Expo 2015 : une occasion pour mondialiser la solidarité

« L’Expo est une occasion propice pour mondialiser la solidarité » : le Pape François, dans un message vidéo lu en direct, a participé, depuis le Vatican, à l’inauguration de l’Exposition universelle de Milan. Il a appelé à tous les visiteurs présents en ce 1er mai, et surtout, à tous les officiels réunis, à percevoir la présence des « hommes et des femmes qui ont faim ». Se présentant comme « évêque de Rome qui parle au nom du peuple de Dieu pèlerin dans le monde entier », le Pape s’est voulu « la voix de tant de pauvres qui font partie de ce peuple et qui, avec dignité, cherchent à gagner le pain à la sueur de leur front », qu’ils soient chrétiens ou non.

Pour le Pape François, l’Expo, dont le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie », ne peut que plaire au Pape et à l’Eglise, d’ailleurs présente sur le site de l’exposition avec son pavillon, doit inviter les visiteurs à prendre conscience des « visages de millions de personnes qui ont aujourd’hui ont faim, qui aujourd’hui ne mangeront pas d’une manière digne d’un être humain. » C’est cette « présence cachée qui en réalité doit être la vraie protagoniste de l’événement : les visages des hommes et des femmes qui ont faim, et qui tombent malades, voire qui meurent à cause d’une alimentation mauvaise ou nocive. »

Le Pape François, qui rappelle que le « paradoxe de l’abondance persiste encore malgré les efforts accomplis et les quelques bons résultats obtenus », souhaite donc que cette Exposition universelle « soit une occasion d’un changement de mentalité pour arrêter de penser que nos actions quotidiennes n’ont pas un impact sur la vie de qui, de près ou de loin, souffre de la faim. »

Ce grand rendez-vous mondial doit donc être, espère le Pape, l’occasion pour les « entrepreneurs, les commerçants, les chercheurs, de se sentir impliqués dans un grand projet de solidarité : celui de nourrir la planète dans le respect de chaque homme et femme qui y habite et dans le respect de l’environnement naturel. » Le Pape invite donc tous à « cesser finalement d’abuser du jardin que Dieu nous a confié pour que nous puissions tous manger les fruits de ce jardin ».

Le Pape salue donc l’initiative et la volonté affichée de se préoccuper de l’avenir alimentaire de la planète, mais il appelle tous les acteurs de ce secteur à aller au-delà des annonces et des bonnes intentions et à transformer les promesses en action.

En ce 1er mai, fête du travail dans de nombreux pays, le Pape n’a pas manqué non plus de saluer toutes les personnes qui ont travaillé pour l’Expo de Milan, particulièrement les plus anonymes.

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Je suis heureux d'unir ma voix à celle de ceux qui se sont réunis pour cette inauguration. C'est la voix de l’Évêque de Rome qui parle au nom du peuple de Dieu pèlerin du monde entier ; c'est la voix de tant de pauvres qui font partie de ce peuple et qui avec dignité cherchent à gagner leur pain à la sueur de leur front. Je voudrais me faire le porte-parole de tous ceux-là, nos frères et sœurs, chrétiens et aussi non chrétiens, que Dieu aime comme ses fils et pour lesquels il a donné sa vie, il a rompu le pain qui est la chair de son Fils fait homme. Lui qui nous a enseigné à demander à Dieu le Père : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien ». Cette Expo est vraiment l'occasion propice pour globaliser la solidarité. Essayons de ne pas la gâcher et de la valoriser pleinement !

En particulier, le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie » nous réunit. De cela aussi, nous devons remercier le Seigneur : pour ce choix d'un thème si important, si essentiel... afin qu'il ne reste pas seulement un « thème », pour qu'il soit toujours accompagné par la conscience des « visages » : les visages des millions de personnes qui aujourd'hui ont faim, qui aujourd'hui ne mangeront pas d'une manière digne d'un être humain. Je voudrais que chaque personne – à partir d'aujourd'hui –, chaque personne qui viendra visiter l'Expo de Milan, traversant ces merveilleux pavillons, puisse percevoir la présence de ces visages. Une présence cachée, mais qui en réalité doit être la vraie protagoniste de l'événement : visages des hommes et des femmes qui ont faim, qui se rendent malades, et même meurent, à cause d'une alimentation trop insuffisante ou nocive.

Le « paradoxe de l'abondance » – expression utilisée par Jean Paul II parlant justement à la FAO (Discours à la Conférence sur la Nutrition, 1992) – persiste encore, malgré les efforts effectués et quelques bons résultats. De même l'Expo, sous certains aspects, fait partie de ce « paradoxe de l'abondance », quand elle obéit à la culture du gaspillage, du rebut, et ne contribue pas à un modèle de développement équitable et durable. Donc, faisons en sorte que cette Expo soit l'occasion d'un changement de mentalité, afin d'arrêter de penser que nos actions quotidiennes – à tous les degrés de responsabilité – n'ont pas d'impact sur la vie de ceux qui, proches ou lointains, souffrent de la faim. Je pense à tant d'hommes et de femmes qui subissent la faim, et spécialement à la multitude d'enfants qui meurent de faim dans le monde.

Il y a d'autres visages qui auront un rôle important dans l'Exposition Universelle : ceux de tous les travailleurs et chercheurs du secteur alimentaire. Que le Seigneur concède à chacun d'eux sagesse et courage, parce que leur responsabilité est grande. Mon souhait est que cette expérience permette aux entrepreneurs, aux commerçants, aux étudiants, de se sentir engagés dans un grand projet de solidarité : celui de nourrir la planète dans le respect de chaque homme et femme qui y habite et dans le respect d'un environnement naturel. Ceci est un grand défi auquel Dieu appelle l'humanité du vingt et unième siècle : s'arrêter finalement d'abuser du jardin que Dieu nous a confié, afin que tous puissent manger des fruits de ce jardin. Assumer un si grand projet donne la pleine dignité au travail de celui qui produit et qui recherche dans le secteur alimentaire.

Mais tout part de là : de la perception des visages. Et alors nous ne pouvons oublier les visages de tous les travailleurs qui ont peiné pour l'Expo de Milan, spécialement les plus anonymes, les plus cachés, qui aussi grâce à l'Expo ont gagné leur pain à ramener à la maison. Que personne ne soit privé de cette dignité ! Et qu'aucun pain ne soit le fruit d'un travail indigne de l'homme !

Le Seigneur nous aide à saisir avec responsabilité cette grande occasion. Lui qui est Amour, nous donne la vraie « énergie pour la vie » : l'amour pour partager le pain, « notre pain quotidien », dans la paix et la fraternité. Et que ce pain et la dignité du travail de chaque homme et femme ne manquent pas.

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