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 Conférence de presse du Saint-Père au cours du vol de retour

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MessageSujet: Conférence de presse du Saint-Père au cours du vol de retour   Conférence de presse du Saint-Père au cours du vol de retour Icon_minitimeMar 5 Sep 2023 - 14:18

Conférence de presse du Saint-Père au cours du vol de retour Cq5dam.web.800.800


Voyage apostolique en Mongolie : Conférence de presse (vol de retour)

Matteo Bruni :

Bonjour, bonjour à tous. Merci, Sainteté, pour ces journées intensives de rencontres avec ce petit peuple riche en culture dans une grande terre, comme vous l'avez définie ; mais aussi avec une communauté chrétienne vivante, qui témoigne de sa foi avec fraîcheur. Les journalistes ont pu s'intéresser et voir ce lieu et ils ont encore quelques questions qu'ils aimeraient vous poser.

Pape François :

Bonjour à vous tous et merci pour votre compagnie. Merci pour le travail que vous avez fait. Montrer à travers les médias la culture de ce peuple, l'histoire. Merci beaucoup.

Matteo Bruni :

Sainteté, la première question vient d'un journaliste de Mongolie, Monsieur Dambadarjaa.

Jargalsaikhan Dambadarjaa (The Defacto Gazette) :

Merci beaucoup d'avoir visité la Mongolie, Votre Sainteté. Ma question est : quel était votre principal objectif lors de cette visite, et êtes-vous satisfait de l'avoir atteint ?

Pape François :

Oui, l'idée de visiter la Mongolie m'est venue en pensant à la petite communauté catholique. Je fais ces voyages pour visiter les communautés catholiques mais aussi pour entrer en dialogue avec l'histoire et la culture des peuples, avec ce qui constitue leur mystique propre. Il est important que l'évangélisation ne soit pas conçue comme du prosélytisme, car le prosélytisme rétrécit toujours. Le pape Benoît avait dit que la foi ne grandit pas par le prosélytisme mais par l'attraction. L'annonce de l'Évangile entre en dialogue avec la culture. Il y a une évangélisation de la culture mais aussi une inculturation de l'Évangile. Car les chrétiens expriment aussi leurs valeurs à travers la culture de leur peuple. Et c'est tout le contraire de ce qui serait une colonisation religieuse. Pour moi, ce voyage était l'occasion de connaître ce peuple, d'entrer en dialogue avec lui, de recevoir sa culture et d'accompagner l'Église dans son cheminement au sein de ce peuple, dans le plus grand respect de sa culture. Et je suis satisfait des résultats.

Matteo Bruni :

La deuxième question, Sainteté, vient de Monsieur Markhaakhuu, de la télévision mongole.

Ulambadrakh Markhaakhuu (ULS Suld Tv)

Les conflits de notre civilisation, comme beaucoup le disent aujourd'hui, ne peuvent être résolus que par le dialogue, comme Votre Sainteté l'a dit. Ulaanbaatar peut-elle être la plateforme d'un dialogue international entre l'Europe et l'Asie ?

Pape François :

Je pense que oui. Vous avez quelque chose de très intéressant, qui favorise aussi ce dialogue. Permettez-moi d'appeler cela la « mystique du troisième voisin », qui vous fait avancer dans une politique du « troisième voisin ». Songez qu'Ulaanbaatar est la capitale d'un pays très éloigné de la mer, et on peut dire que votre terre se trouve entre deux grandes puissances, la Russie et la Chine. Et c'est pour cela que votre mystique consiste à chercher à dialoguer aussi avec les « troisièmes voisins » : non par mépris envers ces deux puissances, car vous entretenez de bonnes relations avec les deux, mais par désir d'universalité, pour montrer vos propres valeurs au monde entier, et aussi recevoir des autres leurs valeurs, afin que cela vous amène à dialoguer. Il est intéressant qu'historiquement, aller à la recherche d'autres terres s'est souvent confondu avec le colonialisme, ou avec la volonté de dominer. Alors que vous, avec la mystique du troisième voisin, vous avez cette philosophie d'aller à la rencontre pour dialoguer. J'ai beaucoup apprécié cette expression du « troisième voisin ». C'est une de vos richesses.

Matteo Bruni :

Merci, Sainteté. La troisième question vient de Cristina Cabrejas de l'EFE.

Cristina Cabrejas (EFE)

Buenos dias, Pape François. Voici la question du groupe hispanophone. Pape François, hier vous avez envoyé un message au peuple chinois, et vous avez demandé aux catholiques d'être de bons citoyens, après que les autorités du pays n'aient pas permis aux évêques de venir en Mongolie. À ce stade, comment sont les relations avec la Chine en ce moment ? Y a-t-il des nouvelles de la mission du cardinal Zuppi à Pékin concernant l'Ukraine ? Merci.

Pape François :

La mission du Cardinal Zuppi est une mission de paix que je lui ai confiée. Et il avait prévu de visiter Moscou, Kiev, les États-Unis et aussi Pékin. Le Cardinal Zuppi est un homme d'universalité et de grand dialogue : il a dans son histoire le travail accompli au Mozambique pour la paix et tout cela, et c'est pourquoi je l'ai envoyé. Les relations avec la Chine sont très respectueuses, très respectueuses. Personnellement, j'ai une grande admiration pour le peuple chinois, ils sont très ouverts, disons ainsi... Pour la nomination des évêques, il y a une commission qui travaille avec le gouvernement chinois et le Vatican, depuis un certain temps : c'est un dialogue. Et puis il y a aussi quelques prêtres catholiques ou intellectuels catholiques qui sont invités dans les universités chinoises pour y enseigner. Il y a un discours ouvert, en ce sens. Je crois que nous devons aller plus loin dans l'aspect religieux, pour mieux nous comprendre. Que les citoyens chinois ne pensent pas que l'Église n'accepte pas leur culture et leurs valeurs, et que l'Église dépende d'une autre puissance étrangère. Et ce chemin amical est bien emprunté par la commission présidée par le Cardinal Parolin : ils font du bon travail, y compris du côté chinois, du bon travail ; les relations vont ainsi, en un mot. J'ai un grand respect pour le peuple chinois.
Puis, y avait-il une autre question ?...

Matteo Bruni :

C'était au sujet de Zuppi, s'il y a des nouvelles sur la mission du Cardinal Zuppi.

Pape François :

C'est ce que j'ai dit au début. Nous allons de l'avant.

Matteo Bruni :

Merci, Sainteté. La quatrième question vient de Gerry O'Connell d'America Magazine :

Gerard O'Connell (America Magazine)

Sainteté, étant donné que les relations entre le Saint-Siège et le Vietnam sont assez positives, ont fait un progrès notable récemment, de nombreux catholiques vietnamiens demandent que vous les visitiez, comme vous l'avez fait en Mongolie. Ma question est : y a-t-il maintenant pour vous la possibilité de visiter le Vietnam, y a-t-il une invitation du gouvernement à cet effet ? Et quels autres voyages avez-vous prévus ? Merci.

Pape François :

Le Vietnam est l'une des expériences de dialogue très belles qu'a menées l'Église ces derniers temps. Je dirais que... je ne sais pas, c'est comme une sympathie dans le dialogue. Les deux parties ont eu la bonne volonté de se comprendre et de chercher des solutions pour avancer. Il y a eu des problèmes, mais au Vietnam je vois que tôt ou tard les problèmes sont surmontés. Le Président du Vietnam est venu il y a peu de temps et nous avons parlé librement. Je suis très positif dans la manière de voir les relations avec le Vietnam. Cela fait des années qu'un beau travail se fait dans ce sens. Je me souviens - je crois il y a quatre ans - qu'un groupe de parlementaires vietnamiens est venu visiter le Pape : nous avons eu un beau dialogue avec eux, très respectueux. Lorsqu'une culture s'ouvre, la possibilité de dialogue existe ; s'il y a fermeture ou méfiance, le dialogue est très difficile. Avec le Vietnam, je dirais que le dialogue est ouvert, avec ses hauts et ses bas, mais il est ouvert et on avance lentement. Quelques problèmes se sont posés, mais ils ont été résolus.
Quant aux voyages au Vietnam : si je n'y vais pas, Jean XXIV y ira sûrement... C'est certain qu'il y en aura un, car c'est un pays qui mérite d'aller de l'avant, il a toute ma sympathie. D'autres voyages : Marseille... ; puis il y en a un dans un petit pays d'Europe que nous sommes en train d'examiner pour voir si nous pouvons le faire... Mais, je vous dis la vérité, pour moi faire un voyage maintenant n'est pas aussi facile qu'au début, il y a des limitations pour marcher et cela conditionne les choses. Mais nous verrons.

Matteo Bruni :

Merci, Sainteté. L'autre question vient de Fausto Gasparroni de l'ANSA, du groupe italien.

Fausto Gasparroni (ANSA)

Sainteté, je pose la question au nom du groupe italien. Vos récentes déclarations adressées à de jeunes catholiques russes concernant la grande mère Russie, l'héritage de personnages comme Pierre le Grand et Catherine II, ont suscité beaucoup de discussions. Ce sont des déclarations qui, disons, ont beaucoup irrité par exemple les Ukrainiens, ont eu des conséquences même sur le plan diplomatique et ont été perçues un peu comme une quasi-exaltation de l'impérialisme russe et une sorte d'aval donné aux politiques de Poutine. Sainteté, je voulais vous demander pourquoi vous avez ressenti la nécessité de faire ces déclarations, si vous avez évalué l'opportunité de les faire, si vous les répéteriez ; et aussi, pour clarifier les choses, si vous pouvez nous dire ce que vous pensez des impérialismes et en particulier de l'impérialisme russe ?

Pape François :

Considérons le contexte dans lequel cela s'est passé : un dialogue avec de jeunes Russes. À la fin du dialogue, je leur ai donné un message, un message que je répète toujours : assumez votre héritage. C'est ce que je dis partout. Et avec cette vision, je cherche aussi à instaurer le dialogue entre grands-parents et petits-enfants : que les petits-enfants assument leur héritage. Je le dis partout, et c'était le message.
Une deuxième étape, pour expliciter cet héritage : j'ai parlé de la grande Russie, parce que l'héritage russe est très bon, il est très beau. Pensez dans le domaine littéraire, dans le domaine musical, jusqu'à un Dostoïevski qui nous parle aujourd'hui d'un humanisme mûr ; la Russie s'est approprié cet humanisme, qui s'est développé, dans l'art et la littérature. Ce serait un deuxième aspect, quand j'ai parlé de l'héritage.
Le troisième, qui n'a peut-être pas été heureux, mais en parlant de la grande Russie non pas tant dans le sens géographique mais culturel, il m'est venu à l'esprit ce qu'on nous a enseigné à l'école : Pierre 1er, Catherine II, et ce troisième aspect est apparu, qui n'est peut-être pas totalement juste, je ne sais pas, que les historiens nous le disent, mais c'était un ajout qui m'est venu à l'esprit parce que je l'avais étudié à l'école. Mais ce que j'ai dit aux jeunes Russes, c'est d'assumer leur propre héritage, de reprendre leur propre héritage, c'est-à-dire de ne pas aller l'"acheter" ailleurs, tu comprends ? Assumer leur propre héritage. Et quel héritage ? Celui de la grande Russie : la culture russe a une beauté, une profondeur très grande, et elle ne doit pas être effacée à cause de problèmes politiques. Ils ont traversé des années sombres - politiquement - en Russie, mais l'héritage a toujours été là, disponible.
Ensuite, vous parlez de l'impérialisme. En réalité, je ne pensais pas à l'impérialisme quand j'ai dit cela, j'ai parlé de la culture, et la transmission de la culture n'est jamais "impériale", jamais ; c'est toujours un dialogue, et je parlais de cela. Il est vrai que certains impérialismes veulent imposer leur idéologie. Je m'arrête là-dessus : quand la culture est "distillée" et transformée en idéologie, c'est là que se trouve le poison. On utilise la culture, mais distillée en idéologie. Il faut faire la distinction : quand il s'agit de la culture d'un peuple et quand il s'agit des idéologies qui surgissent de tel ou tel philosophe, de tel ou tel politicien de ce peuple. Et je le dis pour tous, même pour l'Église : à l'intérieur de l'Église, parfois des idéologies s'introduisent, qui détachent l'Église de la vie qui vient de la racine et monte vers le haut ; elles détachent l'Église de l'influence de l'Esprit Saint. Une idéologie est incapable de s'incarner, c'est seulement une idée. Mais quand l'idéologie prend de la force et devient politique, elle se transforme généralement en dictature, devient incapable de dialoguer, d'aller de l'avant avec les cultures.
Et c'est ce que font les impérialismes. L'impérialisme se consolide toujours sur la base d'une idéologie. Nous devons aussi faire la différence dans l'Église entre doctrine et idéologie : la vraie doctrine n'est jamais idéologique, jamais ; elle est enracinée dans le saint peuple fidèle de Dieu ; en revanche, l'idéologie est détachée de la réalité, détachée du peuple... Je ne sais pas si j'ai répondu.

Matteo Bruni :

Merci, Sainteté. L'autre question vient de Robert Messner, de la Dpa.

Robert Messner (DPA)

Bonjour. J'ai une question concernant votre mise à jour de votre encyclique Laudato si'. Je voulais vous demander si votre engagement pour la protection de l'environnement et cette mise à jour peuvent être compris peut-être comme une démonstration de solidarité avec des groupes de militants écologistes comme "Ultima Generazione", ceux qui font des manifestations spectaculaires. Peut-on comprendre cela comme une démonstration de solidarité, et peut-être y a-t-il aussi un message dans cette mise à jour pour les jeunes militants, les jeunes qui vont dans les rues ? Merci beaucoup.

Pape François :

Un peu en général, je ne descends pas sur ces extrémistes. Mais les jeunes sont préoccupés, parce que c'est leur avenir ! Un bon scientifique italien, quand nous avons eu une rencontre à l'Académie [des sciences], a fait une belle intervention et a fini comme ça : "Je ne voudrais pas que ma petite-fille, qui est née hier, dans trente ans vive dans un monde si laid". Les jeunes pensent à l'avenir. Et en ce sens j'aime qu'ils luttent bien. Mais allons, quand une idéologie ou une pression politique s'insinue ou qu'on l'utilise à ces fins, ça ne va pas. Mon exhortation apostolique, qui sortira le jour de Saint François, le 4 octobre, est une révision de ce qui s'est passé depuis la COP de Paris, qui a peut-être été la plus fructueuse, jusqu'à aujourd'hui. Il y a quelques nouvelles sur certaines COP et certaines choses qui n'ont pas encore été résolues et il y a l'urgence de les résoudre. Ce n'est pas aussi important que Laudato si’ mais c'est faire avancer Laudato si’ sur les nouvelles choses. Et aussi une analyse de la situation.

Matteo Bruni :

Merci. Puis il y a une question du groupe linguistique français, des journalistes, Etienne Loraillère.

Etienne Loraillère (KTO TV)

Bonjour, Sainteté. Vous souhaitez une Église synodale, en Mongolie et dans le monde. L'assemblée d'octobre est déjà le fruit du travail du peuple de Dieu. Comment faire participer les baptisés du monde entier à cette étape ? Comment éviter la polarisation idéologique ? Et les participants pourront-ils parler et partager publiquement ce qu'ils vivent, pour marcher avec eux ? Ou l'ensemble du processus sera-t-il secret ? Merci.

Pape François :

Vous avez parlé de la façon d'éviter les pressions idéologiques : c'est la même chose. Dans le Synode, il n'y a pas de place pour l'idéologie, c'est une autre dynamique. Le Synode est le dialogue, entre les baptisés, entre les membres de l'Église, sur la vie de l'Église, sur le dialogue avec le monde, sur les problèmes qui touchent l'humanité aujourd'hui. Mais quand on pense de manière idéologique, le Synode se termine ! Dans le Synode, il n'y a pas de place pour l'idéologie : il y a de la place pour le dialogue, se confronter entre frères et sœurs et se confronter à la doctrine de l'Église. Et aller de l'avant. Ensuite, je veux souligner que ce Synode n'est pas mon invention : c'est Saint Paul VI, quand il a terminé le Concile Vatican II, qui s'est rendu compte que l'Église occidentale avait perdu la dimension synodale. L'Église orientale l'a. C'est pourquoi il a créé le Secrétariat du Synode des évêques, qui au cours de ces soixante années a mené la réflexion de manière synodale, avec des progrès continus, en allant de l'avant. Quand il y a eu le 50e anniversaire de cette décision de Saint Paul VI, j'ai publié, signé un document sur ce qu'est le Synode, sur ce qui s'est réalisé. Et maintenant il est allé de l'avant, il a mûri davantage, et c'est pourquoi j'ai pensé qu'il était très bon de faire un Synode sur la synodalité dans l'Église - ce n'est pas une mode, c'est une vieille chose, l'Église orientale l'a depuis toujours - : comment vivre la synodalité et la vivre en chrétien, comme je l'ai dit plus tôt, sans tomber dans les idéologies. Je ne sais pas si j'ai répondu ou s'il y avait encore quelque chose...

Etienne Loraillère

Le processus de l'assemblée sera-t-il secret ou non ?

Pape François :

Il y a une chose que nous devons préserver : le climat synodal. Ce n'est pas une émission de télévision où l'on parle de tout. Non. Il y a un moment religieux, il y a un moment d'échange religieux. Pensez que dans les interventions synodales, chacun parle trois-quatre minutes, puis il y a trois-quatre minutes de silence pour la prière. Puis trois autres, et la prière. Sans cet esprit de prière, il n'y a pas de synodalité, c'est de la politique, il y a du parlementarisme. Le Synode n'est pas un parlement. Sur le secret : il y a un département présidé par le Dr Ruffini, qui est ici, qui fera les communiqués de presse sur le déroulement du Synode. Il faut, dans un Synode, préserver la religiosité et préserver la liberté des personnes qui parlent. C'est pourquoi il y a une commission, présidée par le Dr Ruffini, qui fera l'information sur le déroulement du Synode.

Matteo Bruni :

Merci. L'autre question vient d'Antonio Pelayo, que vous connaissez bien, de Vida Nueva.

Antonio PELAYO (Vida Nueva)

Saint-Père, vous avez parlé maintenant du Synode et nous sommes tous d'accord avec vous sur le fait que ce Synode suscite beaucoup de curiosité et beaucoup d'intérêt. Mais malheureusement, il suscite aussi beaucoup de critiques, qui viennent de milieux catholiques : je veux me référer à un livre avec la préface du cardinal Burke, qui dit que le Synode est le vase de Pandore d'où sortiront toutes les calamités pour l'Église. Que pensez-vous de cette position ? Et pensez-vous que ce sera une position dépassée par la réalité ou qu'elle conditionnera le Synode ?

Pape François :

Je ne sais pas si je l'ai déjà dit quelques fois. Il y a quelques mois, j'ai appelé un Carmel : "Comment vont les moniales, mère supérieure ?" ai-je dit à la prieure qui m'a répondu. Et à la fin elle me dit - un Carmel non italien - : "Sainteté, nous avons peur avec le Synode" - "Mais que se passe-t-il ? Vous voulez envoyer une sœur au Synode ?", ai-je dit en plaisantant. Elle dit : "Non, nous avons peur que vous changiez la doctrine". C'est ce que vous dites : il y a cette idée. Mais si l'on va à la racine de ces idées, on trouvera des idéologies. Toujours, quand dans l'Église on veut attaquer le chemin de communion, ce qui attaque toujours est une idéologie. Et ils accusent l'Église de ceci ou de cela, mais jamais ils ne l'accusent de ce qui est vrai : qu'elle est pécheresse. Ils ne disent jamais : "Elle est pécheresse". Ils défendent une "doctrine", entre guillemets, qui est une doctrine comme de l'eau distillée, qui n'a aucun goût, et qui n'est pas la vraie doctrine catholique, qui est dans le Credo. C’est que souvent la vraie doctrine catholique scandalise, comme scandalise l'idée que Dieu s'est fait chair, que Dieu s'est fait homme, que la Vierge Marie a conservé sa virginité... Cela scandalise. La doctrine catholique scandalise parfois. Les idéologies sont toutes distillées, elles ne scandalisent jamais.

Matteo Bruni :

Merci, Sainteté. Peut-être faisons-nous un autre changement de garde, ici. Je demande à Cincy Wooden de venir pour l'autre question.

Cindy WOODEN (CNS)

Bonjour Sainteté. Je voudrais suivre un peu la question du confrère français sur le Synode et l'information. De nombreux fidèles laïcs ont donné beaucoup de temps, de prière, d'implication à parler, à écouter. Ils veulent savoir ce qui se passe pendant le Synode, l'assemblée. Et vous avez parlé de votre expérience du Synode sur les religieux, au cours duquel certains du Synode avaient dit "ne pas mettre cela", "mettre cela", "on ne peut pas dire cela...". Comme nous journalistes, si nous n'avons pas accès au moins à l'assemblée et aux sessions générales, comment pouvons-nous être sûrs que ce qu'on nous donne comme "bouillie" est vrai ? N'y a-t-il pas possibilité pour que ce soit un peu plus ouvert avec les journalistes ?

Pape François :

Non, c'est très ouvert, chère, c'est très ouvert ! Il y a une commission présidée par Ruffini qui tous les jours donnera les nouvelles : plus ouvert je ne sais pas, plus ouvert je ne sais pas... Et ce qui est bon c'est que cette commission sera très respectueuse des interventions de chacun, et essaiera de ne pas faire de commérages, mais de dire les choses mêmes sur le déroulement synodal qui sont constructives pour l'Église. Si quelqu'un veut que les nouvelles soient : "celui-ci s'en est pris à celui-là pour ceci ou cela...", c'est des commérages politiques. Non, la commission a une tâche non facile, c'est-à-dire dire : "Aujourd'hui la réflexion va dans cette direction, elle va comme ça", et transmettre l'esprit ecclésial, pas l'esprit politique. C'est différent d'un parlement et d'un Synode. N'oubliez pas que le protagoniste du Synode est l'Esprit Saint. Et comment transmettre cela, donc on doit transmettre le déroulement ecclésial. Mais merci, merci pour le courage de le dire.

Matteo Bruni :

Merci. Une autre question vient d'Enzo Romeo, du Tg2. Puis peut-être pouvons-nous conclure.

Vincenzo Romeo (RAI TG 2)

Bonjour Sainteté. Vous êtes le Pape des périphéries et les périphéries, spécialement en Italie et en ce moment, sont très en souffrance. Nous avons eu des épisodes qui préoccupent beaucoup, de violence, de dégradation. Par exemple, près de Naples où un prêtre, don Patriciello, vous a même invité à aller ; puis à Palerme... Voilà : que peut-on faire ? Vous visitiez les villas miserias à Buenos Aires, donc vous avez de l'expérience à ce sujet. Puis notre Présidente du Conseil est également allée visiter l'une de ces périphéries, alors, on discute beaucoup. Que peut-on faire, selon vous, que peut faire l'Église, que peuvent faire les institutions, l'État, pour surmonter cette dégradation et faire en sorte que les périphéries soient vraiment partie d'un pays ?

Pape François :

Oui, toi avec cela tu parles des périphéries, des bidonvilles... On doit aller de l'avant, aller là-bas et y travailler, comme à Buenos Aires on le faisait avec les prêtres qui travaillaient dans ces régions : c'est une équipe de prêtres avec un évêque auxiliaire à leur tête et on y travaille. Nous devons être ouverts à cela, les gouvernements doivent être ouverts, tous les gouvernements du monde. Mais il y a des périphéries qui sont tragiques. Je reviens sur une périphérie scandaleuse qu'on cherche à dissimuler : celle des Rohingya : les Rohingya souffrent, ils ne sont pas chrétiens, ils sont musulmans, mais ils souffrent parce qu'ils ont été transformés en périphérie, ils ont été chassés. Nous devons voir les différents types de périphéries ; et aussi apprendre que dans les périphéries la réalité humaine est plus évidente et moins sophistiquée, des moments moches, je ne veux pas les idéaliser, mais on perçoit mieux. Un philosophe a dit un jour quelque chose qui m'a beaucoup frappé : "La réalité se comprend mieux depuis les périphéries". Là on comprend bien la réalité. Nous devons dialoguer avec les périphéries et les gouvernements doivent faire la vraie justice sociale, la vraie justice sociale, avec les différentes périphéries sociales et aussi avec les périphéries idéologiques. Aller dialoguer là-bas, parce que souvent c'est une certaine périphérie idéologique qui provoque les périphéries sociales. Le monde des périphéries n'est pas facile. Merci.

Matteo Bruni :

Peut-être pouvons-nous conclure ici, aussi parce qu'il y a le service à bord et cela commence à être un peu turbulent. Bon travail à tous.
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Source : www.vatican.va


Points clés de cet article :

- Le Pape exprime sa satisfaction d'avoir pu rencontrer la petite communauté catholique de Mongolie et dialoguer avec la culture et l'histoire de ce pays
- Il explique que l'évangélisation doit se faire dans le dialogue avec les cultures, sans prosélytisme
- Sur les relations avec la Chine, il indique que le dialogue se poursuit, malgré quelques problèmes, notamment sur la nomination des évêques
- Concernant un éventuel voyage au Vietnam, il se dit très positif sur l'évolution des relations avec ce pays
- Interrogé sur ses propos sur la "grande Russie", il précise qu'il parlait de la richesse de la culture russe et non de l'impérialisme
- Sur la synodalité, il explique que le Synode ne doit pas être une arène politique mais un lieu de dialogue et de prière
- Il dénonce les critiques idéologiques contre le Synode et rappelle que le protagoniste est l'Esprit Saint
- Questionné sur l'information pendant le Synode, il indique qu'une commission communiquera chaque jour
- Enfin, sur les périphéries, il souligne l'importance d'aller à leur rencontre et de dialoguer, notamment avec les périphéries idéologiques.
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