Le pape a en effet présidé la messe au Centre d’hébergement de la Caritas de Rome, ce vendredi 18 décembre, en fin d’après midi, après avoir ouvert la Porte sainte de la charité, la quatrième Porte sainte ouverte par le pape François après Bangui (29 novembre), Saint-Pierre (8 décembre) et le Latran (13 décembre).
Homélie du pape François :
Dieu vient nous sauver et il ne trouve de meilleur moyen pour le faire que d'avancer avec nous, vivre notre vie. Au moment de choisir la manière, pour vivre sa vie, Il n’a pas choisi une grande ville d'un grand empire, il n’a pas choisi une principauté, une comtesse comme mère, une personne importante, il n’a pas choisi une maison luxueuse. Il semble que tout cela se soit fait intentionnellement d’une façon pratiquement cachée. Marie était une jeune fille de 16/17 ans, pas plus, dans un village perdu aux limites de l'Empire romain ; certainement personne ne connaissait ce village. Joseph était un jeune homme qui l'aimait et qui voulait l'épouser, un charpentier qui gagnait son pain quotidien. Tout dans la simplicité, de manière cachée. Même la répudiation… Car ils étaient fiancés et, dans un si petit village, vous savez comment vont les commérages, ils circulent, et Joseph s'est aperçu qu'elle était enceinte, mais il était juste. Tout dans le secret, malgré la calomnie et les bavardages. Et l'Ange explique le mystère à Joseph : « Cet enfant, que ta fiancée porte en elle, est l’œuvre de Dieu, c’est l’œuvre de l'Esprit Saint. » « Quand Joseph se réveilla du songe il fit ce que lui avait ordonné l'Ange du Seigneur », il alla chez elle et la prit comme épouse (cf. Mt 1, 18-25). Mais tout en cachette, tout dans l’humilité. Les grandes villes du monde n'en savaient rien. Et Dieu est comme cela parmi nous. Si tu veux chercher Dieu, cherche-le avec humilité, cherche-le dans la pauvreté, cherche-le là où Il est caché : dans ceux qui sont dans le besoin, dans les plus démunis, parmi les malades, parmi les affamés, parmi les prisonniers.
Quand Jésus nous prêche la vie, il nous dit comment nous serons jugés. Il ne dira pas : Toi, viens avec moi parce que tu as fait de nombreuses et belles offrandes à l’Église, tu es un bienfaiteur de l’Église, viens, viens au Ciel. Non ! L'entrée dans le Ciel ne se paie pas avec de l'argent. Il ne dira pas : tu es très important, tu as beaucoup étudié et tu as eu de nombreux honneurs, viens au Ciel. Non ! Les honneurs n'ouvrent pas la porte du Ciel. Que dira Jésus pour nous ouvrir la porte du Ciel ? « J'étais affamé et tu m'as donné à manger ; j'étais sans domicile et tu m'as donné une maison ; j'étais malade et tu es venu me voir ; j'étais en prison et tu es venu me voir » (cf. Mt 25, 35-36). Jésus est dans l'humilité.
L'amour de Jésus est grand. C'est pour cela qu'aujourd'hui, en ouvrant la Porte sainte, je voudrais que l'Esprit Saint ouvre le cœur de tous les Romains, qu'il leur fasse voir quelle est la route du salut ! Ce n'est pas le luxe, ce n'est pas la route des grandes richesses, ce n'est pas la route du pouvoir. C'est la route de l'humilité. Les plus pauvres, les malades, les prisonniers – Jésus va plus loin – les plus grands pécheurs, s'ils se repentent, nous précèderont au Ciel. Ils ont les clefs. Celui qui pratique la charité est celui qui se laisse embrasser par la miséricorde du Seigneur.
Aujourd'hui, nous ouvrons cette Porte et nous demandons deux choses. Premièrement, que le Seigneur ouvre la porte de notre cœur, à tous. Nous en avons tous besoin, nous sommes tous pêcheurs, nous avons tous besoin d'entendre la Parole du Seigneur et que la Parole du Seigneur vienne. Deuxièmement, que le Seigneur fasse comprendre que la route de la présomption, la route de la richesse, la route de la vanité, la route de l'orgueil ne sont pas des routes du salut. Que le Seigneur fasse comprendre que sa caresse de Père, sa miséricorde, son pardon, c'est quand nous nous approchons de ceux qui souffrent, de ceux qui sont mis à l'écart de la société : c’est là qu’est Jésus. Que cette porte, qui est la Porte de la charité, la Porte où viennent beaucoup sont assistés, beaucoup de rejetés, nous fasse comprendre qu'il serait bien que chacun de nous, chaque Romain, tous les Romains, se sente mis à l'écart, et ressente le besoin d’être aidé par Dieu. Aujourd'hui, nous prions pour Rome, pour tous les habitants de Rome, pour tous, en commençant par moi, afin que le Seigneur nous donne la grâce de nous sentir mis à l’écart ; parce que nous, nous n’avons aucun mérite : c'est seulement Lui qui nous donne la miséricorde et la grâce. Et pour nous approcher de cette grâce, nous devons nous approcher de ceux qui sont mis à l'écart, des pauvres, de ceux qui ont le plus besoin, parce que nous serons tous jugés sur cet acte de s'approcher. Qu'aujourd'hui, en ouvrant la porte, le Seigneur donne cette grâce à tout Rome, à tous les habitants de Rome, afin de pouvoir aller de l'avant dans cet embrassement de la miséricorde, où le père prend son fils blessé, mais celui qui est blessé, c'est le père : Dieu est blessé d'amour, c'est pour cela qu'il est capable de tous nous sauver. Que le Seigneur nous donne cette grâce.
Paroles après la messe
Noël est proche, le Seigneur est proche. Quand il est né, le Seigneur était là, dans cette mangeoire, personne ne s'apercevait qu'il était Dieu. Pour ce Noël je voudrais que le Seigneur naisse dans le cœur de chacun de nous, caché… de sorte que personne ne s'en aperçoive, mais que le Seigneur y soit. Je vous souhaite cela, ce bonheur de la proximité du Seigneur.
Priez pour moi et je prie pour vous. Merci.