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Sujet: Catéchèse : « Dieu attend de nous un cœur loyal » Mer 13 Avr 2016 - 17:48
Mercredi 13 Avril 2016
Catéchèse : « Dieu attend de nous un cœur loyal »
«Dieu attend de nous un cœur loyal», explique le pape François dans sa catéchèse en français sur la miséricorde, ce mercredi matin, 13 avril, place Saint-Pierre.
« Dieu attend de nous un cœur loyal, qui reconnaît ses péchés et se repent, qui cherche à retrouver l’alliance avec Dieu. Sans un cœur contrit toute action religieuse est inefficace », a dit le pape.
« Frères et sœurs, comme Matthieu le publicain, malgré nos péchés, nous pouvons tous nous approcher du Seigneur », a affirmé le pape : « Il ne regarde pas tant le passé du pécheur, mais il lui ouvre un avenir nouveau. »
« Encore faut-il répondre à son invitation, le cœur humble et sincère, se reconnaître pécheur, accepter d’avoir besoin du pardon ; choses impossibles à l’orgueilleux », a ajouté le pape.
Il a précisé : « Jésus appelle les pécheurs à sa table. Il les nourrit de sa Parole – parfois dure à entendre – qui entre en profondeur dans les cœurs, illumine et purifie, donne force et espérance, et de son eucharistie, qui donne la vie même de Jésus et renouvelle sans cesse la grâce du baptême. »
Nous avons écouté l’Évangile de l’appel de Matthieu. Matthieu était un « publicain », c’est-à-dire un exacteur d’impôts pour le compte de l’Empire romain et il était considéré pour cette raison comme un pécheur public. Mais Jésus l’appelle à le suivre et à devenir son disciple. Matthieu accepte et l’invite à dîner chez lui, avec ses disciples.
Alors, surgit une discussion entre les pharisiens et les disciples de Jésus parce que celui-ci partage son repas avec les publicains et les pécheurs. « Mais tu ne peux pas aller chez ces gens ! », disaient-ils. En effet, Jésus ne les éloigne pas, au contraire il fréquente leurs maisons et s’assied à côté d’eux ; cela signifie qu’eux aussi peuvent devenir ses disciples. Et il est vrai aussi qu’être chrétiens ne nous rend pas impeccables. Comme le publicain Matthieu, chacun de nous se confie à la grâce du Seigneur malgré ses péchés. Nous sommes tous pécheurs, nous avons tous des péchés. En appelant Matthieu, Jésus montre aux pécheurs qu’il ne regarde pas leur passé, leur condition sociale, les conventions extérieures, mais qu’il leur ouvre au contraire un avenir nouveau.
J’ai entendu une fois ce beau dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé et il n’y a pas de pécheur sans avenir. » C’est cela que fait Jésus. Il n’y a pas de saint sans passé ni de pécheur sans avenir. Il suffit de répondre à l’invitation avec un cœur humble et sincère. L’Église n’est pas une communauté de parfaits mais de disciples en chemin, qui suivent le Seigneur parce qu’ils reconnaissent qu’ils sont pécheurs et qu’ils ont besoin de son pardon. La vie chrétienne est donc une école d’humilité qui nous ouvre à la grâce.
Un tel comportement n’est pas compris de ceux qui ont la présomption de se croire « justes » et de se croire meilleurs que les autres. La suffisance et l’orgueil ne permettent pas de reconnaître que l’on a besoin du salut et elles empêchent même de voir le visage miséricordieux de Dieu et d’agir avec miséricorde. Elles sont un mur. La suffisance et l’orgueil sont un mur qui empêche la relation avec Dieu. Et pourtant, la mission de Jésus est précisément celle-ci : venir à la recherche de chacun de nous pour guérir nos blessures et nous appeler à le suivre par amour. Il le dit clairement : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » (v. 12).
Jésus se présente comme un bon médecin ! Il annonce le Royaume de Dieu et les signes de sa venue sont évidents : il guérit des maladies, il libère de la peur, de la mort et du démon. Devant Jésus, aucun pécheur n’est exclu – aucun pécheur n’est exclu ! – parce que le pouvoir guérissant de Dieu ne connaît pas d’infirmités qui ne puissent être soignées ; et ceci doit nous donner confiance et ouvrir notre cœur au Seigneur pour qu’il vienne et nous guérisse. En appelant les pécheurs à sa table, il les guérit en les rétablissant dans cette vocation qu’ils croyaient perdue et que les pharisiens ont oubliée : être invités au banquet de Dieu.
D’après la prophétie d’Isaïe : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Le Seigneur a parlé. Et ce jour-là, on dira : ‘Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés !’ » (25,6-9).
Si les pharisiens ne voient dans les invités que des pécheurs et refusent de s’asseoir avec eux, Jésus au contraire leur rappelle qu’ils sont eux aussi des convives de Dieu. Ainsi, s’asseoir à table avec Jésus signifie être transformé et sauvé par lui. Dans la communauté chrétienne, la table de Jésus est double : il y a la table de la Parole et il y a la table de l’Eucharistie (cf. Dei Verbum, 21). Ce sont elles, les médicaments avec lesquels le Médecin divin nous guérit et nous nourrit. Avec la première – la Parole – il se révèle et nous invite à un dialogue entre amis. Jésus n’avait pas peur de dialoguer avec les pécheurs, les publicains, les prostituées… Non, il n’avait pas peur ; il aimait tout le monde !
Sa Parole pénètre en nous et, comme un bistouri, elle opère en profondeur pour nous libérer du mal qui se niche dans notre vie. Parfois, cette Parole est douloureuse parce qu’elle affecte les hypocrisies, elle démasque les fausses excuses, elle met à nu les vérités cachées ; mais en même temps elle éclaire et purifie, elle donne force et espérance, elle est un reconstituant précieux sur notre chemin de foi.
L’Eucharistie, pour sa part, nous nourrit de la vie même de Jésus et, comme un remède très puissant, de manière mystérieuse, elle renouvelle continuellement la grâce de notre baptême. En nous approchant de l’Eucharistie, nous nous nourrissons du corps et du sang de Jésus et c’est même Jésus qui, venant en nous, nous unit à son corps !
En concluant ce dialogue avec les pharisiens, Jésus leur rappelle une parole du prophète Osée (6,6) : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice » (Mt 9,13). S’adressant au peuple d’Israël, le prophète lui fait des reproches parce que les prières qu’il élevait étaient des paroles vides et incohérentes. Malgré l’alliance de Dieu et sa miséricorde, le peuple vivait souvent avec une religiosité « de façade », sans vivre en profondeur le commandement du Seigneur.
Voilà pourquoi le prophète insiste : « Je veux la miséricorde », c’est-à-dire la loyauté d’un cœur qui reconnaît ses péchés, qui se reprend et redevient fidèle à l’alliance avec Dieu. « Non le sacrifice » : sans un cœur repenti, toute action religieuse est inefficace ! Jésus applique aussi cette phrase prophétique aux relations humaines : ces pharisiens étaient très religieux dans la forme, mais ils n’étaient pas disposés à partager leur table avec les publicains et les pécheurs ; ils ne reconnaissaient pas la possibilité du repentir et donc de la guérison ; ils ne mettaient pas la miséricorde à la première place : bien qu’étant de fidèles gardiens de la Loi, ils montraient qu’ils ne connaissaient pas le cœur de Dieu ! C’est comme si on t’offrait un paquet avec un cadeau à l’intérieur et qu’au lieu d’aller chercher le cadeau, tu regardais seulement le papier dans lequel il est emballé : uniquement les apparences, la forme et non le noyau de la grâce, du cadeau qui est fait !
Chers frères et sœurs, nous sommes tous invités à la table du Seigneur. Faisons nôtre son invitation à nous asseoir à côté de lui avec ses disciples. Apprenons à regarder avec miséricorde et à reconnaître en chacun un convive. Nous sommes tous des disciples qui avons besoin de faire l’expérience de la parole consolatrice de Jésus et d’en vivre. Nous avons tous besoin de nous nourrir de la miséricorde de Dieu, parce que c’est de cette source que jaillit notre salut. Merci !