Le pape a présidé l’ordination épiscopale de deux évêques, ce samedi 19 mars, en la basilique Saint-Pierre : Mgr Peter Brian Wells, des Etats-Unis, nommé en février dernier comme nonce apostolique en Afrique du Sud, au Botswana, au Lesotho, et en Namibie, et Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, espagnol, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Homélie du pape François :
Très chers frères et sœurs,
Cela nous fera du bien de réfléchir attentivement à la haute responsabilité ecclésiale à laquelle sont promus nos frères.
Notre Seigneur Jésus-Christ, envoyé par le Père pour racheter les hommes, envoya à son tour dans le monde les douze apôtres afin que, remplis de la puissance de l’Esprit Saint, ils annoncent l’Évangile à tous les peuples et qu’en les réunissant sous un unique pasteur, ils les sanctifient et les guident vers le salut.
Afin de perpétuer de génération en génération ce ministère apostolique, les Douze s’associèrent des collaborateurs en leur transmettant par l’imposition des mains le don de l’Esprit reçu du Christ, qui conférait la plénitude du sacrement de l’Ordre. Ainsi, à travers la succession ininterrompue des évêques dans la tradition vivante de l’Église, ce ministère premier s’est conservé et l’œuvre du Sauveur continue et se développe jusqu’à notre époque. En l’évêque, entouré de ses prêtres, notre Seigneur Jésus-Christ lui même, grand prêtre pour l’éternité, est présent au milieu de vous.
En effet, c’est le Christ qui, dans le ministère de l’évêque, continue de prêcher l’Évangile du salut et de sanctifier les croyants, par le moyen des sacrements de la foi. C’est le Christ qui, dans la paternité de l’évêque, ajoute de nouveaux membres à son corps qu’est l’Église. C’est le Christ qui, dans la sagesse et la prudence de l’évêque, guide le peuple de Dieu dans son pèlerinage terrestre jusqu’au bonheur éternel. Le Christ qui prêche, le Christ qui fait l’Église, qui féconde l’Église, le Christ qui guide : c’est cela, l’évêque.
Accueillez donc avec joie et gratitude ces frères, qu’aujourd’hui nous, les évêques, nous associons au collège épiscopal par l’imposition des mains. Rendez-leur l’honneur qui est dû aux ministres du Christ et aux dispensateurs des mystères de Dieu, à qui sont confiés le témoignage de l’Évangile et le ministère de l’Esprit pour la sanctification. Souvenez-vous des paroles de Jésus aux Apôtres : « Celui qui vous écoute, m’écoute ; celui qui vous rejette, me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé ».
Quant à vous, très chers frères, élus du Seigneur, pensez que vous avez été choisis parmi les hommes et pour les hommes, vous avez été instruits des choses qui concernent Dieu. L’« Épiscopat » est, en effet, le nom d’un service, pas d’un honneur. Puisqu’à l’évêque il revient davantage de servir que de dominer, selon le commandement de notre Maître : « Que le plus grand d’entre vous, devienne comme le plus jeune. Et le chef, comme celui qui sert ». Soyez serviteurs. De tous : des plus grands et des plus petits. De tous. Mais toujours serviteurs, en service.
Annoncez la Parole en toute occasion : opportune ou non opportune. Corrigez, réprimandez, exhortez en toute magnanimité et avec la doctrine. C’est par l’oraison et l’offrande du sacrifice pour votre peuple que vous puiserez dans la plénitude de la sainteté du Christ la richesse multiforme de la grâce divine. N’oubliez pas que la première tâche de l’évêque est la prière. C’est Pierre qui l’a dit, le jour de l’élection des sept diacres. La deuxième tâche, l’annonce de la Parole. Ensuite viennent les autres. Mais la première est la prière. Si un évêque ne prie pas, il ne pourra rien faire.
Dans l’Église qui vous est confiée, soyez de fidèles gardiens et dispensateurs des mystères du Christ, mis par le Père à la tête de sa famille ; suivez toujours l’exemple du Bon Pasteur, qui connaît ses brebis : derrière chaque papier il y a une personne. Derrière chaque lettre que vous recevrez, il y a une personne. Que cette personne soit connue de vous et que vous soyez capables de la connaître.
Aimez avec un amour de père et de frère tout ceux que Dieu vous confie. Avant tout, les prêtres et les diacres. Cela fait pleurer quand tu entends qu’un prêtre demande à parler avec son évêque et que la secrétaire ou le secrétaire lui dit : « Il a tellement de choses à faire, il ne pourra pas te recevoir avant trois mois ». Le premier prochain de l’évêque est son prêtre, son premier prochain. Si tu n’aimes pas ton premier prochain, tu ne seras jamais capable de les aimer tous. Proches des prêtres, des diacres, de vos collaborateurs dans le ministère ; proches des pauvres, des sans-défense et de ceux qui ont besoin d’accueil et d’aide. Regardez les fidèles dans les yeux ! Pas de travers, dans les yeux, pour voir leur cœur. Et que ton fidèle, qu’il soit prêtre, diacre ou laïc, puisse voir ton cœur. Mais regardez toujours dans les yeux.
Ayez une grande attention pour ceux qui n’appartiennent pas à l’unique bergerie du Christ, parce qu’eux aussi vous ont vraiment été confiés dans le Seigneur. Rappelez vous que, dans l’Église catholique réunie par le lien de la charité, vous êtes unis au Collège des évêques et vous devez porter en vous la sollicitude de toutes les Églises, secourant généreusement celles qui ont le plus besoin d’aide.
Veillez avec amour sur tout le troupeau dans lequel l’Esprit Saint vous place pour gouverner l’Église de Dieu. Et ceci faites-le au nom du Père, de qui vous rendez l’image présente ; au nom de Jésus-Christ, son Fils, par qui vous êtes institués maîtres, prêtres et pasteurs ; au nom de l’Esprit Saint qui donne vie à l’Église et qui, avec sa puissance, soutient notre faiblesse.
Que le Seigneur vous accompagne, qu’il vous soit proche sur cette route que vous commencez aujourd’hui.