Le Pape rencontrait ce matin les participants du III° Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles ; un congrès organisé par le Conseil pontifical pour les laïcs pour répondre à l’appel à la conversion missionnaire lancée par le Pape François dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium.
Le Pape a tenu avant tout à rappeler le cœur de la vie chrétienne : la
conversion du coeur et la mission, toutes deux intimement liées. « Sans une authentique conversion du cœur et de l’esprit., prévient François, on ne peut annoncer l’Evangile, mais si nous ne nous ouvrons pas à la mission, il n’y a pas de conversion, et la foi devient stérile ».
La mission de ces mouvements et communautés nouvelles requiert une attitude vigilante permanente, afin de « rendre toujours plus vive et féconde l’impulsion évangélisatrice », a observé le Pape, qui a donc offert quelques suggestions pour le chemin de foi et de vie ecclésiale de ces mouvements.
"Que la fraicheur du charisme ne se perde pas !"
Pour François, il est nécessaire avant tout de « préserver la fraicheur du charisme. Qu’elle ne se perde pas ! » Avec le temps, en effet, «croît la tentation de se rigidifier dans des schémas rassurants mais stériles », également celle de « mettre l’Esprit saint en cage ». Et pourtant, a relevé François, « la réalité est plus importante que l’idée ». « Si une certaine institutionnalisation du charisme est nécessaire pour sa propre survie, il ne faudrait pas croire que les structures externes puissent garantir l’action de l'Esprit Saint ».
La nouveauté de vos expériences, a encore assuré le Pape à son auditoire, ne consiste pas en des « méthodes et des réformes », mais en la « disposition à répondre avec un enthousiasme renouvelé à l’appel du Seigneur : c’est cela le courage évangélique qui a permis la naissance de vos mouvements et communautés. Si les formes et les méthodes deviennent idéologiques, éloignées des réalités en constante évolution, fermées à la nouveauté de l'Esprit-Saint, ils finiront par asphyxier le charisme qui les a lui-même générés ».
Pour François, il convient donc de toujours revenir à la source des charismes et ainsi, les communautés retrouveront l’élan pour affronter les défis d’aujourd’hui. « Vous n’avez pas fait une école de spiritualité, ni une institution, vous ne formez pas un petit groupe mais un mouvement ! a insisté le Pape avec force. « Toujours en chemin, toujours en mouvement, toujours ouvert aux surprises de Dieu ».
Accompagner l'humanité blessée
Une autre question qu’a soulevée le Pape a trait à la façon d’accueillir et accompagner les hommes de notre temps, les jeunes en particulier. « Ils appartiennent à humanité blessée, où toutes les cellules éducatives, au premier desquels la famille, connaissent de graves difficultés », a remarqué le Souverain Pontife.
« L’homme d’aujourd’hui se trouve en butte à des problèmes identitaires et éprouve des difficultés à faire des choix. D’où sa disposition à être conditionné, à déléguer aux autres les décisions importantes de la vie ». Il est nécessaire de résister à la tentation de se substituer à la liberté des personnes et à les diriger sans attendre qu’elles murissent réellement, a prévenu le Pape qui l’affirme : « Chaque personne a son temps : elle chemine à son rythme, et nous devons l’accompagner. Un progrès moral ou spirituel faisant l’impasse sur l’immaturité des personnes est un succès apparent, mais destiné au naufrage ». L’éducation chrétienne, au contraire, requiert un accompagnement patient qui sait attendre le temps de chacun, comme le Seigneur le fait pour chacun de nous, avec patience. Car seule la patience est la voie pour aimer en vérité.
Rechercher la communion sans relâche
Une autre indication qu’a voulu donner le Pape est de ne « pas oublier que le bien le plus précieux, le sceau du Saint Esprit, est la communion. Il s’agit de de la grâce suprême que Jésus nous a gagnée par sa mort sur la Croix, la grâce qu’Il n’a de cesse de demander pour nous auprès du Père. Pour que le monde croit que Jésus est le Seigneur, il doit voir la communion entre chrétiens, mais s’il voit la division, les rivalités et les médisances, -ce que François appelle « le terrorisme des commérages »-, comment peut-on évangéliser ? »
La vraie communion ne peut exister au sein d’un mouvement ou d’une communauté si on ne s’intègre pas dans la communion plus grande qu’est la Sainte Mère Eglise, a encore affirmé François. « La communion consiste à affronter ensemble les questions plus importantes comme la vie, la famille, la paix, la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes, la liberté religieuse et l’éducation. Les communautés en particulier doivent contribuer à soigner les blessures générées par une mentalité globalisée qui oublie Dieu et les valeurs essentielles de l’existence ».
Et le Pape de conclure : « pour atteindre la maturité ecclésiale, maintenez la fraicheur du charisme, respectez la liberté des personnes et cherchez toujours la communion. Pour atteindre cet objectif, il ne faut pas oublier que la conversion doit être missionnaire, car la force de résister aux tentations vient de la joie d’annoncer l’Evangile »
« Allez de l’avant ! toujours en mouvement ! Ne vous arrêtez jamais ! » leur a-t-il enfin lancé sous les applaudissements, avant de demander la prière des participants.