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 Suite Sixième Chapitre

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MessageSujet: Suite Sixième Chapitre   Suite Sixième  Chapitre Icon_minitimeSam 9 Avr 2016 - 16:24

Vendredi 8 Avril 2016

Suite Sixième  Chapitre

Éclairer Les Crises, Les angoisses et Les difficultés [231]
Le défi des crises [232-238]
Vieilles blessures [239-240]
Accompagner  après  les  ruptures  et  les divorces[241-246]  
Certaines situations complexes [247-252]
Quand La mort transperce de son aiguillon [253-258]


Éclairer les crises, les angoisses et les difficultés

231. Il faut un mot à l’adresse de ceux qui, dans l’amour ont déjà fait vieillir le vin nouveau des fiançailles. Lorsque le vin vieillit grâce à cette expérience du chemin parcouru, la fidélité dans les petits détails de la vie s’y manifeste, fleurit dans toute sa plénitude. C’est la fidélité de l’attente et de la patience. C’est comme si cette fidélité pleine de sacrifices et de joies fleurissait à l’âge où tout vieillit ; et les yeux deviennent brillants en contemplant les petits-enfants. Il en était ainsi dès le commencement, mais cela est déjà devenu conscient, solide, a mûri grâce à la surprise quotidienne de la redécouverte jour après jour, année après année. Comme enseignait saint Jean de la Croix, « les vieux amants » sont ceux qui sont « exercés de longue main et ayant fait leurs preuves ». Ils « n’ont plus cette ferveur sensible, cette fermentation spirituelle, ces bouillonnements extérieurs. Ils goûtent la suavité du vin d’amour parfaitement cuit jusqu’à la substance […] fixée au plus intime de l’âme ». [253] Cela suppose d’avoir été capables de surmonter ensemble les crises et les temps d’angoisse, sans fuir les défis ni cacher les difficultés.

Le défi des crises

232. L’histoire d’une famille est jalonnée de crises en tout genre, qui font aussi partie de sa dramatique beauté. Il faut aider à découvrir qu’une crise surmontée ne conduit pas à une relation de moindre intensité mais conduit à améliorer, affermir et mûrir le vin de l’union. On ne cohabite pas pour être toujours moins heureux, mais pour apprendre à être heureux d’une nouvelle manière, à partir des possibilités qu’ouvre une nouvelle étape. Chaque crise implique un apprentissage qui permet d’accroître l’intensité de la vie partagée, ou au moins de trouver un nouveau sens à l’expérience matrimoniale. Il ne faut d’aucune manière se résigner à une courbe descendante, à une détérioration inévitable, à une médiocrité supportable. Au contraire, lorsque le mariage est assumé comme une mission, qui implique également de surmonter des obstacles, chaque crise est perçue comme l’occasion pour arriver à boire ensemble le meilleur vin. Il convient d’accompagner les conjoints pour qu’ils puissent accepter les crises qui surviennent, les affronter et leur réserver une place dans la vie familiale. Les couples expérimentés et formés doivent être disponibles pour accompagner les autres dans cette découverte, de manière que les crises ne les effraient pas ni ne les conduisent à prendre des décisions précipitées. Chaque crise cache une bonne nouvelle qu’il faut savoir écouter en affinant l’ouïe du cœur.

233. La réaction immédiate est de se révolter face au défi d’une crise, de se mettre sur la défensive parce qu’on sent qu’elle échappe au contrôle, car elle révèle l’insuffisance du mode personnel de vie, et cela dérange. Donc, on recourt au subterfuge de nier les problèmes, de les cacher, de relativiser leur importance, de miser uniquement sur le temps qui passe. Mais cela retarde la solution et conduit à investir beaucoup d’énergie dans une occultation inutile qui compliquera encore davantage la situation. Les liens se détériorent progressivement et l’isolement se consolide, portant préjudice à l’intimité. Dans une crise non assumée, c’est la communication qui est la plus affectée. Ainsi, peu à peu, celui qui était ‘‘la personne que j’aime’’ devient ‘‘celui qui m’accompagne toujours dans la vie’’, puis seulement ‘‘le père ou la mère de mes enfants’’ et finalement un étranger.

234.  Pour affronter une crise, il faut être présent. C’est difficile, car parfois les personnes s’isolent pour ne pas exposer ce qu’elles sentent, elles s’enferment dans un silence mesquin et trompeur. En ces moments, il est nécessaire de créer des espaces pour communiquer cœur à cœur. Le problème est qu’il devient plus difficile de communiquer de cette façon durant une crise si on n’avait jamais appris à le faire. C’est tout un art qu’on apprend dans des moments de calme, pour le mettre en pratique dans les temps durs. Il faut aider à découvrir les causes les plus cachées dans les cœurs des conjoints, et à les affronter comme un accouchement qui passera et fera naître un nouveau trésor. Mais les réponses aux consultations réalisées soulignent que dans les situations difficiles ou critiques, la majorité des gens ne recourt pas à l’accompagnement pastoral, puisqu’elle ne le sent pas compréhensif, proche, réaliste, concret. Par conséquent, essayons à présent de nous approcher des crises matrimoniales avec un regard qui n’ignore pas leur charge de douleur et d’angoisse.

235. Il y a des crises communes qui se produisent généralement dans tous les couples, comme la crise des débuts, lorsqu’il faut apprendre à rendre compatibles les différences et à se détacher des parents ; ou la crise de l’arrivée de l’enfant, avec ses nouveaux défis émotionnels ; la crise de l’allaitement, qui change les habitudes du couple ; la crise de l’adolescence de l’enfant, qui exige beaucoup d’énergie, déstabilise les parents et parfois les oppose l’un à l’autre ; la crise du ‘‘nid vide’’, qui oblige le couple à se regarder de nouveau lui-même ; la crise qui a son origine dans la vieillesse des parents des conjoints, qui demandent plus de présence, de soins et de décisions difficiles. Ce sont des situations exigeantes, qui provoquent des peurs, des sentiments de culpabilité, des dépressions ou des fatigues pouvant affecter gravement l’union.

236. A celles-là s’ajoutent les crises personnelles qui ont des incidences sur le couple, ayant trait aux difficultés économiques, de travail, affectives, sociales, spirituelles. Et s’y ajoutent des circonstances inattendues qui peuvent altérer la vie familiale, et qui exigent un cheminement de pardon et de réconciliation. Tandis qu’il tente de faire le pas du pardon, chacun doit se demander avec une sereine humilité s’il n’a pas créé les circonstances qui ont conduit l’autre à commettre certaines erreurs. Certaines familles succombent lorsque les conjoints s’accusent mutuellement, mais « l’expérience montre qu’avec une aide appropriée et par l’action réconciliatrice de la grâce, bon nombre de crises conjugales sont surmontées d’une manière satisfaisante. Savoir pardonner et se sentir pardonné constitue une expérience fondamentale dans la vie familiale ».[254] « L’art difficile de la réconciliation, qui nécessite le soutien de la grâce, a besoin de la généreuse collaboration de parents et d’amis, et parfois même d’une aide externe et professionnelle ».[255]

237. Il est devenu fréquent que, lorsque quelqu’un sent qu’il ne reçoit pas ce qu’il désire, ou que ne se réalise pas ce dont il rêvait, cela semble suffisant pour mettre fin à un mariage. À cette allure, il n’y aura pas de mariage qui dure. Parfois, pour décider que tout est terminé, il suffit d’une insatisfaction, d’une absence à un moment où on avait besoin de l’autre, d’un orgueil blessé ou d’une peur diffuse. Il y a des situations propres à l’inévitable fragilité humaine, auxquelles on accorde une charge émotionnelle trop grande. Par exemple, la sensation de ne pas recevoir complètement la pareille, les jalousies, les différences qui surgissent entre les deux, l’attraction qu’éveillent d’autres personnes, les nouveaux intérêts qui tendent à accaparer le cœur, les changements physiques du conjoint, et tant d’autres choses qui, plus que des atteintes à l’amour, sont des opportunités qui invitent à le recréer une fois de plus.

238. Dans ces circonstances, certains ont la maturité nécessaire pour élire de nouveau l’autre comme compagnon de route, au-delà des limites de la relation, et acceptent avec réalisme qu’il ne peut satisfaire tous les rêves caressés. Ils évitent de se considérer comme les seuls martyrs, ils valorisent les possibilités, petites ou limitées, que leur donne la vie en famille et cherchent à  renforcer le lien dans une construction qui demandera du temps et de l’effort. Car, au fond, ils reconnaissent que chaque crise est comme un nouveau ‘‘oui’’ qui permet à l’amour de renaître fortifié, transfiguré, mûri, illuminé. À partir d’une crise, on a le courage de chercher les racines profondes de ce qui se passe, de renégocier les accords de base, de trouver un nouvel équilibre et d’entamer ensemble une nouvelle étape. Avec une telle attitude d’ouverture constante, on peut affronter beaucoup de situations difficiles ! De toute façon, en reconnaissant que la réconciliation est possible, aujourd’hui nous découvrons qu’il est « particulièrement urgent de mettre en place un ministère dédié à ceux dont la relation conjugale s’est brisée ».[256]

Vieilles blessures

239. Il est compréhensible que dans les familles il y ait beaucoup de crises lorsque l’un de ses membres n’a pas mûri sa manière de nouer une relation, parce qu’il n’est pas guéri des blessures de l’une ou l’autre étape de sa vie. L’enfance ou l’adolescence mal vécues constituent un terreau de crises personnelles qui finissent par affecter le mariage. Si tous étaient des personnes qui ont mûri normalement, les crises seraient moins fréquentes ou moins douloureuses. Mais le fait est que parfois les personnes ont besoin de réaliser, à quarante ans, une maturation retardée qui devrait avoir été atteinte à la fin de l’adolescence. Parfois, on aime d’un amour égocentrique propre à l’enfant, figé à une étape où la réalité est déformée et où on se laisse aller au caprice selon lequel tout tourne autour de soi. C’est un amour insatiable, qui crie et pleure lorsqu’il n’a pas ce qu’il désire. D’autres fois, on aime d’un amour figé dans l’adolescence, caractérisé par la confrontation, la critique acerbe, l’habitude de culpabiliser les autres, la logique du sentiment et de la fantaisie, où les autres doivent remplir ses propres vides ou satisfaire ses caprices.

240. Beaucoup finissent leur enfance sans avoir jamais senti qu’ils sont aimés inconditionnellement, et cela affecte leur capacité de faire confiance et de se donner. Une relation mal vécue avec ses propres parents et frères, qui n’a jamais été guérie, réapparaît et nuit à la vie conjugale. Donc, il faut suivre un processus de libération qu’on n’a jamais affronté. Lorsque la relation entre les conjoints ne fonctionne pas bien, avant de prendre des décisions importantes, il convient de s’assurer que chacun ait effectué ce parcours de guérison de sa propre histoire. Cela exige de reconnaître le besoin de guérir, de demander avec insistance la grâce de pardonner et de se pardonner, d’accepter de l’aide, de chercher des motivations positives et de recommencer sans cesse. Chacun doit être très sincère avec lui-même pour reconnaître que sa façon de vivre l’amour est immature. Il a beau sembler évident que toute la faute est de l’autre, il n’est jamais possible de surmonter une crise en espérant qu’uniquement l’autre change. De même, il faut s’interroger sur ce par rapport à quoi on pourrait soi-même mûrir ou guérir afin de favoriser la résolution du conflit.

Accompagner après les ruptures et les divorces

241. Dans certains cas, la valorisation de sa propre dignité et du bien des enfants exige de mettre des limites fermes aux prétentions excessives de l’autre, à une grande injustice, à la violence ou à un manque de respect qui est devenu chronique. Il faut reconnaître qu’« il y a des cas où la séparation est inévitable. Parfois, elle peut devenir moralement nécessaire, lorsque justement, il s’agit de soustraire le conjoint le plus faible, ou les enfants en bas âge, aux blessures les plus graves causées par l’abus et par la violence, par l’avilissement et par l’exploitation, par l’extranéité et par l’indifférence ».[257] Mais on ne peut l’envisager que « comme un remède extrême après que l'on [a] vainement tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour l'éviter ».[258]

242. Les Pères ont signalé qu’« un discernement particulier est indispensable pour accompagner pastoralement les personnes séparées, divorcées ou abandonnées. La souffrance de ceux qui ont subi injustement la séparation, le divorce ou l’abandon doit être accueillie et mise en valeur, de même que la souffrance de ceux qui ont été contraints de rompre la vie en commun à cause des mauvais traitements de leur conjoint. Le pardon pour l’injustice subie n’est pas facile, mais c’est un chemin que la grâce rend possible. D’où la nécessité d’une pastorale de la réconciliation et de la médiation, notamment à travers des centres d’écoute spécialisés qu’il faut organiser dans les diocèses ».[259] En même temps, « les personnes divorcées mais non remariées, qui sont souvent des témoins de la fidélité conjugale, doivent être encouragées à trouver dans l’Eucharistie la nourriture qui les soutienne dans leur état. La communauté locale et les Pasteurs doivent accompagner ces personnes avec sollicitude, surtout quand il y a des enfants ou qu’elles se trouvent dans de graves conditions de pauvreté ».[260] Un échec familial devient beaucoup plus traumatisant et douloureux dans la pauvreté, car il y a beaucoup moins de ressources pour réorienter l’existence. Une personne pauvre privée de l’environnement de protection que constitue la famille est doublement exposée à l’abandon et à tout genre de risques pour son intégrité.

243. Il est important de faire en sorte que les personnes divorcées engagées dans une nouvelle union sentent qu’elles font partie de l’Église, qu’elles  ‘‘ne sont pas excommuniées’’ et qu’elles ne sont pas traitées comme telles, car elles sont inclues dans la communion ecclésiale.[261] Ces situations « exigent aussi [que ces divorcés bénéficient d’un] discernement attentif et [qu’ils soient] accompagnés avec beaucoup de respect, en évitant tout langage et toute attitude qui fassent peser sur eux un sentiment de discrimination ; il faut encourager leur participation à la vie de la communauté. Prendre soin d’eux ne signifie pas pour la communauté chrétienne un affaiblissement de sa foi et de son témoignage sur l’indissolubilité du mariage, c’est plutôt précisément en cela que s’exprime sa charité ».[262]

244. D’autre part, un grand nombre de Pères « a souligné la nécessité de rendre plus accessibles et souples, et si possible entièrement gratuites, les procédures en vue de la reconnaissance des cas de nullité ».[263] La lenteur des procès irrite et fatigue les gens. Mes deux récents Documents en la matière [264] ont conduit à une simplification des procédures en vue d’une éventuelle déclaration de nullité de mariage. À travers eux, j’ai voulu aussi « mettre en évidence que l'évêque lui-même dans son Église, dont il est constitué pasteur et chef, est par cela-même, juge des fidèles qui lui ont été confiés ».[265] Par conséquent, « la mise en œuvre de ces documents constitue donc une grande responsabilité pour les Ordinaires diocésains, appelés à juger eux-mêmes certaines causes et, en tout cas, à assurer un accès plus facile des fidèles à la justice. Cela implique la préparation d’un personnel suffisant, composé de clercs et de laïcs, qui se consacre en priorité à ce service ecclésial. Il sera donc nécessaire de mettre à la disposition des personnes séparées ou des couples en crise, un service d’information, de conseil et de médiation, lié à la pastorale familiale, qui pourra également accueillir les personnes en vue de l’enquête préliminaire au procès matrimonial (cf. Mitis Iudes, Art. 2-3) ».[266]

245. Les Pères synodaux ont aussi souligné « les conséquences de la séparation ou du divorce sur les enfants qui sont, dans tous les cas, les victimes innocentes de cette situation ».[267] Au-delà de toutes les considérations qu’on voudra avancer, ils sont la première préoccupation, qui ne doit être occultée par aucun autre intérêt ou objectif. Je supplie les parents séparés : « il ne faut jamais, jamais, jamais prendre un enfant comme otage ! Vous vous êtes séparés en raison de nombreuses difficultés et motifs, la vie vous a fait vivre cette épreuve, mais que les enfants ne soient pas ceux qui portent le poids de cette séparation, qu’ils ne soient pas utilisés comme otages contre l’autre conjoint, qu’ils grandissent en entendant leur maman dire du bien de leur papa, bien qu’ils ne soient pas ensemble, et que leur papa parle bien de leur maman ».[268] C’est une irresponsabilité de nuire à l’image du père ou de la mère avec l’objectif d’accaparer l’affection de l’enfant, pour se venger ou pour se défendre, car cela affectera la vie intérieure de cet enfant et provoquera des blessures difficiles à guérir.

246. L’Église, même si elle comprend les situations conflictuelles que doivent traverser les couples, ne peut cesser d’être la voix des plus fragiles, qui sont les enfants qui souffrent, bien des fois en silence. Aujourd’hui, « malgré notre sensibilité en apparence évoluée, et toutes nos analyses psychologiques raffinées, je me demande si nous ne nous sommes pas aussi anesthésiés par rapport aux blessures de l’âme des enfants […]. Sentons-nous le poids de la montagne qui écrase l’âme d’un enfant, dans les familles où l’on se traite mal et où l’on se fait du mal, jusqu’à briser le lien de la fidélité conjugale ? »[269] Ces mauvaises expériences n’aident pas à ce que ces enfants mûrissent pour être capables d’engagements définitifs. Par conséquent, les communautés chrétiennes ne doivent pas laisser seuls, dans leur nouvelle union, les parents divorcés. Au contraire, elles doivent les inclure et les accompagner dans leur responsabilité éducative. Car « comment pourrions-nous recommander à ces parents de faire tout leur possible pour éduquer leurs enfants à la vie chrétienne, en leur donnant l’exemple d’une foi convaincue et pratiquée, si nous les tenions à distance de la vie de la communauté, comme s’ils étaient excommuniés ? Il faut faire en sorte de ne pas ajouter d’autres poids à ceux que les enfants, dans ces situations, doivent déjà porter ! »[270] Aider à guérir les blessures des parents et les protéger spirituellement est un bien pour les enfants aussi, qui ont besoin du visage familial de l’Église qui les protège dans cette expérience traumatisante. Le divorce est un mal, et l’augmentation du nombre des divorces est très préoccupante. Voilà pourquoi, sans doute, notre tâche pastorale la plus importante envers les familles est-elle de renforcer l’amour et d’aider à guérir les blessures, en sorte que nous puissions prévenir la progression de ce drame de notre époque.

Certaines situations complexes

247. « Les problématiques relatives aux mariages mixtes requièrent une attention spécifique. Les mariages entre catholiques et d’autres baptisés ‘‘présentent, tout en ayant une physionomie particulière, de nombreux éléments qu’il est bon de valoriser et de développer, soit pour leur valeur intrinsèque, soit pour la contribution qu’ils peuvent apporter au mouvement œcuménique’’. À cette fin, ‘‘on recherchera […] une cordiale collaboration entre le ministre catholique et le ministre non catholique, dès le moment de la préparation au mariage et des noces’’ (Familiaris consortio, n. 78). Au sujet du partage eucharistique, nous rappelons que ‘‘la décision d'admettre ou non la partie non-catholique du mariage à la communion eucharistique, est à prendre en accord avec les normes générales existant en la matière, tant pour les chrétiens orientaux que pour les autres chrétiens, et en tenant compte de cette situation particulière de la réception du sacrement de mariage chrétien par deux chrétiens baptisés. Bien que les époux d'un mariage mixte aient en commun les sacrements du baptême et du mariage, le partage eucharistique ne peut être qu'exceptionnel et l'on doit, en chaque cas, observer les normes indiquées.’’ (Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, Directoire pour l’Application des Principes et des Normes pour l’Œcuménisme, 25 mars 1993, 159-160) ».[271]

248. « Les mariages avec disparité de culte constituent un lieu privilégié de dialogue interreligieux […] [Ces mariages] comportent des difficultés particulières, tant à l’égard de l’identité chrétienne de la famille que de l’éducation religieuse des enfants […]. Le nombre de familles composées d’unions conjugales avec disparité de culte, en augmentation dans les territoires de mission mais aussi dans les pays de longue tradition chrétienne, rend urgent de pourvoir à la mise en œuvre d’une pastorale différenciée selon les différents contextes sociaux et culturels. Dans certains pays, où la liberté de religion n’existe pas, le conjoint chrétien est obligé de changer de religion pour pouvoir se marier et ne peut pas célébrer un mariage canonique en disparité de culte ni baptiser les enfants. Nous devons donc réaffirmer la nécessité que la liberté religieuse soit respectée à l’égard de tous ».[272]  « Il faut apporter une attention particulière aux personnes qui s’unissent dans de tels mariages, et pas seulement durant la période précédant les noces. Les couples et les familles dans lesquels l’un des époux est catholique et l’autre est non-croyant affrontent des défis particuliers. Dans de tels cas, il est nécessaire de témoigner de la capacité de l’Évangile à pénétrer dans ces situations, afin de rendre possible l’éducation des enfants à la foi chrétienne ».[273]

249. « Une difficulté particulière existe pour l’accès au baptême des personnes qui se trouvent dans une situation matrimoniale complexe. Il s’agit de personnes qui ont contracté une union conjugale stable à un moment où au moins l’une d’elles ne connaissait pas encore la foi chrétienne. Dans ces cas-là, les évêques sont appelés à exercer un discernement pastoral adapté à leur bien spirituel ». [274]

250. L’Église fait sienne l’attitude du Seigneur Jésus qui, dans un amour sans limite, s’est offert pour chaque personne sans exceptions.[275] Avec les Père synodaux, j’ai pris en considération la situation des familles qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein des personnes manifestant une tendance homosexuelle, une expérience loin d’être facile tant pour les parents que pour les enfants. C’est pourquoi, nous désirons d’abord et avant tout réaffirmer que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d’éviter  ‘‘toute marque de discrimination injuste » [276] et particulièrement toute forme d’agression et de violence. Il s’agit, au contraire, d’assurer un accompagnement respectueux des familles, afin que leurs membres qui manifestent une tendance homosexuelle puissent bénéficier de l’aide nécessaire pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie.[277]

251. Au cours des débats sur la dignité et la mission de la famille, les Pères synodaux ont fait remarquer qu’en ce qui concerne le « projet d’assimiler au mariage les unions entre personnes homosexuelles, il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille ». Il est inacceptable que « les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “mariage” entre des personnes de même sexe ».[278]

252. Les familles monoparentales trouvent souvent leur origine dans les « mères ou pères biologiques qui n’ont jamais voulu s’intégrer dans la vie familiale, [les] situations de violence qu’un des parents à dû fuir avec les enfants, [le] décès d’un des parents, [l’]abandon de la famille de la part d’un des parents, et [d’]autres situations. Quelle que soit la cause, le parent qui habite avec l’enfant doit trouver soutien et réconfort auprès des autres familles qui forment la communauté chrétienne, ainsi qu’auprès des organismes pastoraux paroissiaux. [En outre], ces familles sont [souvent affectées] par la gravité des problèmes économiques, par l’incertitude liée à un travail précaire, par la difficulté de subvenir aux besoins des enfants, par le manque de logement ».[279]

Quand la mort transperce de son aiguillon

253. Parfois la vie familiale est affectée par la mort d’un être cher. Nous ne pouvons pas nous lasser d’offrir la lumière de la foi afin d’accompagner les familles qui souffrent en ces moments.[280] Abandonner une famille lorsqu’un décès l’afflige serait un manque de miséricorde, perdre une opportunité pastorale, et cette attitude peut nous fermer les portes pour quelque autre initiative d’évangélisation.

254. Je comprends l’angoisse de celui qui a perdu une personne très aimée, un conjoint avec lequel il a partagé beaucoup de choses. Jésus lui-même s’est ému et s’est mis à pleurer lors de la veillée funèbre d’un ami (cf. Jn 11, 33.35). Et comment ne pas comprendre les pleurs de celui qui a perdu un enfant ? Car c’est « comme si le temps s’arrêtait : un précipice s’ouvre, qui engloutit le passé et aussi l’avenir […]. Parfois, on arrive même à en attribuer la faute à Dieu. Combien de personnes — je les comprends — [s’en prennent à] Dieu ».[281] « Le veuvage est une expérience particulièrement difficile [...]. Au moment où ils doivent en faire l’expérience, certains parviennent à reverser leurs énergies, avec plus de dévouement encore, sur leurs enfants et petits-enfants, trouvant dans cette expression d’amour une nouvelle mission éducative […]. Ceux qui ne peuvent pas compter sur la présence de membres de la famille, auxquels se consacrer et dont ils peuvent recevoir affection et proximité, doivent être soutenus par la communauté chrétienne avec une attention et une disponibilité particulières, surtout s’ils se trouvent dans des conditions d’indigence ». [282]

255. En général, le deuil pour les défunts peut durer longtemps, et lorsqu’un pasteur veut accompagner ce processus, il faut qu’il s’adapte aux besoins de chacune de ses étapes. Tout le processus est jalonné de questions, sur les causes de la mort, sur ce qu’on aurait dû faire, sur ce que vit une personne juste avant la mort. Grâce à un parcours sincère et patient de prière et de libération intérieure, la paix revient. À un certain moment du deuil, il faut aider à découvrir que nous qui avons perdu un être cher, nous avons encore une mission à accomplir, et que cela ne nous fait pas du bien de vouloir prolonger la souffrance, comme si elle constituait un hommage. La personne aimée n’a pas besoin de notre souffrance et ce n’est pas flatteur pour elle que nous ruinions nos vies. Ce n’est pas non plus la meilleure expression d’amour que de se souvenir d’elle et de la nommer à chaque instant, car c’est s’accrocher à un passé qui n’existe plus, au lieu d’aimer cet être réel qui maintenant est dans l’au-delà. Sa présence physique n’est plus possible, mais si la mort est une chose puissante, « l’amour est fort comme la mort » (Ct 8, 6). L’amour a une intuition qui lui permet d’écouter sans sons et de voir dans l’invisible. Il ne s’agit pas d’imaginer l’être aimé tel qu’il était, sans pouvoir l’accepter transformé, tel qu’il est à présent. Jésus ressuscité, lorsque son amie Marie a voulu l’embrasser de force, lui a demandé de ne pas le toucher (cf. Jn 20, 17), pour la conduire à une rencontre différente.

256. Nous sommes consolés de savoir que la destruction complète de ceux qui meurent n’existe pas, et la foi nous assure que le Ressuscité ne nous abandonnera jamais. Ainsi, nous pouvons empêcher la mort de « nous empoisonner la vie, de rendre vains nos liens d’affection, de nous faire tomber dans le vide le plus obscur ».[283] La Bible parle d’un Dieu qui nous a créés par amour, et qui nous a faits de telle manière que notre vie ne finit pas avec la mort (cf. Sg 3, 2-3). Saint Paul nous fait part d’une rencontre avec le Christ immédiatement après la mort : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ » (Ph 1, 23). Avec lui, après la mort, nous attend « ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment » (1 Co 2, 9). La préface de la Liturgie des défunts dit merveilleusement : « Si la loi de la mort nous afflige, la promesse de l’immortalité nous apporte la consolation. Car pour ceux qui meurent en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ». En effet « nos proches n’ont pas disparu dans l’obscurité du néant : l’espérance nous assure qu’ils sont entre les mains bonnes et fortes de Dieu ».[284]

257. Une façon de communiquer avec les proches décédés est de prier pour eux. [285] La Bible affirme que « prier pour les morts » est une pensée « sainte et pieuse » (2 M 12, 44-45). Prier pour eux « peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur ».[286] L’Apocalypse présente les martyrs intercédant pour ceux qui subissent l’injustice sur terre (cf. Ap 6, 9-11), solidaires de ce monde en chemin. Certains saints, avant de mourir, consolaient leurs proches en leur promettant qu’ils seraient proches pour les aider. Sainte Thérèse de Lisieux faisait part de son désir de passer son Ciel à continuer de faire du bien sur la terre.[287] Saint Dominique affirmait qu’« il serait plus utile après  la mort […]. Plus puissant pour obtenir des grâces ».[288] Ce sont des liens d’amour,[289] car « l’union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence ; au contraire, selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcée par l’échange des biens spirituels ».[290]

258. Si nous acceptons la mort, nous pouvons nous y préparer. Le parcours est de grandir dans l’amour envers ceux qui cheminent avec nous, jusqu’au jour où « il n’y aura plus de mort, ni de pleur, ni de cri ni de peine » (Ap 21, 4). Ainsi, nous nous préparerons aussi à retrouver les proches qui sont morts. Tout comme Jésus a remis le fils qui était mort à sa mère (cf. Lc 7, 15), il en sera de même avec nous. Ne perdons pas notre énergie à rester des années et des années dans le passé. Mieux nous vivons sur cette terre, plus grand sera le bonheur que nous pourrons partager avec nos proches dans le ciel. Plus nous arriverons à mûrir et à grandir, plus nous pourrons leur apporter de belles choses au banquet céleste.  
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