« Ne baissez jamais les bras, pas même devant les difficultés et les incompréhensions. Chacune de vos actions, chacun de vos gestes à l’égard de votre prochain peut construire la paix », affirme le pape François devant 7.000 enfants italiens.
Les enfants d’écoles primaires avaient en effet rendez-vous avec le pape, sous l'égide de la fondation « La Fabrique de la paix » (« La Fabbrica della Pace »), parrainée par le Ministère de l’instruction et la Conférence épiscopale italienne, au Vatican, ce 11 mai 2015.
Préférant dialoguer avec eux, le pape n'a pas prononcé le discours qu'il avait préparé mais il l'a remis aux participants : « Pour construire un monde de paix, il faut commencer par notre "monde", c’est-à-dire les environnements dans lesquels nous vivons tous les jours : la famille, l’école, la cour, la salle de sport… Et il est important de travailler avec les personnes qui vivent à côté de nous : nos amis, nos camarades de classe, nos parents et nos éducateurs », souligne-t-il dans ce texte.
Mais si la paix se construit, elle est « vraiment un don de Dieu, un don à demander avec confiance dans la prière » : « C’est pour cela qu’il est important de ne pas être seulement des témoins de paix et d’amour mais aussi des témoins de prière. »
Discours du pape François :
Chers enfants,
Je vous remercie de m’avoir invité à travailler avec vous dans la « Fabbrica della pace » (La fabrique de la paix) ! C’est un beau poste de travail, parce qu’il s’agit de construire une société sans injustices et sans violences, où tous les enfants puissent être accueillis et grandir dans l’amour. Il y a un grand besoin de fabriques de la paix, parce que, malheureusement, les fabriques de guerre ne manquent pas ! La guerre est le fruit de la haine, de l’égoïsme, de l’envie de posséder toujours plus et de dominer sur les autres. Et vous, pour y faire obstacle, vous vous engagez à diffuser la culture de l’inclusion, de la réconciliation et de la rencontre. Dans ce projet, vous êtes nombreux à être impliqués : vous, les élèves des écoles, qui appartenez à des ethnies et des religions différentes ; la fondation « La Fabbrica della Pace », qui a lancé ce projet éducatif ; les enseignants et les parents ; le Ministère de l’instruction et la Conférence épiscopale italienne. C’est un beau chemin, qui demande du courage et des efforts, pour que tout le monde comprenne la nécessité d’un changement de mentalité, pour garantir la sécurité aux enfants de la planète, en particulier à ceux qui habitent dans des zones de guerre et de persécution. En tenant compte de vos questions, je voudrais vous faire quelques suggestions pour bien travailler dans ce chantier de la paix :
Je m’inspire de l’expression « Fabrique de la paix ». Le terme de « fabrique » nous dit que la paix est quelque chose qu’il faut faire, qu’il faut construire avec sagesse et ténacité. Mais pour construire un monde de paix, il faut commencer par notre « monde », c’est-à-dire les environnements dans lesquels nous vivons tous les jours : la famille, l’école, la cour, la salle de sport, le « patronage »… Et il est important de travailler avec les personnes qui vivent à côté de nous : nos amis, nos camarades de classe, nos parents et nos éducateurs. Il faut l’aide de tous pour construire un avenir meilleur. Les adultes, et aussi les institutions, ont la tâche de vous stimuler, de vous soutenir et de vous éduquer aux vraies valeurs. Et vous, j’insiste, ne baissez jamais les bras, pas même devant les difficultés et les incompréhensions. Chacune de vos actions, chacun de vos gestes à l’égard de votre prochain peut construire la paix. Par exemple, s’il vous arrive de vous disputer avec un camarade, faites aussitôt la paix ; ou demandez pardon à vos parents et à vos amis, quand il y eu un manque. Le véritable bâtisseur de paix est celui qui fait le premier pas vers l’autre. Et ce n’est pas de la faiblesse, mais de la force, la force de la paix. Comment les guerres peuvent-elles finir dans le monde, si nous ne sommes pas capables de dépasser nos petites incompréhensions et nos disputes ? Nos actes de dialogue, de pardon, de réconciliations, sont des « briques » qui servent à construire l’édifice de la paix.
Il y a quelque chose d’autre de très beau dans votre « Fabrique », c’est qu’elle n’a pas de frontières : on respire un climat d’accueil et de rencontre sans barrières ni exclusions. Devant des personnes qui viennent de pays et d’ethnies différents, qui ont d’autres traditions ou religions, votre attitude est celle de la connaissance et du dialogue, pour l’inclusion de tous, dans le respect des lois de l’État. Et puis vous avez compris que, pour construire un monde de paix, il est indispensable de se préoccuper des besoins des plus pauvres, de ceux qui souffrent le plus et qui sont abandonnés, y compris ceux qui sont loin. Je pense à tant de vos contemporains qui, uniquement parce qu’ils sont chrétiens, ont été chassés de leur maison, de leur pays, et certains ont été tués parce qu’ils avaient la Bible à la main. Et c’est ainsi que le travail de votre « fabrique » devient vraiment une œuvre d’amour. Aimer les autres, surtout les plus désavantagés, signifie témoigner que chaque personne est un don de Dieu. Chaque personne.
Mais la paix est vraiment un don de Dieu, un don à demander avec confiance dans la prière. C’est pour cela qu’il est important de ne pas être seulement des témoins de paix et d’amour mais aussi des témoins de prière. La prière consiste à parler avec Dieu, notre Père qui est aux cieux, à lui confier nos désirs, nos joies et nos peines. La prière consiste à lui demander pardon toutes les fois où l’on se trompe et où on commet un péché, avec la certitude qu’il nous pardonne toujours. Sa bonté envers nous nous pousse à être, nous aussi, miséricordieux envers nos frères, en leur pardonnant de tout notre cœur quand il nous offensent ou nous font du mal. Et enfin, la paix a un visage et un cœur : le visage et le cœur de Jésus, le Fils de Dieu, qui est mort sur la croix et qui est ressuscité justement pour donner la paix à tous les hommes et à toute l’humanité. Jésus est « notre paix » (Éph 2,14), parce qu’il a abattu le mur de la haine qui divise les hommes.
Voilà, chers jeunes et chers amis, ce que je voulais vous dire. Je vous remercie encore de m’avoir impliqué dans la « Fabrique de la paix ». Travaillons ensemble à ce grand chantier. Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi. De mon côté, je vous garde dans ma prière avec affection et je vous bénis.