Le pape François relance le défi de vaincre l’indifférence et de promouvoir une culture de la solidarité.
Le pape a reçu en audience les ambassadeurs de Guinée-Conakry, de Lettonie, d’Inde et du Bahreïn à l’occasion de la présentation de leurs lettres de créance, ce jeudi 17 décembre, dans la salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican.
Discours du pape François :
Messieurs les Ambassadeurs,
Je vous accueille avec joie à l’occasion de la présentation des lettres qui vous accréditent comme ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays auprès du Saint-Siège : la Guinée, la Lettonie, l’Inde et le Bahreïn. Je vous remercie pour les salutations que vous m’avez transmises de la part de vos chefs d’État respectifs et, en échange, je désire leur faire parvenir, par votre aimable intermédiaire, mes meilleurs vœux pour leurs personnes et pour l’exercice de la haute mission qui leur est confiée. Je prie Dieu d’accorder à tous vos concitoyens une vie paisible et prospère.
Il y a deux jours, le Message pour la prochaine Journée mondiale de la paix a été publié. J’ai choisi comme thème : « Gagne sur l’indifférence et remporte la paix ! » Je suis heureux de l’occasion de ce jour pour partager avec vous l’attention que je porte à ce défi si important : collaborer pour promouvoir dans le monde une culture de la solidarité, qui puisse contrecarrer cette mondialisation de l’indifférence qui est malheureusement une des tendances négatives de notre époque. Les formes sous lesquelles cette attitude d’indifférence se manifeste sont multiples, et diverses sont aussi les causes qui concourent à l’alimenter, mais elles se réfèrent essentiellement à un humanisme déséquilibré, où l’homme a pris la place de Dieu et, par conséquent, est resté à son tour victime de différentes formes d’idolâtrie. La très grave crise écologique que nous traversons peut aussi s’expliquer par ce déséquilibre anthropologique (cf. encyclique Laudato si’, 115-121).
L’indifférence à l’égard de Dieu, celles vis-à-vis du prochain ou vis-à-vis de l’environnement sont liées et s’alimentent mutuellement ; et c’est pourquoi on ne peut les combattre que par une réponse qui les affrontent toutes ensemble, c’est-à-dire par un nouvel humanisme qui resitue l’être humain dans sa juste relation avec le Créateur, avec les autres et avec la création. Il s’agit, comme je le disais, de promouvoir une culture de la solidarité et du partage, et cela requiert l’engagement de ceux qui ont des responsabilités dans les domaines politique, social, culturel et éducatif. Dans ce défi, les media jouent aussi un rôle décisif, eux qui, de nos jours, influencent considérablement les comportements personnels et sociaux. Il est donc nécessaire de miser sur la qualification professionnelle et éthique des acteurs de ce secteur. En même temps, il demeure indispensable de continuer à investir dans l’école, conçue non pas de manière isolée mais en relation constante avec les familles et avec le contexte social, en collaborant pour renforcer une alliance éducative qui s’est beaucoup affaiblie dans un certain nombre de pays.
Tout cela est nécessaire pour vaincre l’indifférence et construire la paix. L’année qui va se conclure a été malheureusement marquée par une multiplication de conflits violents, liés à la guerre ou au terrorisme. D’autre part, cette situation provoque de plus en plus, dans les consciences plus mûres, une réaction non violente, mais spirituelle et morale. C’est celle-là que nous voulons et devons alimenter avec les moyens à notre disposition et en fonction de nos responsabilités. Avec le Jubilé de la miséricorde, l’Église catholique, selon sa mission propre, se propose de diffuser dans le monde entier l’esprit de pardon et de réconciliation, appelant les fidèles ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté à s’ouvrir au don de la grâce de Dieu et à pratiquer ce que sont, dans notre tradition, les « œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles ». « Les États sont aussi appelés à des gestes concrets, à des actes de courage à l’égard des personnes les plus fragiles de leurs sociétés, comme les prisonniers, les migrants, les chômeurs et les malades » (Message pour la Journée mondiale de la paix 2016, 8 ). En outre, en cette année jubilaire, je désire formuler « un appel pressant aux responsables des États à accomplir des gestes concrets en faveur de nos frères et sœurs qui souffrent à cause du manque de travail, de terre et de toit » (ibid.). Sur le plan international, je souhaite vivement que toutes les nations s’engagent à renouveler leurs relations avec les autres, coopérant effectivement pour faire aussi grandir la fraternité dans la grande famille des peuples (cf. ibid.).
Messieurs les Ambassadeurs, avant de conclure ces réflexions, je voudrais adresser, par votre intermédiaire, mes salutations fraternelles aux pasteurs et aux fidèles des communautés catholiques présentes dans vos pays. Je les encourage cordialement à toujours collaborer loyalement pour le bien commun de toute la société. Plus et mieux ils pourront le faire, plus leur sera reconnue de manière effective la pleine liberté religieuse. Pour sa part, le Saint-Siège s’honore de pouvoir instaurer avec chacun de vous et avec les pays que vous représentez un dialogue ouvert et respectueux et une collaboration constructive. Dans cette perspective, alors que votre nouvelle mission commence officiellement, je vous adresse mes meilleurs vœux, vous assurant du soutien constant des différents bureaux de la Curie romaine, pour l’exercice de votre fonction. Sur chacun de vous, sur vos familles et sur vos collaborateurs, j’invoque l’abondance des bénédictions divines.
Merci.