Dès son arrivée, ce matin, à 4h30 heure de Rome (9h, heure locale), à l'aéroport de Colombo, capitale du Sri Lanka, le pape a exprimé "la sollicitude de l’Église pour tous les Sri-lankais", et il a confirmé "le désir de la communauté catholique de participer activement à la vie de cette société".
Le nouveau président srilankais, Maithripala Sirisena, élu le 8 janvier, a souhaité la bienvenue au pape François, lui demandant sa bénédiction.
"Je suis particulièrement reconnaissant pour la présence des éminents représentants religieux qui ont un rôle si important dans la vie de ce pays", a déclaré le pape.
Dans un pays qui a connu trente ans de guerre civile entre Cingalais et Tamouls, il a aussi exprimé la mission de paix des religions: "Je suis convaincu que les personnes qui appartiennent à des traditions religieuses différentes ont un rôle essentiel à jouer dans le processus délicat de réconciliation et de reconstruction qui est en cours dans ce pays".
Le pape a plaidé pour la liberté, la justice, et exhorté à vivre "comme une seule famille": "la diversité est une source de richesse" et non une "menace". Il a invité à respecter "la dignité humaine" et les "droits humains".
Discours du pape François :
Monsieur le Président,
Honorables Autorités Gouvernementales, Eminence, Excellences,
Chers amis,
Merci de votre accueil chaleureux. J’ai longtemps attendu cette visite au Sri Lanka et ces jours que nous allons passer ensemble. Le Sri Lanka est connu comme la Perle de l’Océan Indien en raison de ses beautés naturelles. Mais, bien plus important, cette île est connue pour le caractère chaleureux de son peuple et la riche diversité de ses traditions culturelles et religieuses. Monsieur le Président, je vous présente mes meilleurs vœux pour vos nouvelles responsabilités. J’apprécie votre invitation à visiter le Sri Lanka, ainsi que vos paroles de bienvenue. Je salue les distingués membres du Gouvernement et les autorités civiles qui nous honorent de leur présence. Je suis particulièrement reconnaissant pour la présence des éminents représentants religieux qui ont un rôle si important dans la vie de ce pays. Et, bien sûr, je désire exprimer mon estime aux fidèles, aux membres de la chorale, et aussi aux nombreuses personnes qui se sont dépensées pour rendre possible cette visite. Je vous remercie tous, du fond du cœur, pour votre amabilité et votre hospitalité.
Ma visite au Sri Lanka est, en premier lieu, pastorale. En tant que pasteur universel de l’Église catholique, je suis venu pour rencontrer et encourager les catholiques de cette île, et aussi pour prier avec eux. Un point central de cette visite sera la canonisation du bienheureux Joseph Vaz, dont l’exemple de charité chrétienne et de respect pour toute personne, sans distinction d’ethnie ou de religion, continue, aujourd’hui encore, de nous inspirer et de nous enseigner. Mais ma visite veut aussi exprimer l’amour et la sollicitude de l’Église pour tous les Sri-lankais, et confirmer le désir de la communauté catholique de participer activement à la vie de cette société.
C’est une continuelle tragédie de notre monde que beaucoup de communautés soient en guerre entre elles. L’incapacité à réconcilier les diversités et les désaccords, qu’ils soient anciens ou nouveaux, à fait apparaître des tensions ethniques et religieuses, souvent accompagnées d’accès de violence. Pendant de nombreuses années, le Sri Lanka a connu les horreurs de la guerre civile, et à présent il cherche à consolider la paix et à soigner les blessures de ces années. Dépasser l’héritage amer d’injustices, d’hostilités et de défiance laissé par le conflit n’est pas une tâche facile. Cela ne peut être réalisé qu’en faisant vaincre le mal par le bien (Cf. Rm 12, 21) et en cultivant les vertus qui promeuvent la réconciliation, la solidarité et la paix. De plus, le processus de guérison demande d’inclure la recherche de la vérité, non pas dans le but d’ouvrir de vieilles blessures, mais plutôt comme moyen nécessaire pour promouvoir la justice, la guérison et l’unité.
Chers amis, je suis convaincu que les personnes qui appartiennent à des traditions religieuses différentes ont un rôle essentiel à jouer dans le processus délicat de réconciliation et de reconstruction qui est en cours dans ce pays. Pour que ce processus ait lieu, il faut que tous les membres de la société travaillent ensemble ; tous doivent avoir la parole. Tous doivent être libres d’exprimer leurs propres préoccupations, leurs besoins, leurs aspirations et leurs peurs. Mais, surtout, ils doivent être prêts à s’accepter mutuellement, à respecter les diversités légitimes et apprendre à vivre comme une unique famille. Chaque fois que les personnes s’écoutent humblement et de manière ouverte, les valeurs et les aspirations communes apparaîtront toujours plus visiblement. La diversité ne sera plus vue comme une menace, mais comme une source d’enrichissement. La route vers la justice, la réconciliation et l’harmonie sociale sera vue encore plus clairement.
En ce sens, la grande œuvre de reconstruction doit inclure l’amélioration des infrastructures et pourvoir aux besoins matériels, mais aussi, et c’est encore plus important, elle doit promouvoir la dignité humaine, le respect des droits de l’homme et la pleine inclusion de tous les membres de la société. Je forme le vœu que les responsables politiques, religieux et culturels du Sri Lanka, prenant la mesure du bien et de la guérison qui résulteront de chacune de leurs paroles et de leurs actions, apportent une contribution durable au progrès matériel et spirituel du peuple du Sri Lanka.
Monsieur le Président, chers amis, je vous remercie encore une fois de votre accueil. Puissent ces jours que nous passerons ensemble être des jours d’amitié, de dialogue, et de solidarité. J’invoque les abondantes bénédictions de Dieu sur le Sri Lanka, la Perle de l’Océan Indien, et je prie pour que sa beauté resplendisse pleinement en faveur de la prospérité et de la paix de tous ses habitants.