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Sujet: Au Vatican, Fête de Notre-Dame de Guadalupe Dim 13 Déc 2015 - 17:12
Samedi 12 Décembre 2015
Au Vatican, Fête de Notre-Dame de Guadalupe
Le Pape François a présidé ce samedi soir 12 décembre une messe à la basilique Saint-Pierre au Vatican à l’occasion de la fête de Notre-Dame de Guadalupe, Sainte patronne de l’Amérique Latine. En ce 12 décembre, l’Eglise commémore en effet l’anniversaire de ses apparitions à l’Indien Juan Diego, canonisé en 2002 par Jean-Paul II. En cette année jubilaire, le Saint-Père souhaite confier à Notre-Dame de Guadalupe, mère de miséricorde, cette Année Sainte. A l'issue de la cérémonie, le Saint-Siège a publié le programme du voyage du Pape au Mexique. Le Saint-Père s'y rendra du 12 au 18 février 2016, avec comme temps-fort justement la visite du sanctuaire de Guadalupe, le 13 février.
Lors de son homélie, prononcée en espagnol, le Pape a rappelé que le terme "miséricorde" était composé de deux mots différents: misère et cœur. « Le Verbe s'est fait chair avec l'intention de partager nos fragilités » a expliqué François, soulignant qu'aucun péché ne peut annuler sa proximité miséricordieuse, ni nous empêcher de mettre en acte sa grâce de conversion. Au contraire, a poursuivi le Saint-Père, « le péché lui-même fait resplendir avec une force plus grande encore l'amour de Dieu le Père.»
Cette miséricorde de Dieu nous est donnée par l'Esprit, qui renouvelle la face de la terre, et rend possible le miracle d'une vie plus humaine, pleine de joie et d'espérance. Le Pape a aussi expliqué que « la plus grande miséricorde résidait dans la présence du Seigneur parmi nous, sa compagnie. Ainsi, rien ne peut nous priver de cette paix et sérénité, malgré les souffrances et les épreuves de la vie ». Annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, a encore précisé le Saint-Père, en accomplissant des oeuvres de miséricorde, est un bon moyen de se préparer à la venue de Jésus à Noël.
Notre-Dame de Guadalupe, les souffrances et les joies des peuples américains
Le Pape s'est ensuite tournée vers la Vierge, que la prière du Salve Regina nous présente comme "mère de miséricorde", lui demandant à ce qu'elle snous aide ò comprendre combien Dieu nous aime. « A Marie très sainte, nous confions les souffrances et les joies des peuples de tout le continent américain, qui l'aiment comme une mère et la reconnaissent comme patronne, dans la dévotion de Notre-Dame de Guadalupe. A elle, nous demandons que cette année jubilaire soit des semailles d'un amour miséricordieux dans le coeur des personnes, des familles, des nations. »
Le Souverain Pontife a souhaité que la Vierge nous aide à nous convertir, pour que les communautés chrétiennes deviennent des oasis et des sources de miséricorde, et témoins d'une charité qui n'admet aucune exclusion. En citant Notre-dame de Guadalupe, François a ainsi confirmé, en sortant de son texte, qu'il irait la vénérer le 13 février prochain dans son sanctuaire, lors de son voyage apostolique au Mexique.
« Le Seigneur, ton Dieu, est au milieu de toi […]. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira » (So 3,17-18). Ces paroles du prophète Sophonie, adressées à Israël, peuvent être aussi adressées à notre Mère, la Vierge Marie, à l’Église et à chacun de nous, à notre âme, aimée de Dieu d’un amour miséricordieux. Oui, Dieu nous aime au point d’avoir en nous sa joie et de se réjouir avec nous. Il nous aime d'un amour gratuit, sans limites, sans rien attendre en échange. Le pélagianisme ne lui plaît pas. Cet amour miséricordieux est l'attribut le plus surprenant de Dieu, la synthèse en laquelle est concentré le message évangélique, la foi de l’Église.
Le mot « miséricordieux » est composée de deux mots : misère et cœur. Le cœur indique la capacité d'aimer ; la miséricorde est l'amour qui embrasse la misère de la personne. C'est un amour qui « sent » notre indigence comme si c’était la sienne, avec l'objectif de nous en libérer. « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. » (1 Jn 4,10). « Le Verbe s'est fait chair » - Dieu n'aime pas non plus le gnosticisme - : il a voulu partager toutes nos fragilités ; il a voulu expérimenter notre condition humaine, jusqu'à se charger de la Croix de toute la douleur de l'existence humaine. Telle est la profondeur de sa compassion et de sa miséricorde : s'humilier pour se transformer en une compagnie et un service de l'humanité blessée. Aucun péché ne peut effacer sa proximité miséricordieuse, ni l'empêcher de mettre en actes sa grâce de conversion, à condition que nous l'invoquions. Au contraire, le péché lui-même fait resplendir avec une plus grande force l'amour de Dieu le Père qui, pour racheter l'esclave, a sacrifié son fils. Cette miséricorde de Dieu nous rejoint par le don de l'Esprit Saint qui, dans le baptême, rend possible, génère et alimente la vie nouvelle de ses disciples. Si grands et graves que puissent être les péchés du monde, l'Esprit, qui renouvelle la face de la terre, rend possible le miracle d'une vie plus humaine, pleine de joie et d'espérance.
Et nous aussi, nous crions avec joie : « Le Seigneur est mon Dieu et mon Sauveur ! ». « Le Seigneur est proche », c'est l'apôtre Paul qui dit cela, rien ne doit nous faire peur, il est proche. Et il n'est pas seul, il est avec sa Mère. Elle disait à saint Juan Diego : « Pourquoi as-tu peur ? Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ? ». Il est proche. Lui et sa Mère. La plus grande miséricorde est dans le fait qu'elle soit au milieu de nous, dans sa présence et sa compagnie. Elle marche avec nous, nous montre la route de l'amour, elle nous relève quand nous tombons – elle le fait avec tendresse ! - elle nous soutient dans nos fatigues, elle nous accompagne dans toutes les circonstances de notre existence. Elle nous ouvre les yeux pour que nous voyions nos misères et celles du monde, mais en même temps elle nous remplit d'espérance. « Et la paix de Dieu […] gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus.» (Ph 4,7), nous dit Paul. Ceci est la source de notre vie pacifiée et heureuse. Rien ni personne ne peut nous priver de cette paix et de ce bonheur, malgré les souffrances et les épreuves de la vie. Avec sa tendresse, le Seigneur nous ouvre son cœur, il nous ouvre son amour. Le Seigneur est allergique à la rigidité. Cultivons cette expérience de miséricorde, de paix et d'espérance, pendant le chemin de l'Avent que nous sommes en train de parcourir à la lumière de l'Année jubilaire. Annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, comme Jean Baptiste, en accomplissant des œuvres de miséricorde, est une bonne manière d'attendre la venue de Jésus dans la Nativité. En l'imitant, lui qui a tout donné, qui s'est entièrement donné. C'est cela sa miséricorde, sans rien attendre en échange.
Dieu se réjouit et se complaît de manière toute spéciale en Marie. Dans une des prières les plus chères au peuple chrétien, le Salve Regina, nous appelons Marie « Mère de miséricorde ». Elle a expérimenté la miséricorde divine, et elle a accueilli dans son sein la source même de cette miséricorde : Jésus Christ. Elle qui a toujours vécu intimement unie à son Fils, elle sait mieux que quiconque ce qu'il veut : que tous les hommes soient sauvés, que personne ne vienne jamais à manquer de la tendresse et de la consolation de Dieu. Que Marie, Mère de Miséricorde, nous aide à comprendre combien Dieu nous aime.
À la Très Sainte Vierge Marie, confions les souffrances et les joies des peuples de tout le continent américain, qui l'aiment comme une mère, la reconnaissent comme leur « sainte patronne », sous le vocable de Notre Dame de Guadalupe. Que « la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, pour que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu » (Bulle Misericordiae Vultus, 24). Demandons-lui, en cette année jubilaire, d’être une graine d'amour miséricordieux dans le cœur des personnes, des familles et des nations ; qu'elle continue de nous répéter : « N'aie pas peur ! Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ? », Mère de Miséricorde. Que nous nous convertissions en devenant miséricordieux, et que les communautés chrétiennes sachent être des oasis et des sources de miséricorde, témoins d’une charité qui n'admet pas d'exclusions. Pour le demander d'une manière forte, j’irai la vénérer dans son sanctuaire le 13 février prochain, au cours d’un voyage. Ainsi je lui demanderai tout cela pour toute l'Amérique, dont elle est tout spécialement la Mère. Je la supplie de guider les pas de son peuple américain, peuple pèlerin qui cherche la Mère de la Miséricorde, et ne lui demande qu'une seule chose : lui montrer son fils Jésus.