Le pape salue « l'héroïsme » des Lituaniens chrétiens « qui ont traversé la triste période de la persécution » : « Merci de votre témoignage de Jésus-Christ ».
Le pape François a reçu les évêques de la Conférence épiscopale de Lituanie à l’occasion de leur visite « ad limina apostolorum », ce 2 février 2015, au Vatican.
Il leur a remis un discours, évoquant la persécution religieuse qui a eu lieu en Lituanie « par des régimes fondés sur des idéologies contraires à la dignité et à la liberté humaine » : depuis la deuxième guerre mondiale et jusqu'en 1990, sous l'occupation allemande puis soviétique, l’Église fut persécutée. De nombreux catholiques furent fusillés ou déportés en Sibérie, sans aucun jugement.
Le pape a rendu hommage aux évêques lituaniens, « des pasteurs proches de leur troupeau et solidaires avec lui » : « Au long de l’histoire de votre nation, ils ont accompagné leur peuple avec attention non seulement sur le chemin de la foi et pour affronter les difficultés matérielles, mais aussi dans la construction civile et culturelle de la société. »
« Vous êtes les héritiers de cette histoire, de ce patrimoine de charité pastorale et vous le démontrez par l’énergie de votre action, la communion qui vous anime et la persévérance dans la poursuite des buts que l’Esprit vous indique », a-t-il ajouté.
Il les a encouragés à « prier pour recevoir de Dieu des prêtres généreux et capables de sacrifice et de dévouement. Et aussi des laïcs convaincus, qui sachent prendre des responsabilités au sein de la communauté ecclésiale et donner un apport chrétien valide dans la société civile » : « Que l’Église en Lituanie ne se lasse jamais de continuer à prier pour les vocations ! »
Discours du pape François :
Chers frères dans l’épiscopat,
Je vous accueille avec joie à l’occasion de votre visite ad limina apostolorum ; je salue cordialement chacun de vous et les Églises particulières que le Seigneur a confiées à votre direction paternelle.
Vous êtes venus à Rome avec votre jeunesse, mais aussi avec votre héroïsme. En effet, il y a parmi vous quelques jeunes confrères, mais surtout des évêques qui ont traversé la triste période de la persécution. Merci pour votre témoignage rendu à Jésus-Christ et pour votre service à l’égard du saint peuple de Dieu !
La Lituanie a toujours eu des pasteurs proches de leur troupeau et solidaires avec lui. Au long de l’histoire de votre nation, ils ont accompagné leur peuple avec attention non seulement sur le chemin de la foi et pour affronter les difficultés matérielles, mais aussi dans la construction civile et culturelle de la société, qui trouve son substrat historique et identitaire dans la force de l’Évangile et dans l’amour de la très sainte Mère de Dieu. Vous êtes les héritiers de cette histoire, de ce patrimoine de charité pastorale et vous le démontrez par l’énergie de votre action, la communion qui vous anime et la persévérance dans la poursuite des buts que l’Esprit vous indique.
Chers frères, je connais bien vos fatigues dans l’apostolat. Si, pendant longtemps, l’Église de votre pays a été opprimée par des régimes fondés sur des idéologies contraires à la dignité et à la liberté humaine, aujourd’hui, vous devez vous confronter à d’autres pièges, comme par exemple le sécularisme et le relativisme. C’est pourquoi, à côté de l’annonce inlassable de l’Évangile et des valeurs chrétiennes, il ne faut pas oublier le dialogue constructif avec tous, y compris ceux qui n’appartiennent pas à l’Église ou qui sont loin de l’expérience religieuse. Soyez attentifs à ce que les communautés chrétiennes soient toujours des lieux d’accueil, de confrontation ouverte et constructive, un stimulant pour la société tout entière dans la poursuite du bien commun.
Je sais aussi votre engagement incessant et votre sollicitude à l’égard des prêtres que Dieu vous a donnés. N’oubliez pas qu’il convient surtout de prier pour recevoir de Dieu des prêtres généreux et capables de sacrifice et de dévouement. Et aussi des laïcs convaincus, qui sachent prendre des responsabilités au sein de la communauté ecclésiale et donner un apport chrétien valide dans la société civile ; le Seigneur vous les donnera si vous priez pour cela et si vous savez les encourager à être présents, avec la force d’une foi adulte, dans les milieux civil, culturel, politique et social.
Comme vous le savez, en cette période, toute l’Église est engagée sur un chemin de réflexion sur la famille, sur sa beauté, sa valeur, et sur les défis qu’elle est appelée à affronter à notre époque. Je vous encourage vous aussi, en tant que pasteurs, à apporter votre contribution dans cette grande œuvre de discernement, et surtout à accorder de l’attention à la pastorale familiale, pour que les conjoints sentent la proximité de la communauté chrétienne et soient aidés à « ne pas se conformer à la mentalité de ce monde mais à se laisser renouveler continuellement dans l’esprit de l’Évangile » (cf. Rm 12,2). En effet, votre pays, désormais entré à plein titre dans l’Union européenne, est aussi exposé à l’influence d’idéologies qui voudraient introduire des éléments de déstabilisation des familles, fruit d’une mauvaise compréhension du sens de la liberté personnelle. Les traditions séculaires de la Lituanie à ce sujet vous aideront à répondre, selon la raison et selon la foi, à de tels défis.
Je voudrais aussi vous recommander une attention spéciale pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Que l’Église en Lituanie ne se lasse jamais de continuer à prier pour les vocations ! Je vous exhorte, en outre, à soigner la formation adéquate, initiale et permanente, des prêtres, des personnes consacrées, des séminaristes, en prêtant une attention particulière à leur vie spirituelle et morale, ainsi qu’à l’éducation à la pauvreté évangélique et à la gestion des biens matériels selon les principes de la doctrine sociale de l’Église. Aimez vos prêtres, cherchez à être très disponibles lorsqu’ils vous demandent, et n’attendez pas toujours que ce soit eux qui vous cherchent, ne les laissez pas seuls dans les difficultés. Attachez aussi un soin particulier aux catéchistes, en leur transmettant, par votre témoignage, la joie d’évangéliser.
Je vous exhorte enfin à avoir de la sollicitude pour les pauvres. En Lituanie aussi, malgré le développement économique actuel, il y a beaucoup de personnes démunies, au chômage, malades ou abandonnées. Soyez proches d'elles. Et n’oubliez pas ceux qui, surtout parmi les jeunes, pour différents motifs, quittent leur pays à la recherche d’une nouvelle route à l’étranger. Leur nombre croissant et leurs exigences requièrent de l’attention et un souci pastoral de la part de la Conférence épiscopale, afin qu’ils puissent conserver la foi et les traditions religieuses lituaniennes.
Chers frères, je vous remercie pour votre visite. Apportez mon salut cordial à vos Églises particulières et à tous vos compatriotes. Que la Vierge Marie, particulièrement vénérée dans votre nation comme « Porte de l’aurore » à Vilnius, comme aussi à Šiluva et dans bien d’autres lieux, intercède pour l’Église en Lituanie : qu’elle protège de son manteau les prêtres, les religieux, les religieuses et tous les fidèles, et qu’elle obtienne pour toutes les communautés la plénitude des grâces du Seigneur. Soyez assurés que je pense à vous dans la prière et que je compte sur la vôtre. De tout cœur, je vous donne la bénédiction apostolique.