Le pape François a tenu une audience « jubilaire » samedi, 30 avril, place Saint-Pierre, comme il le fait, une fois par mois, pendant l’Année sainte de la miséricorde, et il a consacré sa catéchèse à la réconciliation.
« Faisons des ponts de réconciliation aussi entre nous, en commençant par notre famille. Tant de frères se sont disputés et se sont éloignés seulement pour un héritage. Cela ne va pas ! Cette année est l’année de la réconciliation, avec Dieu et entre nous ! En fait la réconciliation est aussi un service pour la paix, pour la reconnaissance des droits fondamentaux des personnes, la solidarité et l’accueil de tous », a déclaré le pape.
Catéchèse du pape :
Chers frères et sœurs bonjour !
Aujourd’hui je désire réfléchir avec vous sur un aspect important de la miséricorde : la réconciliation. Dieu n’a jamais manqué d’offrir son pardon aux hommes : sa miséricorde se fait sentir de génération en génération. Souvent nous considérons que nos péchés éloignent de nous le Seigneur : en réalité, en péchant, nous, nous nous éloignons de Lui, mais Lui, nous voyant en danger, vient encore plus nous chercher. Dieu ne se résigne jamais à la possibilité qu’une personne reste étrangère à son amour, à condition cependant de trouver en elle quelques signes de repentir pour le mal commis.
Avec nos seules forces, nous n’arrivons pas à nous réconcilier avec Dieu. Le péché est vraiment une expression du refus de son amour, avec pour conséquence de nous renfermer sur nous-mêmes, nous donnant l’illusion que nous trouvons une plus grande liberté et autonomie. Mais loin de Dieu nous n’avons plus de but, et de pèlerins dans ce monde nous devenons « errants ». Pour utiliser une expression courante, on peut dire que, quand nous péchons, « nous tournons le dos à Dieu ».
C’est vraiment cela, le pécheur ne voit que lui même et de cette manière il prétend être autosuffisant ; C’est pourquoi le péché augmente encore plus la distance entre nous et Dieu, cela peut devenir abyssal. Toutefois, Jésus vient nous chercher comme un bon pasteur qui n’est pas satisfait tant qu’il n’a pas retrouvé sa brebis perdue, ainsi que nous pouvons le lire dans l’Évangile (Cf. Lc 15,4-6). Il reconstruit le pont qui nous relie au Père et qui nous permet de retrouver notre dignité de fils. Par l’offrande de sa vie, il nous a réconciliés avec le Père et nous a donné la vie éternelle (Cf. Gv 10,15).
« Laissez vous réconcilier avec Dieu » (2 Cor 5,20) : le cri de l’apôtre Paul adressé aux premiers chrétiens de Corinthe, vaut aujourd’hui pour nous tous avec la même force de conviction. Laissons nous réconcilier avec Dieu ! Ce Jubilé de la Miséricorde est un temps de réconciliation pour tous. Beaucoup de personnes voudraient se réconcilier avec Dieu mais elles ne savent pas comment faire, ou ne se sentent pas dignes, ou ne veulent même pas se l’admettre à elles-mêmes. La communauté chrétienne peut et doit favoriser le retour sincère à Dieu de ceux qui éprouvent une nostalgie à son égard. Surtout ceux qui accomplissent le « ministère de la réconciliation » (2 Cor 5,18) sont appelés à être des instruments dociles à l’Esprit Saint pour là où a abondé le péché la miséricorde de Dieu puisse surabonder (Cf. Rm 5,20).
Que personne ne reste éloigné de Dieu à cause d’obstacles mis par les hommes ! Ceci vaut également – et je le dis en le soulignant – pour les confesseurs, c’est valable pour eux : s’il vous plaît, ne mettez pas d’obstacles aux personnes qui veulent se réconcilier avec Dieu. Le confesseur doit être un père ! Il est à la place de Dieu le Père ! Le confesseur doit accueillir les personnes qui viennent à lui pour se réconcilier avec Dieu et les aider dans le chemin de cette réconciliation qu’ils sont en train de faire. C’est un ministère si beau : ce n’est pas une salle de torture ni un interrogatoire, non, c’est le Père qui reçoit et accueille cette personne et pardonne. Laissons nous réconcilier avec Dieu ! Nous tous ! Que cette Année Sainte soit un temps favorable pour redécouvrir le besoin de la tendresse et de la proximité du Père pour retourner à Lui de tout notre cœur.
Faire l’expérience de la réconciliation avec Dieu permet de découvrir la nécessité d’autres formes de réconciliations : dans les familles, dans les rapports interpersonnels, dans les communautés ecclésiales, ainsi que dans les relations sociales et internationales. Ces derniers jours, quelqu’un m’a dit que dans le monde il y a plus d’ennemis que d’amis, je crois qu’il avait raison. Mais non, faisons des ponts de réconciliation aussi entre nous, en commençant par notre famille. Tant de frères se sont disputés et se sont éloignés seulement pour un héritage. Cela ne va pas ! Cette année est l’année de la réconciliation, avec Dieu et entre nous ! En fait la réconciliation est aussi un service pour la paix, pour la reconnaissance des droits fondamentaux des personnes, la solidarité et l’accueil de tous.
Donc, acceptons l’invitation à nous laisser réconcilier avec Dieu, pour devenir de nouvelles créatures et pouvoir irradier sa miséricorde au milieu de nos frères, au milieu des hommes.