« Le nom de Dieu est le Miséricordieux » : le pape François a donné sur ce thème sa première catéchèse d’un nouveau cycle sur la miséricorde dans la Bible.
L’audience générale de ce mercredi 13 janvier s’est déroulée à 10h dans la salle Paul VI du Vatican où le pape François a rencontré des groupes de pèlerins et de fidèles venus d’Italie et du monde entier.
Le pape a lancé un nouveau cycle de catéchèses sur la miséricorde dans une perspective biblique et il s’est arrêté aujourd’hui en particulier sur le thème : « Le nom de Dieu est le Miséricordieux » (Exode 34,5-7a).
Catéchèse du pape François en italien :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, nous commençons les catéchèses sur la miséricorde dans une perspective biblique, afin d’apprendre la miséricorde en écoutant ce que Dieu lui-même nous enseigne par sa parole. Nous partons de l’Ancien Testament, qui nous prépare et nous conduit à la pleine révélation de Jésus-Christ, en qui se révèle de manière accomplie la miséricorde du Père.
Dans l’Écriture Sainte, le Seigneur est présenté comme « Dieu miséricordieux ». C’est son nom, à travers lequel il nous révèle, pour ainsi dire, son visage et son cœur. Comme le raconte le livre de l’Exode, en se révélant à Moïse, Dieu se définit lui-même ainsi : « Le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité » (34,6-7). Dans d’autres textes aussi, nous retrouvons cette formule, avec quelques variantes, mais l’insistance est toujours mise sur la miséricorde et sur l’amour de Dieu qui ne se lasse jamais de pardonner (cf. Jn 4,2 ; Jo 2,13 ; Ps 86,15 ; 103,8 ; 145,8 ; Ne 9,17). Voyons ensemble, une par une, ces paroles de la Sainte Écriture qui nous parlent de Dieu.
Le Seigneur est « miséricordieux » : ce mot évoque une attitude de tendresse comme celle d’une mère à l’égard de son fils. En effet, le terme hébreu employé par la Bible fait penser aux entrailles ou encore au sein maternel. C’est pourquoi, l’image qu’il suggère est celle d’un Dieu qui se laisse émouvoir et attendrir par nous, comme une mère quand elle prend son petit enfant dans ses bras, désireuse de seulement aimer, protéger, aider, prête à tout donner, et à se donner. C’est l’image que suggère ce terme. Un amour, donc, qui peut se définir comme « viscéral », dans le bon sens du terme.
Il est ensuite écrit que le Seigneur est « tendre », dans le sens où il fait grâce, il a compassion et, dans sa grandeur, il se penche sur celui qui est faible et pauvre, toujours prêt à accueillir, à comprendre, à pardonner. Il est comme le père de la parabole rapportée dans l’Évangile de Luc (cf. Lc 15,11-32) : un père qui ne s’enferme pas dans le ressentiment parce que son plus jeune fils l’a abandonné, mais qui, au contraire, continue de l’attendre – il l’a engendré – et puis qui court à sa rencontre et l’embrasse, ne lui laisse même pas terminer sa confession – comme s’il lui couvrait la bouche – tant son amour et sa joie de l’avoir retrouvé sont grands ; et ensuite, il va même appeler son fils aîné qui s’indigne et ne veut pas participer à la fête, ce fils qui est toujours resté à la maison, mais en vivant davantage comme un serviteur que comme un fils ; et sur lui aussi, le père se penche, l’invite à entrer, cherche à ouvrir son cœur à l’amour pour que personne ne soit exclu de la fête de la miséricorde. La miséricorde est une fête !
De ce Dieu miséricordieux, il est aussi dit qu’il est « lent à la colère », littéralement « long de respiration », c’est-à-dire avec la respiration ample de la longanimité et de la capacité à supporter. Dieu sait attendre, son temps n’est pas le temps impatient des hommes ; Il est comme l’agriculteur sage qui sait attendre, qui laisse au bon grain le temps de pousser malgré l’ivraie (cf. Mt 13,24-30).
Et enfin, le Seigneur se proclame « plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité ». Comme elle est belle, cette définition de Dieu ! Il y a tout. Parce que Dieu est grand et puissant, mais cette grandeur et cette puissance se déploient dans son amour pour nous, nous qui sommes si petits, si incapables. Le terme d’ « amour », employé ici, indique l’affection, la grâce, la bonté. Ce n’est pas l’amour des feuilletons télévisés… C’est l’amour qui fait le premier pas, qui ne dépend pas des mérites humains mais d’une immense gratuité. C’est la sollicitude divine que rien ne peut arrêter, pas même le péché, parce qu’elle sait aller au-delà du péché, vaincre le mal et le pardonner.
Une « fidélité » sans limites : voilà le dernier mot de la révélation de Dieu à Moïse. La fidélité de Dieu ne diminue jamais, parce que le Seigneur est le gardien qui, comme le dit le psaume, ne s’endort pas mais veille continuellement sur nous pour nous conduire à la vie :
« Qu'il empêche ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas, ton gardien. Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël. (...) Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais » (121,3-4 ; 7-8 ).
Et ce Dieu miséricordieux est fidèle dans sa miséricorde et saint Paul dit quelque chose de beau : si tu ne lui es pas fidèle, lui demeurera fidèle parce qu’il ne peut pas se renier. La fidélité dans la miséricorde est précisément l’être de Dieu. Et c’est pourquoi Dieu est totalement et toujours fiable. Une présence solide et stable. C’est cela, la certitude de notre foi. Et alors, en ce Jubilé de la miséricorde, faisons-lui totalement confiance et expérimentons la joie d’être aimés par ce « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité ».