résumer dans ce dont nous avons parlé ici, ensemble. N’est-ce pas ? C’est-à-dire que chaque personne soit reconnue dans son identité. Mais il n’y a pas d’identité sans appartenance. Cherchez à donner une appartenance. L’un de vous me demandait : si un garçon ou une fille n’a pas d’appartenance, comment peut-on l’aider ? Au moins lui offrir une appartenance virtuelle, mais qu’il le sente… C’est ainsi qu’il aura une identité. Une personne sans identité n’a pas d’avenir. Il est donc urgent, il est urgent d’offrir une appartenance de n’importe quel type, mais qu’ils sentent qu’ils appartiennent à un groupe, à une famille, à une organisation, à quelque chose, et ceci peut leur donner une identité. Identité, appartenance.
Autre chose : le langage des gestes. S’efforcer d’avoir un langage des gestes. Parfois nous aimons parler, parler… Parfois le langage des gestes est différent. Il ne suffit pas de parler. Nous risquons de « vendre de la fumée » et cela ne marche pas. Le langage des gestes qui est parfois une caresse, un sourire… J’ai aimé ce que tu as dit : « Ce sourire, personne ne me l’enlève ! » Un sourire qui donne de l’espérance, regarder dans les yeux, des gestes d’approbation, de patience, de tolérance, des gestes.
Mettre fin aux agressions, la brutalité – le ‘bullying’ – est une agression qui cache une profonde cruauté, et le monde est cruel, le monde est cruel. Et les guerres sont des monuments de cruauté.
Une sœur d’un pays africain, qui vit des guerres intestines, m’a envoyé des photos, je les ai ici… Jusqu’où arrive la cruauté de la guerre. Un enfant égorgé. Un enfant ! Nous pouvons comprendre le ‘bullying’. Si cela arrive [c’est-à-dire les cruautés de la guerre], comment n’en arrivera-t-on pas à la brutalité ? C’est la même cruauté contre un enfant, un enfant qui le fait ensuite à un autre… Si tu sèmes la cruauté. Un enfant massacré dans sa tête. Et ceci s’est passé le mois dernier.
Par conséquent, pour construire un monde nouveau, un monde meilleur, nous avons besoin de déraciner toutes les formes de cruauté. Et la guerre est une cruauté. Mais ce type de guerre est encore plus cruel parce qu’elle s’attaque à des innocents.
Et puis, écouter l’autre. La capacité d’écouter, ne pas discuter aussitôt, demander, et ceci, c’est le dialogue et le dialogue est un pont. Le dialogue est un pont. Ne pas avoir peur de dialoguer. Ici, il ne s’agit pas de San Lorenzo – Lanus, qui se joue aujourd’hui et nous verrons qui va gagner. Il s’agit de faire concorder des propositions pour avancer ensemble. Dans le dialogue, tout le monde gagne, personne ne perd. Dans la discussion, il y en a un qui est vainqueur et l’autre qui perd, ou ils perdent tous les deux. Le dialogue est douceur, il est capacité d’écoute, c’est se mettre à la place de l’autre et jeter des ponts. Et pendant le dialogue, même si je pense différemment, ne pas discuter, mais plutôt persuader par la douceur.
Comme vous le voyez, tous ces comportements ont émergé dans les questions que vous avez posées. Et l’orgueil, la suffisance, les déraciner. Parce que l’orgueil et la suffisance finissent toujours mal. L’orgueilleux finit mal. Alors, je répondrais à cette question : comment construire un monde meilleur ? Par ce chemin. Notre monde a besoin de baisser son niveau d’agressivité. Il a besoin de tendresse, il a besoin de douceur, il a besoin d’écoute, il a besoin de marcher ensemble. Sinon, aujourd’hui se produisent ces choses, parce tous ces comportements dont j’ai parlé sont absents. Je ne sais pas si j’ai répondu à la question.
Paroles finales du pape :
Je vous remercie tous pour votre collaboration, votre travail et votre patience Pensons à tous les jeunes du monde, avec leurs cultures, leurs langues, leurs races et leurs religions différentes.
Et nous nous adressons à Dieu avec le texte de bénédiction le plus ancien qui est valable et utilisé dans les trois religions monothéistes : Que le Seigneur vous bénisse et vous protège ; qu’il fasse sur vous rayonner son visage et vous donne sa grâce ; qu’il vous révèle son visage et vous accorde la paix. Amen.
Et merci beaucoup pour tout, et priez pour moi, s’il vous plaît, car j’en ai besoin.