La première journée en Équateur s’est achevée dans le centre historique de Quito, une journée particulièrement riche que le Pape a partagée avec une foule immense d’Équatoriens en liesse, que ce soit au parc de Los Samanes de Guayaquil où il a célébré la messe, ou sur les différents parcours en voiture dans les rues de Quito. La pluie qui s’est abattue sur la capitale en fin d’après-midi n’a pas découragé les très nombreux fidèles qui souhaitaient voir passer son véhicule.
Une fin de journée qui s’est concentrée entre le palais du Carondelet, siège de la présidence de la République, où il s’est entretenu avec Rafael Correa, et la cathédrale de la ville, située sur la même place et devant laquelle le Saint-Père a béni les nombreux fidèles réunis. C’est par des chants pleins de passion et des « Francisco nous t’aimons ! » que le Pape a été accueilli au palais présidentiel, tandis que le chef de l’État équatorien lui faisait visiter son palais à la belle architecture coloniale espagnole. Un bâtiment qui a pris les couleurs du Vatican le temps d’une soirée. Dans la cour, des milliers de roses ont été disposées formant des majestueux tapis de couleurs pour accueillir le Souverain Pontife.
Que personne ne soit exclu de la nation équatorienne
Lors de sa rencontre en tête-à-tête avec le président équatorien, le Pape a fait notamment don à Rafael Correa de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium ainsi que de son encyclique Laudato Si', avant de saluer la famille du président et de nombreux officiels. Après le moment politique, le moment spirituel : le Saint-Père s’est rendu à la cathédrale située à quelques mètres de là, où il a pris un temps de prière silencieuse devant le Saint-Sacrement et salué la Vierge. Il est ensuite sorti sur le parvis pour saluer et bénir la foule rassemblée sur la Plaza Grande.
Le Pape a prononcé seulement quelques mots à la place de son discours prévu, comme a précisé le père Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège : « Je voudrais vous donner la bénédiction, pour chacun de vous, pour vos familles, a t-il dit, pour tous ceux qui vous sont chers et pour ce grand et noble peuple équatorien, pour qu’il n’y ait pas de différences, d’exclusivité, que personne ne soit exclu, que tous soient frères, que personne ne reste en dehors de cette grande nation équatorienne. À chacun de vous, à vos familles, je donne ma bénédiction ». Des paroles « très précieuses, à méditer », a tenu à préciser le père Lombardi, et qui résume la volonté du Pape de voir un peuple uni. François, qui malgré la fatigue, n'a pas hésité à reprendre brièvement la parole devant la nonciature apostolique pour réciter un Ave Maria et souhaiter une bonne nuit aux nombreuses personnes rassemblées.
Voici le texte que le Pape avait prévu de lire depuis le parvis de la cathédrale :
« Chers frères, je viens à Quito comme pèlerin, pour partager avec vous la joie d'évangéliser. Je suis parti du Vatican en saluant la statue de sainte Marie-Anne de Jésus, qui depuis l'abside de la basilique Saint-Pierre veille sur le chemin que le Pape parcourt tant de fois. À elle, j'ai recommandé aussi le fruit de ce voyage, en lui demandant que tous nous puissions suivre son exemple. Son sacrifice et son héroïque vertu sont représentés par un lys. Cependant, selon la statue à Saint-Pierre, elle porte un bouquet de fleurs, parce qu’avec la sienne elle présente au Seigneur, dans le cœur de l'Église, les fleurs de vous tous, celles de tout l’Équateur. Les saints nous appellent à les imiter, à nous mettre à leur école, comme l’ont fait sainte Narcisse de Jésus et la bienheureuse Mercedes de Jésus Molina, interpellées par l'exemple de sainte Marie-Anne.
Combien de ceux qui sont aujourd'hui ici souffrent ou ont souffert du fait d’être orphelin, combien ont dû, bien qu’étant jeunes, prendre en charge des frères, combien s'efforcent chaque jour de prendre soin de malades ou de personnes âgées ; ainsi l’a fait Marie-Anne, ainsi l'ont imitée Narcisse et Mercedes. Ce n'est pas difficile si Dieu est avec nous. Elles n'ont pas réalisé de grandes prouesses aux yeux du monde. Elles ont beaucoup aimé seulement, et elles l'ont démontré dans le quotidien jusqu'à arriver à toucher la chair souffrante du Christ dans le peuple (cf. Evangelii gaudium, n. 24). Elles ne l'ont pas fait seules, elles l'ont fait “avec” d’autres ; le transport des matériaux, les travaux et la maçonnerie de cette cathédrale ont été réalisés à notre manière, à la manière des peuples autochtones, la minga ; ce travail de tous en faveur de la communauté, anonyme, sans publicités ni applaudissements : plaise à Dieu que comme les pierres de cette cathédrale nous chargions sur nos épaules les besoins des autres, et qu’ainsi nous aidions à édifier ou à réparer la vie de tant de frères qui n'ont pas de forces pour la construire ou chez lesquels elle s’est écroulée.
Aujourd'hui je suis ici avec vous, qui m'offrez la joie de vos cœurs : “Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle” (Is 52, 7). C'est la beauté que nous sommes appelés à répandre, comme le bon parfum du Christ : notre prière, nos bonnes œuvres, notre sacrifice en faveur de ceux qui sont le plus dans le besoin. C'est la joie d'évangéliser et “sachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites” (Jn 13,17). Que Dieu vous bénisse. »