Le pape a en effet rencontré cinq victimes d’abus sexuels – de la part de membres du clergé ou de leurs familles – ce dimanche matin, 27 septembre, au séminaire Saint-Charles-Borromée de Philadelphie (États-Unis). Il en a ensuite parlé aux cardinaux et évêques du monde présents pour la Rencontre mondiale des familles, qu’il a rencontrés dans ce même séminaire.
« Je vous promets que nous suivrons la voie de la vérité, où qu’elle nous conduise. Le clergé et les évêques seront appelés à rendre compte s’ils ont abusé d’enfants ou s’ils ont été incapables de les protéger », a déclaré le pape.
Il invite les victimes à parler : « Les abus sexuels sur des enfants ne doivent plus être un secret ni une honte. »
Et d’ajouter cette promesse : « Nous promettons de soutenir votre guérison et d’être toujours vigilants pour protéger les enfants d’aujourd’hui et de demain. »
Et puis cette demande du pape, « humblement », s’identifiant aux disciples d’Emmaüs, et les victimes au Christ lui-même : « Je vous prie humblement, vous et toutes les victimes d’abus, de rester avec nous, de rester avec l’Église afin qu’ensemble, comme des pèlerins du voyage de la foi, nous puissions trouver le chemin pour arriver au Père. »
Allocution du pape François :
Mes chers frères et sœurs dans le Christ!
Je suis reconnaissant pour cette occasion de vous rencontrer: votre présence est pour moi une bénédiction. Merci d’être venus ici aujourd’hui.
Les paroles ne réussissent pas à exprimer pleinement ma douleur pour l’abus que vous avez souffert.
Vous êtes de précieux enfants de Dieu et vous devriez toujours attendre de nous notre protection, nos soins, et notre amour.
Je suis profondément désolé du fait que votre innocence ait été violée par ceux à qui vous vous confiiez.
Dans certains cas, la confiance a été trahie par des membres de votre famille même, dans d’autres cas, par des prêtres qui ont la responsabilité sacrée du soin des âmes.
Dans tous les cas, la trahison a été une terrible violation de la dignité humaine.
Pour ceux qui ont subis des abus de la part de membres du clergé, je suis profondément désolé pour toutes les fois où vous ou vos familles avez dénoncé les abus et où vous n’ayez pas été écoutés ou cru.
Je vous prie de croire que le Saint-Père vous écoute et vous crois.
Je suis profondément désolé que certains évêques aient manqué à leur responsabilité de protéger les enfants.
C’est très préoccupant de savoir que dans certains cas ce sont des évêques qui ont eux-mêmes commis des abus.
Je vous promets que nous suivrons la voie de la vérité, où qu’elle nous conduise.
Le clergé et les évêques seront appelés à rendre compte s’ils ont abusé d’enfants ou s’ils ont été incapables de les protéger
Nous sommes réunis à Philadelphie pour célébrer le don de Dieu qu’est la vie en famille. A l’intérieur de notre famille de foi et dans nos familles humaines, le péché et le crime des abus sexuels sur des enfants ne doivent plus être un secret ni une honte.
Alors que nous attendons l’Année jubilaire de la Miséricorde, votre présence – généreuse, en dépit de la colère et de la souffrance que vous avez expérimentées – nous révèle le cœur miséricordieux du Christ.
Vos histoires de victimes, chacune unique et bouleversante, sont un signe puissant de l’espérance qui vient de la promesse du Seigneur qui sera avec nous, toujours.
Je suis heureux de savoir que vous avez amené des membres de vos familles et des amis à cette rencontre d’aujourd’hui. Je leur suis reconnaissant de leur soutien affectueux et je prie pour que de nombreuses personnes, dans l’Eglise, sachent répondre à la nécessité d’accompagner ceux qui ont subi des abus.
Que la porte de la miséricorde soit grand ouverte dans nos diocèses, dans nos paroisses, dans nos maisons, et dans nos cœurs pour recevoir ceux qui ont subi des abus et pour chercher la voie du pardon dans la confiance dans le Seigneur.
Nous promettons de soutenir votre guérison et d’être toujours vigilants pour protéger les enfants d’aujourd’hui et de demain.
Lorsque les disciples qui cheminaient auprès de Jésus, en se dirigeant vers Emmaüs, reconnurent qu’Il était le Seigneur ressuscité, ils lui demandèrent de demeurer avec eux. Comme ces disciples, je vous prie humblement, vous et toutes les victimes d’abus de rester avec nous, de rester avec l’Eglise afin qu’ensemble, comme des pèlerins du voyage de la foi, nous puissions trouver le chemin pour arriver au Père.